Les ourdissoirs mécaniques se construisent avec des dispositifs trés variables dépendant du travail qu'on leur demande. Les constructeurs cherchent surtout à établir des ourdissoirs universels sur lesquels il est possible d'ourdir toutes les matières et les différentes dispositions de chaîne. Ces ourdissoirs sont munis d'une quantité de dispositifs perfectionnés que l'on peut rapidement utiliser, régler ou immobiliser suivant le cas afin d'obtenir un meilleur travail en rapport au genre de tissu à traiter et le maximum de rendement.
Les différents dispositifs et particularités que l'on rencontre dans les ourdissoirs pour soieries lyonnaises sont :
Bâti : Le bâti des ourdissoirs mécaniques est en fonte. Il est généralement composé de 2 pieds ou cotés maintenu par des entretoises, les dimensions sont subordonnées à celle du tambour, et ses formes aux constructeurs ainsi qu'aux différents organes dont ils sont munis.Tambour : Le tambour se place horizontalement, sa circonférence est variable, elle peut être de 2m50, 3 m, 4 m et même de 5 m, sa longueur est également trés variable et dépend de la largeur des chaînes à ourdir. Le tambour est composé d'un arbre qui porte 3 ou 4 volants en fonte autour desquels sont fixées à intervalles réguliers les traverses de bois. A ses deux extrémités le tambour porte généralement un grand cercle en fonte dont l'un sert à son entrainement pour l'ourdissage et l'autre au freinage pour le pliage. A un point déterminé du tambour et entre deux traverses se trouve une tringle de fer portant des crochets après lesquels se fixe le début des mises, à l'une des extrémités du tambour (coté où commence l'ourdissage) se trouve dans certains cas sur les barreaux des cônes réglables de forme trés variée dont le but est de relever la première mise à l'inclinaison des suivantes lorsque les matières à ourdir sont grosses et forment une grande épaisseur sur le tambour.
Peigne de mise et chariot guide mise : Les fils venant de la cantre après avoir traversés le peigne envergeur passent dans un petit peigne de réduction variable et dont le but est de conduire et placer les fils exactement dans la largeur qu'ils doivent avoir sur le tambour. Ces peignes sont de constructions diverses, les plus employés sont des peignes ordinaires de 7 à 10 cm de largeur sur 12 environ de hauteur, il se construit également des peignes extensibles et des peignes dits à éventail permettant de varier la largeur de mise pour un même nombre de de fils sans avoir à repiquer au peigne c'est à dire permettant la mise en largeur trés rapideet trés exacte des fils formant la mise. Le chariot porte peigne de mise est simplement composé d'une plaque de fonte qui glisse sur une partie trés droite du bâti située près du tambour, il porte également dans beaucoup de cas un petit rouleau de renvoi sous lequel passent les fils avant de s'enrouler sur le tambour. Le déplacement du chariot est automatique, il varie suivant la grosseur des matières et la longueur des chaînes, son déplacement peut varier suivant les cas de 5 à 25 mm pour 100 m de fil enroulés sur le tambour.
Compteur : Tous les ourdissoirs mécaniques sont munis d'un compteur qui arrête automatiquement la marche de l'ourdissoir lorsque la chaîne a atteint une longueur déterminée, les compteurs sont prévus généralement pour 1000 m avec arrêt automatique et facultatif tous les 5 m et sonnerie pour les envergeages supplémentaires.Pliage mécanique :
Le pliage s'effectue sur l'ourdissoir, la chaîne étant en largeur sur le tambour, le rouleau ou ensouple se place dans 2 douilles situées du coté opposé à l'ourdissage. L'une de ces 2 douilles munie d'un tourrillon qui pénètre dans le rouleau est commandé dans les engrenages pour produire l'entrainement du rouleau. Lorsque l'extrémité de la chaîne est fixée au rouleau il suffit de mettre l'embrayage du pliage en marche pour enrouler la chaîne, en ayant soin de placer des cartons à des intervalles déterminés comme dans le pliage à bras.
Certains ourdissoirs possèdent un dispositif permettant de redresser l'inclinaison des mises données à l'ourdissage afin que les tours de chaîne s'enroulent bien uniformément. Dans d'autres ourdissoirs la chaîne passe sur un rouleau guide animé d'un mouvement de va et vient qui dirige la chaîne avec un déplacement de 2 à 3 cm sur l'ensouple.
Ourdissage mécanique
Les cantres employées dans l'ourdissage mécanique sont de formes et de dispositions trés diverses, le nombre de broches qu'elles peuvent recevoir varie avec le genre de matière à traiter, il est généralement suivant le cas de 400 ou 800 broches, quelques fois même de 1000 broches. Les cantres sont ordinairement montées sur un chariot mobile rendant facile leur déplacement et la mise au point.
