Le Dictionnaire de la Soierie

Le but de ce Dictionnaire de la Soierie est de réunir le plus grand nombre de termes
dont la plupart sont aujourd’hui égarés, dénaturés ou bien encore ont changé de
signification au cours des siècles. Nous n’avons aucune prétention d’exhaustivité et
mettons simplement à la disposition des chercheurs et autres exégètes un outil
destiné à leur faire gagner du temps. Nous espérons aussi que notre contribution
puisse aider à la conservation d’un jargon parmi d’autres. Notre quête consiste à
rechercher les termes dans des documents de toutes époques et de leur adjoindre
une ou plusieurs définitions. Il est à noter que de nombreuses définitions sont en
vieux français, avec des orthographes qui n’ont plus cours de nos jours.

A
ACCOMPAGNAGE, s. f. terme de Soierie, trame fine de même couleur que la dorure dont
l'étoffe est brochée, servant à garnir le fond sous lequel elle passe, pour empêcher qu'il ne
transpire au-travers de cette même dorure, ce qui en diminuerait l'éclat et le brillant. Toutes les
étoffes riches dont les chaînes sont de couleur différente de la dorure, doivent être accompagnées.
ACOCATS, s. m. pl. (Soierie.) Ce sont deux liteaux de 50 cm de longueur environ, et de 3 cm
d'épaisseur, taillés en dents faites en V. à leur partie supérieure : ils servent à porter une traverse à
laquelle le battant est suspendu ; et au moyen des entailles qui sont dans leur longueur, on peut
avancer ou reculer le battant, selon que le travail l'exige. Les acocats sont attachés au-dedans du
métier aux deux estases, parallelement l'un à l'autre. Les dents en V des acocats aident
suffisamment à fixer le battant dans l'endroit où il est placé, pour qu'on ne craigne pas qu'il se
dérange en travaillant.
ACCOCAS, Crémaillières en bois de noyer, fixées horizontalement aux flancs des estases du
métier lyonnais et auxquelles est suspendu le porte-battant. Permet un réglage en avant ou en
arrière de la position du battant.
AGNOLET, Petit tube de verre placé dans le trou de sortie du fil de la canette sur le flanc de la
navette. Il sert à éviter le frottement du fil de trame sur le bois de la canette. Expression : Siffler
le bout = attirer au moyen d'une forte aspiration de la bouche, le bout (fil) de la canette au travers
de l'agnolet.
AIGUILLE, Petite tige de métal repoussant le crochet de la mécanique lorsqu'elle est elle même
repoussée par le carton non percé (laissé).
AIGUILLES. Ce sont, dans les Manufactures en soie, des filets de plomb de 20 à 30 cm de
longueur, attachés aux mailles de corps pour tenir les cordes de sample et de rames tendues, et la
soie de la chaîne baissée. Il y a des aiguilles de demi-once, plus ou moins, dans les métiers à la
petite tire. Quant au nombre qu'il en faut pour chaque métier, voyez l'article VELOURS ciselé,
auquel nous avons rapporté la plupart des autres étoffes.
ALEIRON. Levier servant à faire mouvoir les lisses
ALEXANDRE (bobine), Tube en carton servant de support de fil.
ALLONGE, nom des roquets et du fil de soie qu'ils portent disposés çà et là à portée de main
pour réparer des fils de chaîne cassés ou écorchés.
AME, Les fils précieux d'or ou d'argent sont composés d'une lame de métal enroulée sur une âme
(fil de soie).
ANNELET, (voir agnolet) Petit anneau de verre ou de métal, fixé sur le devant de la navette et
dans lequel passe le fil de trame
APPLATISSOIR baguette servant à l’enverjure ou à l’entaquage de l’étoffe ou de la chaîne
APPOND, Brin servant d'allonge
APPONSE, réunion de l’appond à un brin, au moyen d’un ou plusieurs nœuds
APPRETS, opérations complémentaires auxquelles les étoffes sont soumises après tissage, selon
leur nature et leur qualité
ARBRE DE COUCHE, tringle de fer garnie d’une poulie et d’un manchon, moteur principal de
la mécanique Jacquard (voir bascule de mécanique)
ARCADE (Jacquard), Ficelle de lin commandant la levée des fils dans un tissu façonné. L'arcade
(ou corde) est reliée au crochet de la mécanique.
ARCADE, c'est, dans les Manufactures de Soierie, une ficelle de la longueur de cinq piés pliée
en deux, bouclée par le haut, ou du moins arrêtée par un nœud en boucle ; c'est dans cette boucle
qu'on passe la corde de rame : quant aux deux bouts, ils se rendent dans des planches percées
qu'ils traversent, et servent à tenir les mailles de corps qui leur sont attachées ; c'est par le moyen
de l'arcade que le dessein est répété dans l'étoffe ; elle se passe de deux façons, à pointe et à aile
ou à chemin. L'arcade se passe à pointe pour les dessins à symétrie et à deux parties également
semblables, placées l'une à droite et l'autre à gauche ; elle est à aile ou à chemin, lorsque le
dessein ne peut se partager en deux parties égales et symétriques sur sa longueur. Il faut observer
que dans les desseins qui demandent des arcades à pointe, l'extrémité d'une fleur se pouvant
trouver composée d'une seule corde qui tireroit les deux mailles jointes ensemble, elle formeroit
un quarré ou une découpure trop large, proportionnellement aux autres mailles qui sont séparées,
et qui contiennent neuf à dix fils chacune. Pour éviter ce petit inconvénient, on a la précaution de
ne mettre dans chacune des deux mailles qui se joignent à la pointe, que la moitié des fils dont les
autres sont composées, afin que le volume des deux ne fasse que celui d'une ; ce qui s'appelle en
terme de l'art, corrompre le course. Voy. VELOURS CISELE.
ARMOISIN, s. m. (manufacture de soie.) c'est le nom d'un taffetas extrèmement mince, qui se
fabrique en Italie, mais surtout à Florence. Voyez pour la fabrication des taffetas, l'article
TAFFETAS.
APPAREILLER le corps, les arcades, les semples, etc. dans les Manufactures de soie ; c'est
égaliser toutes les parties dont sont composés les corps, les arcades, les semples, etc. demanière
qu'elles soient toutes de niveau, et que l'une ne soit pas plus haute que l'autre. Voyez à l'article
VELOURS CISELE, la nécessité de cette attention.
ARBALETE, s. f. dans les Manufactures en soie, on distingue trois sortes d'arbalètes. L'arbalète
du battant, qui n'est autre chose qu'une corde doublée au-haut des deux lances du battant, et
tordue avec une cheville à laquelle on donne le nom de valet. Cette corde sert à tenir la poignée
du battant solide, et à l'empêcher de remonter ou de badiner sur le peigne. Voyez VALET et
BATTANT.
Arbalète des étrivières ; c'est une corde passée à chaque bout des lisserons de rabat, à laquelle on
attache les étrivières pour faire baisser les lisses. Voyez LISSES, LISSERONS et
ÉTRIVIERES.
Arbalète de la gavassiniere ; c'est une grosse corde à laquelle la gavassiniere est attachée. Voyez
GAVASSINIERE.
ARMURE, Figure conventionnelle montrant le jeu de la chaîne avec la trame. Cette figure,
encore appelée Mise en carte, Patron, ou Bref, est faite sur papier quadrillé dit de mise en carte.
