Le Dictionnaire de la Soierie G-L
G
GALET, Poulie sans rainure, placée dans l'enfourchement de la vis de presse (mécanique
Jacquard)
GAREUR, C'est le mécanicien qui règle et répare les métiers à tisser
GAVASSINES, s. f. pl. partie du métier d'étoffe de soie. La gavassine est une ficelle de
moyenne grosseur, d'une aune de long, à laquelle on fait une boucle dans le milieu, pour le
passage d'une corde de bonne grosseur, qu'on appelle gavassiniere. La gavassine a deux bouts,
entre lesquels on place une petite corde qui fait partie de la gavassiniere, et qui sert à faciliter la
tireuse dans le choix du lac.
GAVASSINIERE, s. f. partie du métier d'étoffe de soie ; c'est ainsi qu'on appelle l'assemblage
d'une grosse corde et d'une petite qui descendent à côté du semple, auxquelles on enfile les
gavassines. La gavassiniere est attachée à l'arbaleste.
GANSE, (Manufact. en soie) petite poignée de gavassines auxquelles les lacs sont arrêtés, et que
la tireuse attache avec une corde. Faire les ganses, c'est arrêter la même poignée de gavassines,
afin que tous les lacs ne tombent pas sur la main de la tireuse.
GUERIDON, (Manuf. en soie) machine qui a la forme de ce meuble, mais dont le plateau est
divisé en petites cases, où l'on place les espolins qu'on est obligé d'ôter de dessus l'étoffe quand
on ne s'en sert pas.
GUINDRE, s. m. (Manufactures en soie) petites tournettes de roseau sur lesquelles on met les
écheveaux de soie à devider ; elles ont ordinairement quatorze à quinze pouces de diamêtre sur
dix pouces de hauteur.
GUIMPERIE, Profession qui consistait à enrouler la dorure autour d'une âme (fil) de soie, pour
être utilisé dans le tissage des fils d'or ou d'argent.
GROS-DE-TOURS, et GROS-DE-NAPLES, s. m. (Manufacture en soie) étoffe de soie, dont la
chaîne et la trame sont plus fortes qu'au taffetas. La différence du gros-de-Tours et du gros-deNaples consiste en ce que la trame et la chaîne de celui-ci sont encore plus fortes qu'au gros-deTours, ce qui lui donne un grain plus saillant. Il y en a d'unis, de rayés, de façonnés, de brochés
en soie, et en dorure. Ceux-ci ne different du taffetas, qu'en ce qu'au lieu de deux coups de
navette qu'on passe au taffetas entre les lacs brochés, on n'en passe qu'un ici ; mais en revanche la
trame en doit être d'autant plus grosse, n'y ayant qu'une duie ou un croisé entre les brochés, au
lieu qu'il y en a deux au taffetas. Le liage doit aussi différer. Il le faut prendre sur chaque lisse,
c'est-à-dire de 4 le 5, afin qu'à chaque coup de navette, on puisse faire baisser la lisse sur laquelle
se trouvent les fils qui doivent lier. Ainsi dans l'ordre du remettage, la premiere lisse fournira le
fil de la premiere lisse de liage ; la seconde, celui de la seconde de liage, et ainsi des deux autres.
Si l'on veut commencer à lier par la premiere lisse, pour éviter la contrariété, on fera lever la
seconde et la quatrieme au premier coup ; au second coup, où la seconde lisse de liage doit
baisser, on fera lever la premiere et la troisieme ; au troisieme coup, où la troisieme lisse de liage
doit baisser, on fera lever la seconde et la quatrieme ; et au quatrieme et dernier coup du course,
où la quatrieme lisse de liage doit baisser, on fera lever la premiere et la troisieme lisse. Il ne faut
pas oublier que dans les taffetas et gros-de-Tours façonnés ou à la tire, les fils sont doubles à
chaque maille, et passés comme dans les satins brochés ; mais comme ces étoffes levent la chaîne
moitié par moitié, et qu'il y auroit à craindre que les fils de dessous ne suivissent ceux de dessus,
ou qui levent, on a soin de mettre à ces étoffes autant de lisses, pour rabattre, que de lisses pour
lever, c'est-à-dire quatre de chaque façon ; de maniere que quand la premiere lisse et la troisieme
levent, on a soin de faire baisser la seconde et la quatrieme : ce qui fait que l'ouverture est nette et
que l'étoffe vient parfaite. Pareillement quand on fait lever la seconde et la quatrieme, on fait
baisser la premiere et la troisieme.