A - Cantres inclinées :
Dans les cantres inclinées les broches sont fixes et disposées en lignes parallèles obliques sur des traverses de bois assemblées à un cadre rectangulaire monté sur un chariot en fonte. Cette disposition des broches est nécéssaire pour le déroulage régulier des fils qui viennent derrière la cantre et passent après les avoir traversé un autre peigne sur une barre de verre ou un rouleau qui place les fils sur une nappe horizontale facile à surveiller et possible à remonder.
Ce système de cantre se recommande pour l'ourdissage des chaînes poil des tissus velours, chaînes qu'il est nécessaire de remonder avant tissage pour obtenir une plus grande production.
Les cantres inclinées se construisent généralement pour roquets ou bobines grosses. Le nombre de broches est généralement de 400. Elles se font aussi avec ou sans support de peigne envergeur. Lorsque le peigne envergeur n'est pas porté par la cantre il est monté sur le chariot guide mise de l'ourdissoir.
L'emploi de ces cantres dépend également qui, malgré qu'elles sont fixes peuvent être grosses et nues et garnies d'un fuseau ou tuyau de bois formant pivot, les grosses broches recoivent directement les roquets et donnent une grande résistance au déroulage, elles sont utilisées pour l'ourdissage de grosses matières telles que la schappe, le coton monté ou certains gros fils de soie écrue.
Les broches munies de fuseaux à pivot, dispositif qui diminue beaucoup la résistance des frottements sont utilisées avec avantage pour l'ourdissage des matières moins résistantes que la schappe telles que les soies cuites.
B - Cantres verticales :
Les cantres verticales sont de formes trés diverses, le ratelier affecte généralement une forme parabolique ou la forme d'un V. Le nombre de broches dépend des matières et des articles, il est généralement de 400 pour les fils sur roquets et de 800, voire même 1000 pour les fils sur bobines. Les broches pour roquets peuvent être fixes avec fuseau bois ou sans fuseau ou encore mobiles, les broches mobiles s'emploient le plus souvent pour les matières cuites ou tendres, elles sont supportées d'un coté par une crapaudine et de l'autre par un crochet d'acier. Dans ce dernier cas de dispositif les frottements sont nuls. Les broches des cantres de 800 bobines sont généralement fixes.
Les cantres droites sont également montées sur un chariot porte peigne envergeur, dans celles de 800 bobines et pour certains fils montés trés tordus on interpose entre la cantre et le peigne envergeur une planche à collet, chaque fil passe dans un oeillet de porcelaine, ce dispositif évite aux fils qui relachent et s'embrouillent dans les autres.
Dans l'ourdissage des grèges où l'on recherche surtout la production intensive, on utilise généralement des cantres de 800 bobines, l'avantage est de permettre à l'ouvrière l'ourdissage de 800 fils à la fois.
Lorsque la soie est plus délicate ou de plus grande valeur, la cantre de 400 roquets est préférable, l'ouvrière étant sollicitée à faire un travail plus soigné que rapide.
Les cantres à broches mobiles ont l'avantage de nécessiter moins d'effort aux fils pour provoquer le déroulage des roquets et permettent alors sans risque de rupture trop nombreuses d'ourdir un peu plus vite à condition cependant que la nature et la résistance de la soie ne s'y oppose pas.
Pour les ourdissoirs à petit tambour on emploie de préférence les cantres inclinées relativement peu hautes tandis que pour les ourdissoirs on utilise plus souvent les cantres droites qui sont plus hautes.
Peigne envergeur :
Dans l'ourdissage mécanique l'envergeage de la pièce ne se fait pas avec les doigts en choisissant les fils un à un comme dans l'ourdissage à bras, il est obtenu à l'aide d'un peigne spécial appelé pour cela peigne envergeur.
Ce peigne est d'une construction particulière et présente 2 genres de dents : les dents impaires par exemple sont libres sur toute leur hauteur tandis que les dents paires sont garnies de soudure à leur partie supérieure et inférieure dans le but de limiter le déplacement des fils qui y sont placés.
Le nombre des dents des peignes envergeurs est nécessairement égal à celui des broches de la cantre, ils se construisent en outre chaîne simple avec une dent libre une dent soudée, chaîne double avec 2 dents libres 2 dents soudées, etc...
Tous les fils venant de la cantre passent ordinairement au dessous et dessus des cannes de verre dont le but est de les ramener sur un plan horizontal puis ils traversent le peigne envergeur et se dirigent vers le petit peigne de mise qui les conduit sur le tambour de l'ourdissoir.
Cours de tissage pratique
Ecole municipale de tissage de LyonProfesseur A.CREPT - Année 1912-1913
Le cours manuscrit a été recopié par nos soins.Ce cours de tissage sur métiers lyonnais à bras a été utilisé jusque dans les années 1980.