ARQUET, Petit ressort fixé à la pointizelle. La pression de l'arquet a pour but d'empêcher la
canette de se dérouler trop vite et donc de maintenir une certaine tension à la trame.
ARRETAGE, Se dit de la délimitation exacte d'un dessin, dans l'exécution de la mise en carte
ASPLE, s. m. On donne ce nom dans les manufactures en soie, et chez les ouvriers qui
conduisent les moulins à tordre le fil ou la soie, à un tambour, semblable à celui d'un dévidoir, sur
lequel le fil ou la soie forment des écheveaux, en se dévidant de dessus les bobines sur ce
tambour. Ce tambour a quinze pouces ou environ de circonférence, et il est construit de manière
que les tringles longitudinales qui forment sa circonférence peuvent s'écarter ou s'approcher de
l'axe du mouvement, ou de l'arbre de l'asple ; par ce moyen, les échevaux sont plus ou moins
grands à discrétion. Ce méchanisme est surtout essentiel dan sles moulins à tordre la soie. Il est
certain que l'asple dans ces machines, dont il est partie, faisant tous ses tours en tems égaux,
moins il aura de diametre, moins la quantité de fil ou de soie devidée dans un tour de l'asple de
dessus les bobines sur la circonférence de l'asple, sera grande ; et plus par conséquent elle sera
torse : et au contraire, plus le diametre de l'asple sera grand, plus la quantité de soie qui passera
dans un tour de l'asple des bobines sur la circonférence de l'asple sera grande, et moins elle sera
torse. Mais il y a un inconvénient singulier à tous les asples, et qui rend le tors du fil et de la soie
variable ; c'est qu'à mesure que l'écheveau se forme sur l'asple, l'épaisseur de cet écheveau
s'ajoûte au diametre de l'asple; et à mesure que cette épaisseur augmente, en même proportion il
y a dans un tour de l'aspleplus de soie devidée de dessus les bobines sur la circonférence de
l'asple sur la fin, qu'au commencement de la formation de l'écheveau : d'où il s'ensuit que la soie
est moins torse à lafin qu'au commencement, et dans tout le tems de la formation de l'écheveau.
Les Piémontois,et en général tous les mouliniers en soie, ont bien senti cet inconvénient ; et ils
n'ont jusqu'àprésent rien imaginé de mieux, que de faire des écheveaux extrèmement legers.En
effet, ce qu'ils appellent un matteau de soie pese environ deux onces, et le matteau contient huit
écheveaux. Il est constant que moins l'écheveau pesera, moins il aura d'épaisseur sur l'asple, et
plus le tors approchera de l'égalité : mais le tors ne sera pourtant jamais parfaitement égal ; car
l'écheveau aura toûjours quelqu'épaisseur.C'est ce que M. de Vaucanson a bien senti, et ce que
j'avois remarqué comme lui. Je ne sais point encore comment ce savant méchanicien a remédié à
cet inconvénient : quant à moij'avois pensé plus d'un an avant qu'il lût son mémoire à l'Académie,
qu'outre la précaution des Piémontois de faire des écheveaux très-légers, il falloit encore donner
un mouvement deva-et-vient horisontal à la tringle à travers laquelle passent les fils au sortir de
dessus les bobines, et qui les conduit sur l'asple ; par ce moyen les fils se trouvant répandus sur
une plus grande lisiere ou zone de l'asple, l'épaisseur des écheveaux seroit encore moindre, et le
torsplus égal. Quant à l'autre défaut du moulin, qui naît de l'irrégularité du mouvement des
fuseaux, j'avois pensé, il y a plus de quinze mois, à y remédier avec des pignons à dents, et une
chaîne ; et M. Goussier en avoit dessiné la figure selon mes idées. J'ai montré cette figure depuis
à quelques personnes qui ont entendu la lecture du mémoire de M. de Vaucanson, et à d'autres
qui ont vû sa machine ; et les unes et les autres m'ont assûré que nous nous étions rencontrés
exactement dans le même méchanisme ; avec cette différence que mes fuseaux sont ajustés de
maniere qu'on peut les placer et les déplacer sur le champ sans aucun inconvénient, et avec toute
la promptitude qu'on peut desirer : mais en revanche, je n'avois pas imaginé, ainsi que l'a fait M.
de Vaucanson, de faire avertir par une sonnerie appliquée à chaque bobine celui qui est au
moulin, que la bobine est finie, et qu'il en faut mettre une autre.
B
BALLOT, Petit poids de plomb accroché à une ficelle enroulée dans la gorge des bobines de
velours pour freiner cette dernière.
BALLOT, Synonyme de balle de soie
BANQUE, partie du bois de métier d'étoffe de soie. C'est un plateau de noyer de deux pouces
environ d'épaisseur, d'un pié de largeur, et deux piés de long ; dans lequel est enclavé le pié de
devant le métier ; ce plateau sert à reposer les navettes pendant que l'ouvrier cesse de travailler, et
il retient le tenant de l'ensuple de devant. Voyez à l'article VELOURS cizelé, l'explication
détaillée des pieces du métier.
BANQUETTE, partie du métier d'étoffes de soie ; la banquette est un morceau de bois de 6
pouces de large et d'un pouce d'épaisseur ; il sert à l'ouvrier pour s'asseoir quand il veut travailler
; il fait entrer chaque bout de sa banquette dans l'oreillon cloué à cet effet au pié de devant le
métier. Il seroit mieux que l'oreillon ou porte-banquette ne fût point cloué, mais qu'il fût à
coulisse, pour que l'ouvrier le haussât ou baissât suivant sa taille ; il seroit encore à-propos qu'il
pût avancer ou reculer la banquette.
BARBIN, Guide-fil en verre, en porcelaine ou en acier, appelée communément queue de cochon.
BARLINS, s. m. c'est, dans les manufactures en soie, le nom d'un nœud qu'on fait au
commencement et à la fin des pieces pour les tordre, nouer ou remettre. Voyez TORDRE et
REMETTRE.
BOUTONS, se dit aussi, dans les Manufactures de soie, des petites boules de bois traversées de
ficelles, qui se rendent au rame, et qui tiennent lieu de semple dans les ouvrages à la petite tire.
Voyez RAME, SEMPLE, et PETITE-TIRE.
BRASSÉE DE SOIE, (terme de Fabrique des étoffes de soie) La brassée de soie est composée
d'autant de brins de soie qu'il y a de rochets à la cantre. Le terme de brassée n'est en usage que
pour l'ourdissage des chaînes : mais on se sert par-tout du terme de portée. La portée ordinaire est
de 80 fils.
BASCULE (de rouleau), Système de frein de rouleau permettant de régler la tension de la
chaîne. Il en existe plusieurs types : bascule romaine, à besace, à savoyard, montante...
BASCULE (de mécanique), Barreau de fer de section carrée comportant à une extrémité la
poulie de bascule reliée par une corde de chanvre à la marche et à l'autre extrémité un manchon
de bois et une courroie comportant un crochet métallique pour soulever la caisse de la mécanique.
BATTANT, Pièce mobile supportant le cylindre de la mécanique Jacquard
BATTANT, Pièce en bois dur, généralement du noyer, mobile et suspendue à la traverse portebattant. D'un coup de battant, le canut serre le dernier coup de trame contre le précédent. La
masse du battant est la traverse inférieure du battant, sur laquelle est fixée la verguette (en buis
large d'environ 3 cm) sur laquelle roule la navette. La poignée du battant est la partie amovible
chapeautant le peigne et que l'on tient en main pour manœuvrer le battant. Les lames sont les
deux montants droit et gauche du battant.