Voici l'armure du gros-de-Tours broché à l'ordinaire.
On fait aussi des gros-de-Tours dans lesquels on ne fait point baisser de lisses de rabat au coup de
fond : parce qu'on tire un lac qui fait une figure ordinairement delicate, et qui ne paroîtroit pas, si
on faisoit rabattre la moitié ; elle ne formeroit pour lors que le gros-de-Tours ordinaire, comme si
on ne tiroit point du-tout : au lieu que le rabat ne baissant point, cette figure embellit le fond. Il
faut pour ce genre d'étoffe une soie très-belle, afin que les fils qui ne levent point, ne suivent pas
en partie ceux qui levent. C'est la même démonstration pour le taffetas façonné que pour le grosde-Tours, avec cette différence qu'au taffetas façonné, au lieu de commencer le liage par la
quatrieme lisse, il faudroit le commencer par la premiere, afin d'éviter la contrariété des
mouvemens dont a parlé ci-dessus, et contre laquelle on ne peut trop se mettre en garde.
H
HARNAIS, Ensemble des cordes ou arcades soulevant les fils de chaîne sur les métiers de
façonnés.
HAUSSES, (terme de manufacture en soie) il y en a de deux sortes ; la hausse de carette, et la
hausse de cassin. Voyez CARETTE et CASSIN. La premiere se dit de petits coins qui servent à
élever la carette à mesure que le rouleau de l'étoffe grossit, afin que les lisses soient toûjours à
fleur de la chaîne. La seconde se dit des traverses de bois qu'on met au brancard du cassin pour
l'élever quand les semples sont trop longs. Voyez LISSES, SEMPLES et SOIE.
I
IMPANISSURE, Souillure, tâche sur le tissu ou le fil.
J
JOINTE, s. f. (Manufacture en soie) c'est une partie d'organsin devidée sur des rochets pour
nouer les fils qui cassent. La jointe est de la couleur de la chaîne ou du poil.
JOINTE, Nom des roquets et du fil de soie qu'il porte disposés çà et là à portée de main pour
réparer des fils de chaîne cassés ou écorchés.
JUMELLES, Parties montantes de la mécanique Jacquard
JUMELLES, Traverses supérieure et inférieure d’un peigne à tisser
L
LAC, (Soirie) partie du métier d'étoffe de soie. Le lac est fait d'un gros fil qui forme d'un seul
bout plusieurs boucles entrelacées dans les cordes du semple, voyez SEMPLE et SOIE, et qui
tiennent à la gavassine, voyez GAVASSINE. La poignée de boucles s'appelle le lac. Quand la
tireuse, voyez TIREUSE, amene le lac à elle, elle amene aussi toutes les cordes de semple qu'elle
doit tenir ; ces cordes sont comprises dans le lac. Voilà le lac ordinaire. Le lac à l'angloise est un
entrelacement de fil qui prend toutes les cordes du semple les unes après les autres, pour aider à
la séparation des prises quand on fait les lacs ordinaires. Le fil de lac à trois bouts, est fort ; il
arrête par l'entrelacement suivi les cordes que la liseuse a retenues avec l'embarbe, voyez LIRE et
nos Pl. de Soierie.
LAME, (Boutonnier) c'est de l'or ou de l'argent, trait fin ou faux, qu'on a battu et applati entre
deux rouleaux d'acier poli, pour le mettre en état d'être facilement tortillé ou filé sur un brin de
soie ou de fil. Quoique l'or et l'argent en lame soit presque toujours destiné à être filé sur la soie
ou le fil, on ne laisse pas que d'en employer sans être filé dans la fabrique de quelques étoffes et
rubans, et même dans les broderies, dentelles, galons et autres ouvrages semblables pour les
rendre plus riches et plus brillans.
LAMES, (Soieries) partie du battant. Ce sont, dans le métier à fabriquer des étoffes, des planches
de noyer de cinq à six pouces de large, d'un pouce d'épaisseur, pour soutenir et porter le dessus du
battant au moyen d'une mortaise juste et bien chevillée, pratiquée de chaque côté. Le dessus du
battant ou la poignée a également une mortaise de chaque côté, dans laquelle elle entre librement
pour laisser la facilité de la lever et baisser, quand on veut sortir le peigne. Voyez BATTANT. Il
y a aussi une partie qu'on appelle porte-lame. Voyez METIER EN SOIE, à l'article SOIERIE.