BATARD, se dit d’un empoutage sans retour ni répétition
BATTERIE, réunion de plusieurs bricotteaux formant leviers
BEC DE CANNE, pointe à deux broches faisant ressort et maintenant dans la navette les
canettes à défiler
BESACE, Caisse en bois recevant des poids de charge dans le système de freinage du rouleau
arrière dit "à besace".
BILLAGE, synonyme de montage
BILLURE, synonyme d’armure
BISTANCLAC, C'est l'onomatopée imitant le bruit d'un métier à bras en action.
BISTANCLAQUE, Sous cette orthographe c'est aussi le nom donné au métier à bras lyonnais.
BLOQUE-MARCHE, Simple ferrure horizontale fixée près du sol et permettant de bloquer la
marche en position enfoncée, c'est à dire mécanique Jacquard levée et foule ouverte. Ceci est utile
pour effectuer des réglages sur le métier ou sur la mécanique Jacquard.
BOIS, On nomme ainsi des pièces de bois ou de métal fixées de part et d'autre du métier sur les
banque des pieds avant et destinées à arrêter net la frappe du battant en bloquant celui-ci. On dit
alors battre sur bois. Ce système est utilisé pour un battage régulier dans des tissus légers ou les
taffetas. Il est souvent associé à l'utilisation d'un marcheur.
BOUCHON, Inégalité des matières textiles
BOUT, synonyme de brin
BOUTON, Le bouton est la poignée fuselée sur laquelle on tire pour commander le chasse
navette qui projette la navette d'un bord à l'autre. C'est aussi l'ensemble de ce système de jet de la
navette.
BOSSE, bourrelet provenant de l’inégalité dans la confection des canettes ou du dévidage des
roquets
BOUDIN, synonyme d’élastique (voir élastique)
BOUILLON, fil d’or ou d’argent roulé
BOUILLONNE, se dit d’un tissu dont les fils de chaîne ne sont pas d’une tension égale
BRANCARD, Bâti placé sur les estases du métier, servant à supporter la mécanique Jacquard
BREF, Voir armure
BRICOTTEAUX, Leviers pour la levée ou le rabat des lisses (cadres)
BRIN, Synonyme de brin : un organsin 2 bouts 20/22 deniers
BROCATELLE, s.f. (Manufacture de soie) étoffe composée d'une chaîne de soixante portées, et
d'un poil de dix portées, avec cinq lisses de chaîne et trois lisses de poil : on emploie la brocatelle
en tapisserie. Le fond est tramé de fil, et le coup de tire, de soie : c'est la trame qui fait le fond, et
c'est la chaîne qui fait la figure.
BROCHE, Axe de rotation de la canette à l'intérieur de la navette ou axe de support de bobine ou
roquet.
BROCHE, Synonyme de Dent d’un peigne à tisser
BROYON, Synonyme de Tors
C
CAFARD, Le cafard est un œilleton en verre placé sur une maille coton et comportant plusieurs
trous pour passer plusieurs fils de chaine.
CAISSE, Assemblage des 4 pièces mobiles de la mécanique Jacquard qui supportent les lames de
la griffe.
CANARD, Sorte de couvercle en quart de cercle pour épouser la forme du rouleau arrière et
disposé sur la partie exposée de ce rouleau. Il sert à protéger cette partie sensible des risques de
dégâts dus par le passage du canut à l'arrière du métier. Il faut savoir qu'à cause de leur
encombrement, les métiers étaient disposés les uns derrière les autres, espacés de quelques
dizaines de centimètres seulement entre l'avant d'un métier et l'arrière d'un autre. Se faufiler entre
les métiers impliquait le risque d'accrocher malencontreusement le rouleau arrière.
CANAL désigne encore chez les mêmes ouvriers, un morceau de bois cave en forme de tuile
creuse, dont la concavité imite la convexité de l'ensuple. Il est long de deux piés ou environ ; il
s'applique sur l'ensuple même, et sert à garantir l'ouvrier des pointes d'aiguille qui arrêtent l'étoffe
dans le velours ciselé, et à garantir l'étoffe même du frottement dans le velours uni. Voyez les
artic. VELOURS et AIGUILLE D'ENSUPLE.
CANETTE, support de trame dans la navette
CANETTE A LA DEROULEE, Petit tube sur lequel est enroulée la trame. Le tube tourne sur
un axe quand on tisse.
CANETTE A LA DEFILEE, La trame est enroulé en forme de cônes superposés sur la canette
qui reste fixe au tissage sur la broche de la canette. La trame se dévide alors par défilement.
CANETTIERE, machine servant à enrouler la trame sur les canettes
CANETTAGE, action d’enrouler la trame sur les canettes
CANNE D’ENVERJURE, Baguette de bois dur (poirier) permettant de conserver la croisure des
fils de chaîne sur la longueur du métier. Appelée aussi verge.
CANTRE, s. f. se dit dans les Manufactures en soie, d'une partie de l'ourdissoir dans laquelle on
passe les rochets pour ourdir. Voyez OURDISSOIR.
CANTRE, Dispositif supportant des bobines, des tubes, des roquets, qui comporte des broches et
permet le bon déroulement des fils. Cantre d'ourdissage, de canetage, de dévidage, de velours.
CANTRE, pour les velours et autres ouvrages, est aussi dans les Manufactures en soie, une
espèce de châssis soutenus sur des piés plus courts par-devant que par-derriere ; ce qui incline le
chassis du côté de l'ouvrier. Ce chassis est divisé, selon sa longueur, en deux parties égales par
une traverse. Cette traverse et les côtés du chassis qui lui sont paralleles, sont percés de petits
trous. Ces petits trous reçoivent autant de broches de fil-de-fer. Ces broches sont chacune portées
par les deux bouts sur les deux côtés en longueur de la cantre, et par le milieu sur la traverse
parallèle à ces côtés. C'est sur elles qu'on enfile les roquetins à qui elles servent d'axe. Les fils de
soie dont les roquetins sont chargés ne se mêlent point, au moyen de l'inclinaison de la cantre et
de son plan incliné, qui tient toutes les broches, et par conséquent chaque rangée de roquetins
plus haute l'une que l'autre. La cantre est placée au derrière du métier. Quant à son usage, voyez
l'article VELOURS.
CANUT, CANUSE, Tisseur lyonnais. A Lyon, le terme de tisserand n'est pas utilisé, on dit un
tisseur ou une tisseuse (canut ou canuse). Des polémiqueurs vous diront qu'il ne faut pas
employer le terme de canut qui était péjoratif au milieu du XVIIIème siècle, (bien qu'il ne soit
avancé que des hypothèses qui semblent fantaisistes sur l'origine du terme). Depuis, le tisseur
lyonnais a gagné ses lettres de noblesse, et fier de son art, il revendique haut et fort cette
appellation de canut...
CANUSERIE, Tout ce qui concerne le canut. Le fabricant, ne voulant prendre en compte des
problèmes techniques du tisseur aurait dit : "Débrouillez-vous, je ne veux pas savoir, c'est de la
canuserie et çà ne me concerne pas...". Ensemble des astuces du canut pour effectuer son travail
ou réparer ses outils. Cette expression à une très forte connotation "système D" due aux très
faibles moyens pécuniaires des canuts.
CAPIER, v. act. manufacture en soie, fil, laine, etc. c'est dans un écheveau de fil, de soie, laine,
etc. arrêter le bout par lequel il a commencé, et celui par lequel il a fini, de façon qu'au dévidage
on puisse toujours trouver et prendre le dernier ; la façon d'arrêter est arbitraire. Dans le fil on
noue les deux bouts ensemble ; dans la soie on les arrête séparément. Quand il est question de
teindre en bleu, ou vert, ou autres couleurs dont la teinture ne doit être que tiède, on casse les
capies sous lesquelles la teinture ne prendroit pas, parce qu'ordinairement elles resserrent la partie
de l'écheveau qu'elles enveloppent. Le reglement de Piémont ordonne de capier les organcins
toutes les huit heures, et les tramer toutes les quatre : cela vient de ce que les organcins sont plus
tors que les trames, et que par conséquent les aspes ou guindres se chargent d'une beaucoup
moindre quantité d'organcins que de trames, en des tems égaux.
CAPIER se dit aussi, dans les manufactures en soie ; des mailles qu'on est obligé de faire aux
lisses, lorsqu'elles commencent à s'user : c'est arrêter la maille par son nœud sur la cristelle,
précisément dans l'endroit qu'elle doit occuper. Voyez CRISTELLE.
CARETTE, s. f. partie du métier des étoffes de soie. La carette est un cadre d'un pié et demi
environ de large sur deux piés et demi de long, composé d'un brancard et d'un montant, sur les
traverses duquel, de chaque côté, est un rateau dans lequel les aleirons sont posés et enfilés.
Voyez ETOFFE DE SOIE. Voyez aussi ALEIRONS.
Il n'y a pas ordinairement de poulies dans les carettes. Les aleirons sont séparés par des dentures
faites aux deux planches, dans lesquelles sont enfilés les aleirons ; d'ailleurs il y a des carettes qui
portent jusqu'à vingt aleirons de chaque côté : à quoi serviroient donc les poulies ?
CARREAU, instrument ou partie du métier des étoffes de soie. On se sert de carreaux de
differentes especes ; il y en a de plomb, de fer, et de terre ; on les fait d'un poids proportionné.
Les carreaux pour les lisses de satin à cinq et à huit lisses sont trop petits à trois livres, il leur en
faut au-moins trois livres et demie ; mais l'ordinaire est de quatre : ils ont besoin de ce poids, nonseulement pour faire baisser ou relever la lisse, mais encore pour faire relever le calqueron et la
marche, qui font toujours un poids.
CARRELÉ, adj. pris subst. dans les Manufactures en soie, espece d'étoffe qui n'est pas moins à
la mode aujourd'hui que le cannelé, surtout quand elle a du fond, et qu'elle est un peu riche. Le
carrelé et le cannelé sont l'un et l'autre composés de quarante portées de chaines, un peu plus ou
un peu moins, et d'un pareil nombre de portées de poil ; c'est pourquoi nous joignons ici ces
étoffes. La chaîne est montée, comme le gros-de-Tours, sur quatre lisses pour lever, quatre de
rabat, et de même pour le poil. Pour faire le cannelé ordinaire par le poil, on passe trois coups à
l'ordinaire, on broche pareillement sans toucher au poil : le quatrieme coup on fait lever tout le
poil, et baisser la moitié de la chaîne, en passant un coup de navette beaucoup plus fin que les
trois premiers, le poil se trouve arrêté par ce moyen. Ce même poil qui a demeuré trois coups
sans travailler, forme une longueur d'une ligne au moins dans le travers de l'étoffe, avant que
d'être arrêté ; et quand il l'est au quatrieme coup, sa reprise forme le coup de cannelé ; après quoi
on recommence le course, et on continue.
Démonstration de l'armure d'un cannelé.
Lorsque la dorure et les nuances sont liées dans le cannelé, il se travaille comme le gros-de-Tours
; et quand la dorure et les nuances sont liées par la découpure, comme dans les satins réduits,
pour lors on supprime totalement le liage. On peut faire les carrelés à la marche et à la tire. Les
carrelés à la tire n'ont besoin d'aucune lisse de poil, et sont les plus aisés, parce que le dessein
indique et détermine la façon ; ce qui n'est pas aussi commode avec la marche, qui ne peut varier
le carrelé dans le fond, comme font le dessein et la tire.
Pour faire un carrelé à la marche, il faut remettre ; c'est-à-dire passer le poil dans les lisses
autrement que pour les autres. On passe 8, 12, et même 16 fils de poil sur une même lisse :
par exemple, sur la première, autant sur la seconde, autant sur la troisième, et autant sur la
quatrième. On passe trois coups en faisant lever deux lisses du poil en taffetas, c'est-à-dire une
prise et une laissée, tandis que les deux autres reposent, leur poil restant sans travailler. Au
quatrième coup on fait lever les lisses qui ont passé trois coups sans travailler, et on laisse reposer
les deux autres pendant trois coups aussi, après quoi on les fait relever, ce qui forme le carrelé.
On voit au-dessous de l'armure du carrelé sa figure : quant au reste du travail, c'est le même que
pour le cannelé. Voici l'armure du carrelé.
Démonstration de l'armure d'un carrelé à la marche.
On a fait des carrelés dont le poil étoit composé d'un fil d'or ou d'argent : ces étoffes ne différent
du carrelé de soie, qu'en ce qu'on ne met sur chaque lisse de poil qu'autant de fils que l'on veut
pour en faire la figure du carrelé : par exemple si on ne met que deux fils de suite sur la même
lisse, elle ne marquera pas comme s'il y en avoit ou trois, ou quatre ; et ainsi du reste.
CARTE, Une étoffe a de la carte lorsqu'au toucher elle donne une sensation de papier fort ou de
carton. C'est aussi le dessin d'un tissu lorsqu'il a été reporté sur un papier quadrillé de mise en
carte qui permettra le lisage.
CARTON JACQUARD, Carton perforé pour mécanique Jacquard. L'ensemble des cartons lacés
entre eux compose la chaîne de cartons.
CASSIN, s. m. partie du métier à étoffes de soie, gase, etc. c'est un cadre de deux piés et demi de
long sur vingt pouces de large, qui est appuyé ou porté par les deux estases du métier, et qui
soûtient un autre cadre en talud, appellé cage, garni de petites lames d'une ligne d'épaisseur, entre
lesquelles sont enfilées sur des verges de fer qui leur servent d'axe, les rangées de poulies sur
lesquelles les cordes de rame sont passées. Voyez ESTASES, RAME, et VELOURS CISELE.
Le montant du cassin est la partie qui soûtient la cage. L'A du cassin est la piece de bois qui tient
les brancards et montans arrêtés.
CASSIN, Chassis supportant un grand nombre de poulies guidant les cordes supportant les lisses
(cadres)
CASSIN VOLANT, c'est ainsi qu'on appelle un cassin ordinaire, garni de tous ses cordages,
rame, semple, dont on se sert pour la lecture des desseins, tandis que les autres métiers travaillent.
Une aiguille de plomb du poids de quatre onces, détend la corde de rame, et par conséquent celle
de semple. Voyez RAME, SEMPLE et VELOURS.
CAVALLETTE, Levier en bois permettant de faire lever les lames (cadres).