LAME, chez les Tisserands et autres ouvriers qui travaillent avec la navette, signifie la partie de
leur métier, qui est faite de plusieurs petites ficelles attachées par les deux bouts à de longues
tringles de bois, appellées liais. Chacune de ces ficelles, appellées lisses, a dans son milieu une
petite boucle de la même corde, ou un petit anneau de fer, d'os etc, à-travers desquels sont passés
les fils de la chaîne de la toile que l'on veut travailler. Les lames, qui sont suspendues en l'air par
des cordes passées dans des poulies au haut du métier des deux côtés, servent par le moyen des
marches qui sont en bas, à faire hausser et baisser alternativement les fils de la chaîne, entre
lesquels on glisse la navette, pour porter successivement le fil de la trame d'un côté à l'autre du
métier.
LAMETTES, s. f. (Soierie) ce sont, dans le métier de l'ouvrage en étoffes de soie, de petites
lames de bois, d'une ligne d'épaisseur, servant à soutenir les carreaux des lisses qui passent entre
les carquerons ou calquerons, et qui s'usent moins que la corde.
LANTERNE, Pièce en fer au moyen de laquelle le cylindre opère son mouvement de rotation
LAT, C'est la navette et sa duite lorsqu'elle est utilisée. Par exemple un tissu 3 lats demande
l'utilisation de 3 navettes.
LEVER LE SEMPLE, (Manufacture en soie) c'est remonter les lacs et les gavassines d'un
semple pour travailler l'étoffe.
LIAGE, fil de, (Manufacture en soie) il se dit du fil qui lie la dorure ou la soie.
LIAGE, lisse de, c'est celle qui fait baisser les fils qui lient la dorure et la soie.
LISAGE, Le lisage consiste à lire la carte du dessin et perforer les cartons Jacquard
LISÉRÉ, s. m. (Brodeur) c'est le travail qui s'exécute sur une étoffe, en suivant le contour des
fleurs et du dessein avec un fil ou un cordonnet d'or, d'argent ou de soie.
LISSES, Pour beaucoup de tisserands, les lisses sont les tiges métalliques comportant en leur
centre un maillon, et placées sur les cadres. A Lyon, on les nomme mailles alors que l'on nomme
lisses les cadres lorsque les mailles sont en fil, toutes enfilées en haut et en bas sur des règles de
bois fines nommées lisserons.
LISSES, terme de Gazier, ce sont des perles d'émail percées par le milieu, et à-travers desquelles
passent les fils de la chaîne. Chaque métier a deux têtes de lisses, et chaque tête de lisses porte
mille perles, si la gaze doit avoir une demi-aune de largeur. Mais si elle doit être plus ou moins
large, il faut augmenter ou diminuer le nombre des perles à raison de 500 perles pour chaque
quart d'aune qu'on veut donner de plus ou de moins à la gaze. Voyez GAZE.
LISSES, tête de, (terme de Gazier) qui signifie le haut des lisses dont se servent ces artisans à
l'endroit où elles sont arrêtées sur les lisserons. Voyez LISSES et GAZE.