CERCEAU, Cintre formé par des tringles, servant à soutenir les cartons et disposés de manière à
faciliter leur ployée lors du tissage.
CHA, s. m. (Manuf. en soie) espece de taffetas très-leger et très-moëlleux, dont les Chinois
s'habillent en été. Il y en a d'uni ; il y en a à fleurs. S'il est vrai que les fleurs de ces derniers
soient à jour et vuidées comme nos dentelles d'Angleterre, ensorte qu'on ne discerne pas le corps
de l'étoffe, ainsi qu'on le lit dans le Dictionnaire du Commerce ; il faut, ou que ces fleurs
s'exécutent comme notre marli, si elles se font sur le métier (voyez MARLI, espece de gaze), ou
qu'elles se brodent après coup : c'est ce qu'il seroit facile de reconnoître à l'inspection de l'étoffe.
Au reste, cette étoffe étant beaucoup moins serrée que nos taffetas, il est facile de concevoir
comment on peut y pratiquer différens points à l'aiguille, la travailler précisément comme nous
travaillons la mousseline, et à l'aide des fils comptés, pris et laissés, y exécuter toutes sortes de
desseins ; avec cette seule différence, que si le cha n'est pas assez clair pour qu'on puisse
appercevoir un patron au-travers et bâti dessous, il faudra ou tracer le dessein sur l'étoffe même,
ou que l'ouvrier sache dessiner. Voilà une sorte d'ouvrage qu'il me semble que nous pourrions
faire aussi-bien que les Chinois ; je veux dire une broderie à jour sur un taffetas très-leger, telle
qu'elle se fait sur la mousseline et sur d'autres toiles plus fortes. Voyez TAFFETAS,
BRODERIE, MOUSSELINE, POINTS, etc.
CHAINE, Fils dans la longueur du tissu. Réunion de ces fils par l'ourdissage
CHAPEAU, Pièce supérieure de la mécanique Jacquard
CHASSE, Donner ou enlever de la chasse, c'est faire partir la navette plus ou moins rapidement.
CHASSE, Logement de la canette dans la navette.
CHANÉE, s. f. (Manufact. en soie) cannelure pratiquée à l'ensuple qui sert au métier de l'étoffe
de soie. Voyez ENSUPLE. Cette cannelure de l'ensuple est de trois quarts de pouce environ de
large, de deux piés et demi de long, de la profondeur d'un pouce : elle sert à recevoir dans sa
cavité le composteur (voyez COMPOSTEUR), et à fixer et arrêter le commencement de l'étoffe
ou de la chaîne, quand on la plie sur l'ensuple.
CHEF, Grosse trame ou inscription marquant le début et la fin d'une pièce de tissu.
CHEF, (Manufact. en soie, en laine, et en toile) c'est la premiere partie ourdie, celle qui
s'enveloppe immédiatement sur l'ensuple de devant, et qui servira de manteau à la piece entiere
quand elle sera finie. Le chef des pieces en toile est plus gros que le reste ; celui des ouvrages en
laine et en soie ne doit être ni plus mauvais ni meilleur, à moins que l'espece d'étoffe qu'on
travaille ne demande qu'on trame plus gros, afin d'avoir en commençant plus de corps, et de
résister mieux à la premiere fatigue de l'ourdissage. Les pieces de toile, de laine, et de soie,
s'entament par la queue, et le chef est toûjours le dernier morceau que l'on vend. La raison en est
simple ; c'est que c'est au chef que sont placées les marques, qui indiquant le fabriquant, la qualité
de la marchandise, celle de la teinture, la visite des gardes et inspecteurs, l'aulnage, etc.
ne doivent jamais disparoître.
CHEMIN, Dans un tissu façonné, c'est une répétition du motif. Le tissu est à un chemin si le
dessin occuppe toute la largeur du tissu. Il est à 2 ou 10 chemins si le motif se répète 2 ou 10 fois
dans la largeur du tissu.
CHENILLE, (Ruban.) petit ouvrage en soie dont on se sert pour broder et exécuter des ornemens
sur des vestes, des robes, des chasubles, etc. On prendroit la chenille, quand elle est petite et bien
serrée, et que par conséquent son poil est court, pour un petit cordon de la nature du velours, et
travaillé au métier comme cette étoffe, à laquelle elle ressemble parfaitement : cependant cela
n'est pas, et rien n'est plus facile que de faire de la chenille : on a une espece de ruban, on en
coupe une lisiere très-étroite et très-longue avec de grands ciseaux : cette bande est effilée des
deux côtés, ensorte qu'il ne reste que dans le milieu quelques fils de chaîne qui contiennent les
fils de trame qui font barbe ou poil à droite et à gauche de ces fils de chaîne, au moyen de l'effilé:
on prend des fils de soie qu'on met en double, en triple, ou en quadruple, etc. on accroche ces fils
à un roüet, tel que celui dont les Luthiers se servent pour couvrir le fil de laiton ou d'argent des
grosses cordes d'instrumens : on tord un peu ces fils ensemble ; quand ils sont tordus et commis,
ou avant que de l'être, on a une gomme un peu forte, on les en enduit legerement, puis on
applique la petite bande de ruban effilée à droite et à gauche au crochet du roüet qui tient
l'extrémité des fils de soie commis : on continue de tourner la manivelle du roüet dans le sens
dont on a commis des fils de soie ; il est évident que la petite bande de ruban effilée s'enroule sur
les fils commis, qu'elle en couvre successivement toute la longueur, que les poils se redressent, et
qu'ils forment sur ces fils comme un velours, sur-tout si le ruban est fort, si par conséquent les
barbes de la bande sont serrées ; et si après avoir attaché le bout de la bande de ruban au crochet
du roüet qui tenoit les fils de soie, on a fait beaucoup de tours avec la manivelle, et qu'on n'ait
guere laissé courir la bande le long des fils. Il est évident, 1°. que la grosseur de la chenille
dépendra de la largeur de la bande de ruban, de la longueur de l'effilé, de la force du ruban, et du
nombre de fils de soie qu'on aura commis, et qu'on a couvert au roüet avec la bande effilée : 2°.
que sa beauté et sa bonté dépendront de la force et de la beauté du ruban, et du rapport du
mouvement circulaire de la manivelle au mouvement en droite ligne de la bande de ruban le long
des fils commis, ou du cordon qu'elle doit couvrir ; car plus la manivelle ira vîte, et moins la
bande courra le long du cordon dans le même tems. Plus la chenille sera serrée, plus elle sera
fournie de poil et belle. Le ruban effilé ne tient sur le cordon que par le moyen de la gomme :
ainsi la chenille n'est qu'une application, et non pas un tissu, comme on le croiroit au premier
coup d'oeil ; et le méchanisme selon lequel elle se travaille, est précisément le même que celui
dont on couvre les grosses cordes d'instrumens avec le fil d'argent ou de laiton, comme nous
l'avons dit : la corde et le fil de laiton sont attachés à un crochet, le crochet fait tourner la corde
sur elle-même ; l'ouvrier tient la corde de la main gauche ; il tient le fil d'argent ou de laiton de la
droite, un peu élevé au-dessus de la corde, et ce fil s'enroule sur la corde : il est clair que plus
l'angle de la corde et du fil sera petit, plus l'enroulement du fil sur la corde sera lâche ; et que plus
cet angle sera grand, plus cet enroulement sera serré. C'est la même chose à la chenille, pour
laquelle, au lieu d'un fil uni comme le laiton, il ne s'agit que d'imaginer un fil barbu comme la
petite bande de ruban effilée. Ce petit ouvrage s'appelle chenille, parce qu'en effet il est velu
comme l'insecte de ce nom.
CHEVILLE, Pièce de bois fixée au pied avant du métier dont le canut se servait comme d'un
levier pour faire tourner le rouleau avant au fur et à mesure du tissage. Elle fut ensuite remplacée
par le régulateur.
CHEVILLOIR, s. m. instrument du métier des étoffes de soie. Le chevilloir dont on se sert pour
mettre les soies en main, c'est-à-dire d'usage, quand il s'agit de séparer les différentes qualités
dont un ballot est composé, et les assembler pour en former des pantines (voyez PANTINES), est
un bloc de bois quarré, long de deux piés environ, large d'un pié, et de dix pouces d'épaisseur, au
milieu duquel s'éleve un autre bois de trois pouces d'épaisseur, de la largeur d'un pié, de trois piés
de hauteur environ, au haut duquel il est percé de quatre trous quarrés, dans lesquels on met des
chevilles, dont la grosseur est proportionnée aux trous : ces chevilles sont ordinairement rondes
de deux pouces de diametre, sur deux piés et demi à trois piés de long.
CHELU, lampe à huile et mêche en fer blanc ou en laiton que les canuts suspendaient au-dessus
du métier pour éclairer l'ouvrage, avant que ne se répande l'éléctricité.
CHIEN, Petite pièce d'acier entrainant les roues dentées du régulateur.
CHIEN, partie du métier de l'étoffe de soie. Le chien est un fer plat d'un pouce de large sur sept
pouces d'épaisseur. Il est courbe et aigu ; il mord de ce côté dans la coche de la roue de fer, et il
est attaché de l'autre au pié du métier de devant.
CHRISTELLE, Cordelette qui permet de maintenir l'écartement des mailles sur les remisses
coton
CIMOSSE, s. f. en italien cimossa, (Manufact. en soie) lisiere pratiquée par les Génois à certains
damas pour meuble, les plus parfaits en ce genre. Cette lisiere est faite en gros-de-tours, non en
taffetas, et son travail est très-ingénieux. Nous en parlerons à l'article DAMAS. Voyez DAMAS.
CLEFS, Les clefs sont les 2 traverses horizontales supérieures du métier à bras lyonnais.
CLINQUETTE, Pour fabriquer des articles très légers, il est nécessaire que le battant frappe très
légèrement la trame. Un système de clinquettes permettait cette légèreté du coup de battant en
l'amortissant.
CLINQUANT, s. m. (Manufact. en soie, Ruban. etc.) est une petite lame plate d'or ou d'argent,
fin ou faux, qui se met dans les galons et rubans pour leur donner plus d'éclat par leur brillant. Le
clinquant est toûjours sur une navette séparée, dont on passe seulement quelques coups de
distance en distance, suivant que le dessein l'exige. Les levées pour les fixer dans l'ouvrage sont
les moins considérables qu'il est possible, afin de laisser le clinquant plus à découvert.
COCON, Canette sans tube d’où la trame s’échappe à la défilée, mais par l’intérieur du cocon.
COLISSE, s. m. (Manuf. en soie) sorte de mailles entre lesquelles on prend les fils de la chaîne
ou du poil, pour les faire lever et baisser à discrétion. Il y a les mailles à grand colisse, et les
mailles à colisse simple. Voyez l'article VELOURS.
COLONEL, Pièce de bois trés mince, profilée en U, de la longueur du peigne et qui recouvre le
peigne, une au-dessus et une au-dessous.
COLLET, Boucle de cordelette terminée par un petit mousqueton. Le collet est suspendu au
crochet de la mécanique, tandis qu'au mousqueton est accrochée l'arcade ou corde.
COLLETAGE, Opération qui consiste à attacher les arcades ou cordes aux collets d'une
mécanique Jacquard
COMPTE, Nombre de fils au cm ou au pouce que comporte une chaîne, nombre de dents au cm
ou au pouce que comporte un peigne, etc...
COMPTE-FILS, Petite loupe pliante en trois parties de laiton ou d'acier que l'on pose sur le tissu
pour voir le nombre de fils et de duites au cm. Appelé aussi compte-fils.
CONDUCTEUR, Arc de cercle en laiton fixée au flanc de la navette et comportant un système
de tension ou freinage du fil de trame composé du tendeur et de ses anneaux.
CONTRE-VERGE, s. f. instrument du métier des étoffes de soie ; c'est une baguette ronde sans
écorce, qui sert à apprêter les verges quand il y a du poil, à fixer les divers composteurs dont on
se sert au métier, et séparer le poil de la chaîne, pour donner la facilité d'habiller les fils et de
remettre.
CORPS, (Manufact. en soie) c'est l'assemblage de toutes les mailles attachées aux arcades. Voyez
ARCADES et VELOURS.
COURIR, v. neut. terme d'ourdissage ; il se dit d'un fil de laine, de soie, de fil, lorsqu'il fournit
beaucoup d'étoffe ou d'ouvrage. Il court d'autant plus, qu'il est plus fin.
CLOCHEPIÉ, s. m. (Manufact. en soie) organcin à trois brins, dont deux sont d'abord moulinés
ensemble, puis une seconde fois avec un troisieme brin.
COMPOSTEUR, Baguette de bois dur servant à retenir la pièce de tissu dans le rouleau avant
qui comporte une rainure pour l'accueillir. Servait aussi à maintenir la croisure ou envergeage des
fils de chaîne. Se différencie des cannes par la grosseur : diamètre d'environ 1 cm pour le
composteur et 3 cm pour la canne d'enverjure qui elle a ses extrémités en forme d'ogive alors que
le composteur a souvent ses extrémités coupées net.
COMPOSTEUR, Manufacture en soie, petite baguette de bois, sur laquelle on passe les portées
de la chaîne pour la plier. Le composteur se place dans une cavité qu'on lui a pratiquée dans
l'ensuple et où il est retenu. Voy. les articles CHANEE et VELOURS.
CONTEXTURE, Représentation de l’évolution des fils avec les duites et réciproquement.
CONTRE-SEMPLER, Disposer un motif en quinconce
CONTRE-SEMPLER, v. neut. (Manufact. en soie) c'est transporter un dessein déja lû sur un
semple, dans un autre semple sur lequel il n'y a rien, sans se servir du ministere de la liseuse.
Pour cet effet on arrête une semple de 400 cordes aux 400 arcades au-dessus des mailles du
corps; on étend le semple dans sa longueur. Quand les cordes sont bien ajustées, on tire tous les
lacs du semple lû les uns après les autres ; chaque lac tiré fait faire aux cordes du semple tendu,
une séparation à laquelle on passe une embarbe, de maniere qu'un semple qui aura occupé une
bonne liseuse pendant deux jours, sera lû par ce moyen dans deux heures
CORDE, Voir Arcade
CORDONS, Les cordons forment les lisières du tissu. Fils solides (doublés), supportés par les
restaings (bobines à grosses joues en forme de poulie), ils ont leur propre tension et leur propre
système de frein par cordelettes et poids.