LISSES, (Rub.) instrument servant à passer les chaînes. (Voyez PASSER EN LISSES.) Elles
sont de fil bis de Flandres, voici leur fabrique ; on tend d'abord une menue ficelle fixée en L, ou
à-l'entour de la chevillette qui en est proche ; l'autre bout portant seulement et librement sur
l'autre bout de la piece D, est tenu tendu par le poids de la pierre M ; c'est cette ficelle qui formera
la tête de la lisse ; le bout de fil de Flandres qui est contenu sur le rochet N, est attaché à cette
ficelle, au moyen de plusieurs noeuds ; en passant N dans les tours de ce fil, en I du côté A pour
revenir en B, ce fil ainsi arrêté est passé simple sur la traverse K par la main droite, et reçu par la
gauche en dessous le lissoir ; cette main le rend à la droite qui le passe à-l'entour de la ficelle L,
en commençant ce passage par-dessus, et faisant passer N à-travers une boucle formée par le
même fil, ce qui forme un noeud coulant qui s'approche du premier fait, et cela à chaque tour que
fera N ; les différens tours que l'on va continuer de même formeront la moitié de la lisse; il faut
observer que l'on met un petit bâton que l'on voit en G G, qui s'applique et est tenu contre cette
traverse dès le premier tour de fil que l'on fait sur lui ; des différens tours de fil que l'on va faire,
l'un passera sur ce bâton, et l'autre dessous, toujours alternativement, ce qui rendra ces tours
d'inégale longueur ; on fera voir pourquoi cette inégalité : ceci fait autant de fois que l'on veut et
que la lisse peut l'exiger, le bout de fil arrêté comme au commencement ; voilà la moitié de la
lisse faite, qui après cela est ôtée de dessus le lissoir pour y être remise d'abord, après avoir écarté
les traverses en distance convenable et double pour faire l'autre partie ; pour cela, la partie faite
remise sur la traverse en K K, où se place une autre personne, ordinairement un enfant qui est
assez capable pour cela ; cet enfant présente à l'ouvriere toujours placée en I I, chacun des tours
de la partie faite ; l'ouvriere reçoit ce tour ouvert avec les doigts de la main gauche, qui lui est
présenté par la droite de l'enfant, qui tient la totalité avec la gauche, observant de ne présenter que
celui qu'il faut, et suivant l'ordre dans lequel les tours ont été placés sur la ficelle ; l'ouvriere
passe le rochet N à-travers ce tour, comme on le voit en X Y, puis elle le tourne à-l'entour de la
ficelle L, comme quand elle a fait la premiere partie expliquée plus haut ; ces différens tours lui
sont aussi présentés l'un après l'autre par-dessous le lissoir pour continuer la même opération, qui
de la part de l'enfant se nomme tendre ; on entend par ce qui a été dit en haut, qu'il est tendu
tantôt un tour plus long, plus un peu plus court, parce qu'ils ont tous cette figure, et cela
alternativement, et c'est ce qui formera la diverse hauteur des bouclettes que l'on voit en H I,
l'usage en est expliqué à l'article PASSER EN LISSE ; il faut laisser la ficelle sur laquelle la
lisse est montée, excéder par chacune des quatre extrémités de la longueur de 8 ou 10 pouces, ce
qui servira à l'enlisseronner. Voyez LISSERONS. A l'égard des lisses à maillons qui sont
fabriquées de la même maniere, excepté qu'elles sont de menues ficelles au lieu de fil, voici ce
qu'il y a de particulier : tous les maillons sont enfilés dans la ficelle par la partie A, et toutes les
fois que l'ouvriere forme un tour, elle laisse un de ces maillons en-dessus ; et lorsqu'il s'agit de
former la seconde partie, à chaque tour qu'elle fait, il faut que le bout de cette ficelle ne soit pas
pour lors sur le rochet N, puisqu'il faut que le tout passe successivement par le trou B du maillon
pour être arrêté à chaque tour, comme il a été expliqué en parlant des lisses ; les hautes lisses qui
sont de ficelle, comme celles des lisses à maillon, n'ont d'autre différence de celles-là, qu'en ce
que la fonction des deux parties se fait également, c'est-à-dire, sur la même ligne ;
conséquemment les bouclettes se trouvent paralleles, comme on le voit dans la fig. A A, B B, à
l'endroit marqué C C, juste au milieu de la haute lisse, ici représentée (mais dont il faut réformer
le lisseron qui est trop grossier). Pour revenir à l'inégalité des différentes mailles de la lisse
expliquée plus haut, il faut entendre que les soies de la chaîne qui y seront passées, y sont placées
ainsi, en commençant par le premier brin ; ayant choisi les deux mailles qu'il faut, on passe le
brin de soie ou fil de chaîne dans ces deux mailles, d'abord sur la bouclette de l'une, puis sous
celle de l'autre ; de sorte que ces deux mailles font l'effet du maillon qui est de tenir la soie
contrainte de ne pas céder, soit en haussant, soit en baissant, que suivant le tirage operé par les
marches. Le contraire arrive dans les hautes lisses, auxquelles il faut des bouclettes sur le même
niveau : les rames qui y sont passées ne devant que hausser à mesure que la haute lisse qui les
contient levera, doivent y être toutes passées sur et jamais sous la bouclette, par conséquent il ne
faut qu'une maille pour une rame ; mais les soies de la chaîne devant hausser et baisser, doivent
nécessairement être passées chaque brin dans deux mailles de la lisse, pour être susceptibles de ce
double mouvement.