CORDELINES, Similaires aux cordons, elles viennent encore renforcer la stabilité des lisières et
comportent généralement un seul gros fil de coton très solide et très tendu. Le support des
cordelines sont de petites bobines à velours nommées roquetains
CORPS, Assemblage des maillons garnis, pendus et appareillés chacun à leur arcade respective
CORROMPRE, (Manuf. en soie) c'est mettre plus ou moins de fils dans la premiere maille de
corps, ou dans la premiere dent du peigne, pour empêcher l'étoffe de se rayer.
CRAPAUDAILLE, s. f. (Manuf. en soie) petite étoffe de soie tant en trame qu'en chaîne, fort
legere, très-claire, et peu différente de la gase.
COUP, Passage d'un coup de trame (ou duite)
CRAPAUD, Défaut sur le tissu quand un ou plusieurs fils de chaîne ne se sont pas levés (ou
baissés).
CRAPAUTAGE, Série de petits crapauds s’étendant sur une grande longueur
CRAPAUD (de marche), Support de fonte fixé au sol sur lequel s'articule l'extrémité des
marches (pédales)
CRISTELLE, Ficelle servant à fixer les mailles coton des lisses et à les maintenir dans leur
longueur
CROCHET, Le crochet est utilisé pour passer les fils de chaîne dans les mailles et également le
fil de trame dans les tendeurs de la navette
CRUE (soie) Soie teinte sur son grès et présentant un aspect mat. La solidité de la teinture est
faible et on ne l'utilise que dans l'ameublement.
CUITE (soie) Soie teinte après décreusage
CULOTTE, Demi-lisse à maille simple (articles gazes)
CYLINDRE, Pièce de la mécanique Jacquard qui plaque les cartons contre les aiguilles.
Curieusement, le cylindre n'est pas cylindrique mais a une section carrée...
D
DAMASSÉ, adj. (Manufact. en fil) il se dit d'une sorte de linge très-fin destiné au service de la
table, où l'on remarque un fond et un dessein ; d'où l'on voit qu'il n'a été appellé damassé que
parce que le travail en est le même que celui du damas. On lui donne encore le nom de petite
Venise. V. DAMAS.
DEBANQUAGE, Roquets peu garnis de matière; restes des fils d'une chaîne après l'ourdissage
DENIER (d) Poids en frammes de 9000 mètres de fil
DENT DE PEIGNE , espace entre deux lamelles du peigne à tisser
DEVIDAGE, Opération qui consiste à enrouler le fil provenant de flottes (échevaux) ou de cônes
sur des bobines ou des roquets, à l'aide d'une machine nommée banque à dévider.
DEVIDOIR, ou ROUET A DEVIDER LA SOIE. Cette machine est composée d'une table de
bois de trois piés de long sur deux piés environ de large, à la hauteur d'environ trois piés : aux
quatre coins de la table, sur son plat, se trouvent debout quatre bâtons ronds, portant chacun un
guindre tournant sur son pivot. Sur le devant de la table est une rainure large d'environ un pouce
et demi dans toute la longueur de la table, qui sert à recevoir un bois quarré taillé exprès d'entrée
dans cette rainure : ce bois est percé de plusieurs trous à la distance d'un pouce chacun ; on met
dans ces trous des bois pointus servant à porter des crochets de verre tournés : à un bout de ce
bois est une poulie, sur laquelle est une ficelle qui aboutit à un crochet qui est derriere la grande
roue, et qui par le tour de la roue fait aller et venir ce bois dans la chanée au moyen d'un
contrepoids qui est attaché à l'autre bout. Il y a de plus du même côté, sur le devant de la table,
deux morceaux de bois attachés fermes, dans chacun desquels est incrusté un morceau de nerf de
boeuf percé, qui sert à recevoir à chaque bout une broche de fer à laquelle sont enfilés quatre
roquets : à côté de la table se trouve une grande roue avec une manivelle dans le milieu, que l'on
fait tourner par le moyen d'une lisiere, qui est attachée à une marche de bois que l'on fait remuer
avec le bout du pié sous la table. On distribue sur chaque guindre un écheveau de soie, et on en
passe les bouts chacun séparément dans les crochets de verre ; chaque bout est ensuite distribué
par la manoeuvre de la grande roue sur les roquets, en observant de changer de trou les crochets
de verre, pour que le roquet se garnisse également. On rectifiera aux articles VELOURS et
SOIE, ce qu'il peut y avoir d'inexact dans cette description.
DOUBLOIR, s. m. (Manuf. en soie.) machine qui sert à soûtenir les rochets sur lesquels est
dévidée la soie qu'on veut doubler.
DAMASSIN, s. m. (Manuf. en soie) petit damas moins garni de chaîne et de trame que les damas
ordinaires.
DISPOSITION, Indication écrite, avec ou sans plans, relative aux opérations de fabrication :
ourdissage, remettage, empoutage, montage, etc.
DOUBLAGE, Assemblage de 2 ou plusieurs fils de chaîne ou de trame
DRESSE, Manière de placer le fer pour la formation du velours coupé
DROGUET, (Manuf. en soie.) Le droguet se travaille à la petite tire, qui lui est proprement
affectée; c'est le dessein qui en détermine l'espece. Selon le dessein, cette étoffe est brillantée,
cannelée, lustrinée, satinée, réduite, non réduite, etc. mais on la distribue sous deux
dénominations générales ; le droguet satiné, et le droguet brillanté. Dans l'un et l'autre c'est le
poil qui fait la figure. La chaîne en est ordinairement de 40 à 50 portées ; il en est de même du
poil. La chaîne se distribue communément sur deux ensuples ; elle a été ourdie à deux fois, une
des parties ayant plus de longueur que l'autre. La partie la plus longue s'appelle le pivot. Cette
chaîne n'est point passée dans les maillons du corps ; elle est sur quatre lisses, avec une armure en
taffetas, de maniere que le pivot est sur deux lisses, et l'autre partie de chaîne sur deux autres. De
son côté, le poil n'est point passé dans les lisses, mais seulement dans le corps, à l'exception des
droguets satinés, où il se trouve sur cinq lisses ordinaires. Le droguet se travaille à deux marches:
l'une pour le coup de plein, l'autre pour le coup de tire. Dans les droguets satinés, les cinq lisses
sont tirées par le bouton. Comme l'armure de la chaîne ou du fond est en taffetas, on comprend
sans peine qu'une marche fait lever la chaîne, et l'autre le pivot. Le coup de plein passe sur la
chaîne, et le coup de tire sur le pivot. Cette précaution est nécessaire, en ce que le coup de tire
grossissant et augmentant la soie qui leve, par l'union qui s'en fait avec les fils que la marche fait
lever ; le tout levant ensemble, il arrive que la soie de chaîne boit ou emboit davantage dans
l'étoffe, et que s'il n'y avoit point de pivot, mais que la chaîne fût toute sur un ensuple, la partie de
soie qui leveroit avec la tire du poil, leveroit plus que celle qui leve seule, et empêcheroit l'étoffe
de serrer. Avant l'invention des pivots, ces ouvriers étoient obligés de changer le mouvement des
quatre lisses de taffetas, à toutes les deux ou trois aunes d'étoffe fabriquée, faisant lever touràtour les deux lisses dont la soie étoit plus tirante sur le coup de plein. Mais cette attention ne
prévenoit pas toute défectuosité ; la mauvaise façon augmentoit même à mesure que la moitié de
la chaîne étoit plus tendue que l'autre ; et si le changement de lisses y remédioit, ce n'étoit pas du
moins avec le même avantage que le pivot y remédie. Outre les droguets de soie dont nous
venons de parler, il y en a d'or et d'argent ; ce sont des tissus courans, dont la dorure est liée par la
découpure ou par la corde. Dans ce genre d'étoffe le dessein est communément petit, et l'armure
la même qu'au ras de Sicile, parce qu'il ne se leve point de lisse au coup de dorure, de maniere
que quatre marches suffisent pour cette étoffe, deux pour le fond, deux pour l'accompagnage, qui
doit être en taffetas ou gros de
Tours, généralement pour toute étoffe liée par la corde ou par la découpure. Il se fabrique aussi
des droguets d'or brochés ; ils sont montés et armés comme les précédens. Ils tiennent leurs noms
du dessein, et leur qualité de l'armure et du travail.