LISSES, (Manufact. en soie) ce sont des boucles de fil entrelacées, dans lesquelles on passe les
fils de la chaîne pour les faire lever ou baisser ; il y en a de diverses sortes. Les lisses à grand
colisse servent à passer les fils de poil dans les étoffes riches. Elles sont composées d'une maille
haute et d'une maille basse alternativement, de façon que le colisse a environ 3 pouces de
longueur. L'action de ces lisses est de faire baisser ou hausser le fil, selon que l'ouvriere l'exige.
Les lisses à petit-colisse, sont à petites boucles, arrêtées par un noeud ; elles ne servent qu'aux
étoffes unies. On donne le même nom à celles dont la maille est alternativement, l'une sur une
ligne plus basse que l'autre, afin que les fils disposés sur une hauteur inégale, ne se frottent pas,
comme il arriveroit s'ils étoient sur une même ligne. Les lisses de rabat, ce sont celles sous la
maille desquelles les fils sont passés pour les faire baisser. Les lisses de liage, ce sont celles sous
lesquelles les fils qui doivent lier la dorure dans les étoffes sans poil, sont passés pour les faire
baisser.
LONGUEUR, Partie de la chaîne sur le métier, située entre le rouleau arrière et le corps de
remisse.
LOQUETS, Crochets servant à faire opérer la rotation du cylindre
LUNETTE, Accessoire permettant de suspendre les cannes d'enverjure durant le remettage
LUSTRAGE, s. m. (Manuf. en soie) machine composée d'un chassis fort, à la traverse duquel et
d'un côté sont deux crochets fixes ; d'une écroue de deux pouces de diametre attachée à une
grande roue, dans laquelle entre une vis de pareille grosseur, dont la tête traverse une coulisse
mouvante, à laquelle sont fixés deux autres crochets vis-à-vis des deux autres, et de deux boulons
de fer polis et tournés qu'on place dans les deux crochets de chaque côté. Cet assemblage sert à
lustrer la soie, et sur-tout la grosse. Pour cet effet, on prend une quantité d'echevaux de soie
teinte, qu'on met autour des boulons entre les deux crochets ; on a l'attention de les bien égaliser.
Puis on tourne la roue qui, au moyen de l'écroue, tirant la coulisse et la vis, donne une si forte
extension à la soie, qu'elle en augmente le brillant. On laisse la soie tendue pendant un certain
tems, après quoi on la leve pour en mettre d'autre.
LUSTRINE, s. f. (Manufacture en soie) espece d'étoffe dont on connoîtra suffisamment la
qualité, d'après ce que nous en allons dire. On distingue plusieurs sortes de lustrine. Il y a la
lustrine à poil, la lustrine sans poil, la lustrine courante, et la lustrine rebordée ou liserée et
brochée. De la lustrine sans poil. Quoique cette étoffe ne soit guere de mode aujourd'hui,
cependant comme elle peut revenir, et qu'il s'en fabrique chez l'étranger, il ne sera pas inutile d'en
donner une idée ; elle se fabrique à douze lisses, huit de satin, quatre de liage, et quatre de
rabat. Voy. les articles LISSES et SATIN. On entend par le rabat quatre lisses dont les fils sont
passés sous la maille, comme au liage, avec cette différence, qu'à la premiere et à la seconde lisse,
les fils sont passés sous la premiere lisse de rabat, et qu'à la troisieme et quatrieme ils sont passés
sous la seconde lisse de rabat ; à la cinquieme et sixieme, sous la troisieme ; et à la septieme et
huitieme, sous la quatrieme ; de maniere que les quatre lisses contiennent tous les fils de huit
lisses de satin. Par cette distribution on se propose d'exécuter sur cette étoffe une figure qui imite
exactement le gros-de-Tours. Pour cet effet, la soie qui est tirée aux deux coups de navette de la
premiere et seconde marches, est abaissée moitié net par deux lisses de rabat qu'on a soin de faire
baisser sur chacun des deux coups qui sont passés sous la premiere et seconde marche, où il n'y a
plus de liage par rapport au rabat ; observant de faire baisser les mêmes lisses sous la premiere et
seconde marche, qui sont la premiere et la troisieme de rabat ; sous la troisieme et quatrieme
marche, la seconde et la quatrieme de rabat ; sous la cinquieme et sixieme, la premiere et la
troisieme ; enfin sous la septieme et la huitieme, la seconde et quatrieme, en se servant d'une
seule navette pour aller et venir chaque coup, et la trame de la couleur de la chaîne. De la lustrine
courante. Si la lustrine est courante, à une seule navette, il ne faut que huit marches : si c'est à
deux navettes qui fassent figures, comme aux satins en fin, il en faut douze ; et si elle est brochée
et à deux navettes, il en faut seize et pas plus. Armure d'une lustrine à une seule navette. Armure
d'une lustrine courante à deux navettes seulement, c'est-à-dire rebordée et liserée. On voit par
cette démonstration, que la premiere et seconde marche ne font baisser que deux lisses de rabat ;
la troisieme, une seulement de liage, pour arrêter la soie de couleur qui doit faire la figure ; la
sixieme, la seconde de liage ; la neuvieme, la troisieme de liage ; et la douzieme, la quatrieme de
liage. Il faut observer à l'égard du rabat, que si l'on faisoit baisser aux deux premiers coups de
navette la premiere et la seconde lisse de rabat, on feroit baisser quatre fils de suite, ce qui seroit
défectueux dans la figure lustrinée, par le vuide de ces quatre fils baissés ; au lieu qu'en faisant
baisser la premiere et la troisieme, il ne peut baisser que deux fils en une seule place, et deux
levés par la tire ; et qu'un fil double ou deux fils ensemble, comme les fils passés sous le rabat,
levant et baissant alternativement, forment le grain de gros-de-Tours. Armure d'une lustrine
rebordée ou lisérée et brochée. On donne le nom de liserée à une étoffe dont une navette fait une
figure dans le fond, avec la soie arrêtée par le liage, et lorsque cette figure est grande, et forme un
ornement ou feuillage ; mais lorsque la figure ne compose qu'une espece de trait qui environne
des figures plus grandes, ou une tige dont les feuilles sont différentes, alors on dit qu'elle est
rebordée. De la lustrine à poil. On en fabrique peu aujourd'hui ; c'est cependant la plus belle et la
plus délicate de toutes les étoffes riches. Elle est ordinairement composée de quatre-vingt-dix
portées de chaîne, et de quinze de poil, de la couleur de la dorure. Les poils dont on parlera dans
les étoffes riches, ne servent qu'à lier la dorure et l'accompagnage. On donne le nom
d'accompagnage à trois ou quatre brins de la plus belle trame, qui sont passés sous les mêmes
lacs de la dorure qui domine dans l'étoffe. Cet accompagnage est arrêté par deux lisses de poil qui
doivent baisser quand les lacs de dorure sont tirés. Des deux lisses qui baissent pour
l'accompagnage, on doit avoir soin de choisir celle qui doit lier la dorure quand le coup est passé,
et celle qui doit la lier le coup suivant : les lisses qui contiennent le poil dans les étoffes riches,
doivent être toutes à grand colisse, c'est-à-dire à mailles doubles, une pour faire lever le fil, et
l'autre pour le faire baisser. Le colisse aura deux pouces et demi de longueur et plus, afin que le
fil ne soit point arrêté par la tire. Enfin les lisses doivent être attachées de maniere à faire
successivement l'opération des lisses de fond et des lisses de rabat. Voyez ARMURE. La chaîne
satin, et quatre de rabat, et le poil sur quatre lisses à grand colisse qui servent de liage à la dorure
et à la soie. C'est pourquoi il doit être de la couleur de la dorure. L'armure de la lustrine pour la
chaîne, est semblable à celle de la lustrine sans poil, pour les huit lisses de satin ; à l'égard du
rabat, il ne baisse que sur le premier coup de lustrine ; le second coup de navette est la rebordure,
et le troisieme coup qui est celui d'accompagnage, leve une lisse de satin, qui est la deuxieme
pour le premier coup. Pour le poil, la premiere marche leve les trois lisses, et laisse celle qui doit
lier la dorure ; la seconde pour la rebordure, ne leve que deux lisses de poil, et baisse celle qui
doit lier la soie et la dorure, afin que ce coup soit lié. Elle laisse celle qui doit baisser le coup
suivant, à l'accompagnage, pour ne la pas contrarier, et ainsi des autres. Avant que de donner
l'armure, il faut se souvenir que l'on n'a marqué que les lisses de poil, pour lever et pour baisser,
leur fonction étant pour l'un et l'autre ; que, quoique les lisses de rabat soient marquées O,
cependant c'est pour baisser, leur fonction ne s'étendant pas à un autre jeu ; il en est de celles du
fond pour lever, comme de celles de rabat pour baisser ; que ceci doit s'entendre des lisses de
fond et de rabat, en quelqu'endroit qu'il en soit parlé ; et que toutes les autres lisses marquées O
doivent lever, et les autres marquées * doivent baisser, et que les branches ne levent ni ne
baissent dans le poil. Armure d'une lustrine à poil. On voit par cette démonstration, que la
premiere marche leve la premiere de satin, fait baisser la deuxieme et quatrieme de rabat ; fait
lever les trois premieres de poil, et laisse en l'air la quatrieme qui doit lier la rebordure, les soies
et la dorure. Que la seconde marche leve la premiere et la seconde de poil, fait baisser la
quatrieme pour lier la soie ; qu'elle passe et laisse en l'air la troisieme qui doit baisser au coup
d'accompagnage suivant. Que la troisieme leve selon l'ordre et l'armure du satin. Que la
quatrieme baisse la quatrieme et la troisieme de poil, et leve la premiere et la seconde. Que la
quatrieme leve la septieme de chaîne ou de satin, baisse la premiere et la troisieme de rabat, leve
la premiere, la seconde, et la quatrieme de poil, et laisse en l'air la troisieme qui doit lier.
Que la cinquieme leve la premiere et la quatrieme de poil, baisse la troisieme, et laisse en l'air la
deuxieme qui doit baisser au coup d'accompagnage suivant. Que la sixieme leve la deuxieme de
satin, baisse la deuxieme et la troisieme de poil pour accompagner, et leve la premiere et la
quatrieme. Que la septieme leve la cinquieme de satin, baisse la deuxieme et la quatrieme de
rabat, leve la premiere, la quatrieme et la troisieme de poil, et laisse en l'air la deuxieme qui doit
servir au liage. Que la huitieme leve la troisieme et la quatrieme, baisse la deuxieme qui doit lier,
et laisse en l'air la premiere qui doit accompagner au coup qui suit. Que la neuvieme leve la
huitieme de satin, baisse la premiere et la deuxieme de poil pour accompagner, leve la troisieme
et la quatrieme. Que la dixieme leve la troisieme de satin, baisse la premiere et la troisieme de
rabat, leve la deuxieme, la troisieme, et la quatrieme de poil, et laisse en l'air la premiere qui doit
lier au coup qui suit. Que la onzieme leve la deuxieme et la troisieme de poil, baisse la premiere,
et laisse en l'air la quatrieme qui doit accompagner au coup suivant. Que la douzieme enfin leve
la premiere de satin, la deuxieme et la troisieme de poil, et baisse la premiere et la quatrieme pour
accompagner. Tous les trois coups de navette passés, on baisse une marche de liage, pour
brocher. On voit que la lisse qui baisse à chaque coup, est la même qui étoit en l'air au coup de
lustrine, et qui baisse seule au coup de rebordure. On met ordinairement un quinze de peigne aux
lustrines, ce qui fait douze fils par deux ; et quand on met un dix-huit de peigne, il faut un poil de
dix-huit portées, ce qui fait dix fils par deux, et tout les cinq fils de chaîne un fil de poil. La
lustrine a un beau satin, un beau gros-de-Tours figuré, et une belle dorure par l'accompagnage.
Il est évident par cette armure que le mouvement du poil à l'accompagnage, est précisément celui
du raz-de-saint-Maur, ou du raz-de-saint-Cyr ; et comme tous les accompagnages sont les mêmes
dans les étoffes riches, excepté celles qui sont liées par la corde ou la découpure, dont
l'accompagnage doit toujours être armé en taffetas ou gros-de-Tours ; nous nous servirons du
terme de raz-de-saint-Maur, pour le mouvement des lisses, le même que celui de la serge, quand
elle n'a que quatre lisses.