DEPASSER, (Manufact. en soie) c'est, ou dégager les fils des lisses, ou défaire les lacs qui
servoient à former le dessein sur l'étoffe.
DIXAINES, (Manuf. en soie) on donne ce nom aux espaces séparés sur le papier reglé, et
distingués les uns des autres par des lignes fortes. Ces espaces sont soûdivisés par d'autres lignes
plus foibles. Les lignes tant foibles que fortes sont à égales distances les unes des autres : elles
sont coupées perpendiculairement par d'autres, aussi à égales distances entre elles, et à la même
distance que celles qu'elles coupent : ce qui partage tout le papier reglé en petits quarrés.
DORURE, (Manuf. en soie.) on appelle ainsi les matieres or ou argent, propres à être employées
dans les étoffes riches. Il y en a de plusieurs sortes. Il y a l'or lis de deux especes ; l'or frisé de
deux especes, l'un très-fin, l'autre moins fin ; le clinquant ; la lame ; la canetille, et le sorbec. Le
clinquant est une lame filée avec un frisé ; la lame est le trait ou battu ou écaché sous le moulin
du Lympier ; la canetille est un trait filé sur une corde à boyau, qu'on tire ensuite ; le sorbec est
une lame filée sur des soies de couleur.
DUITE, Voir Coup
E
EBOULAGE, Affaissement d'un bord de la canette
ECAGNE, s. f. (Rub.) se dit d'une des portions d'un écheveau lorsqu'il se trouve trop gros et la
soie ou le fil trop fins pour supporter le dévidage en toute sa grosseur ; quand on met l'écheveau
en écagnes, il faut prendre garde de ne faire que le moins de bouts qu'il est possible. L'écheveau
se place pour cette opération sur les tournettes, et à force de chercher du jour pour parvenir à sa
séparation, on en vient à bout ; le tems que l'ouvrier semble perdre pour faire cette division, est
bien racheté par la diligence et la facilité avec lesquelles il dévide ensuite ces petites portions d'un
gros écheveau.
EGANCETTE, mèche de fils de chaîne après passage au peigne. Les égancettes sont entaquées
sur le rouleau avant. Ficelles disposées de manière à pouvoir commencer une chaîne sans
entaquage.
ELASTIQUE, Ressort de laiton en spirale, situés dans l'étui de la mécanique Jacquard et
repoussant le talon des aiguilles.
EMBUVAGE, La longueur d'un tissu fini est toujours inférieure à la longueur de la chaîne car le
croisement des fils avec la trame consomme de la longueur. Cette différence est l'embuvage et
s'exprime en pourcentage.
EMPOUTAGE, Passage des arcades d'un façonné dans une planche percée de nombreux trous
(planche d'empoutage).
ENCANTRER, terme de Fabrique des étoffes de soie ; c'est ranger les canons dans la cantre,
passer les brins de soie dans les boucles de verre, de façon que l'ourdisseuse soit prête d'ourdir sa
chaîne. Encantrer se dit encore des roquetins servant au velours, lorsqu'on les distribue dans la
cantre, et le mot encantrer est proprement affecté à cette opération ; au lieu que quand il s'agit
d'ourdissage, on dit embanquer. Voyez EMBANQUER.
ENTAQUAGE (étanquage?) Les égancettes sont entaquées sur le rouleau avant à l'aide d'une
baguette d'entaquage introduite dans la rainure du rouleau.
ENSUPLE, ENSUBLE, ENSOUBLE, ENSOUPLE, s. f. terme général d'Ourdissage. Tous les
métiers des manufacturiers en soie, en laine, en fil, etc. ont des ensuples. Ce sont deux rouleaux
de bois, dont l'un est placé au-devant du métier, et l'autre au derriere. La chaine est portée sur ces
rouleaux ; elle se déroule de dessus l'ensuple de derriere, à mesure que l'étoffe se fabrique : et
l'étoffe fabriquée s'enroûle sur celle de devant. Nous allons donner la description des ensuples du
manufacturier en soie, du rubanier, du friseur d'étoffe, du tapissier et du tisserand ; celles du
gazier, du drapier, et des autres ouvriers ourdisseurs, en different peu : et d'ailleurs nous en
parlons aux articles de leur métier. Voyez DRAP, GAZE, etc. Ensuple de devant, partie du
métier de l'étoffe de soie. L'ensuple de devant le métier est un rouleau de 6 à 7 pouces de
diametre, de 3 piés environ de longueur. Il a une chanée de 2 piés environ, de 3/4 de pouce de
large, sur autant de profondeur, dans laquelle entre la verge et le composteur. Il a à un bout un
cercle de fer qui est coché, pour servir à faire la chaîne tirante, au moyen du chien de fer qui
mord dans les cochées dudit cercle. Il est de plus, et du même côté, percé à double ; et au moyen
de ces trous, dans lesquels entre la cheville de fer, on tourne l'ensuple avec la cheville, à force
d'hommes, et on dévide l'étoffe à mesure qu'elle se fabrique. Ensuple de derriere. L'ensuple de
derriere est un rouleau de bois de 7 pouces de diametre et de 4 piés de long environ. Il est percé à
double d'un côté, et il avoit jadis de l'autre un nerf de boeuf, cloüé tout-autour, pour fixer la corde
du valet : mais les ensuples d'aujourd'hui ont des moulures qui tiennent lieu du nerf de boeuf dont
on parle. Ensuple de velours uni. L'ensuple de velours uni est fait comme celui des autres étoffes;
il n'y a de différence que dans la chanée, qui est plus large à l'embouchure, et qui perce l'ensuple
d'outre en outre. Ensuple de velours façonné. L'ensuple du velours façonné est faite comme celles
ci-dessus, avec cette différence, qu'il n'y a point de chanée : et pour contenir l'étoffe à mesure
qu'elle se fabrique, ces sortes d'ensuples sont garnies de petites pointes de fer très-aiguës, qui
entrent dans l'étoffe à mesure qu'elle se roule dessus. Ensuple de poil. L'ensuple de poil est faite
comme l'ensuple de derriere, décrite ci-dessus, avec la seule différence, qu'elle est de moitié plus
petite, et que les deux bouts sont proportionnés au rayon, dont l'ouverture est ordinairement trèspetite. Ensuple de devant est une piece de bois ronde, d'environ 4 ou 5 pouces de diametre, de
toute la largeur du métier : elle est terminée à ses deux bouts par deux petits tourillons qui entrent
dans deux petites mortoises pratiquées dans les deux barres le long du métier. La même ensuple
est traversée diamétralement du côté de la main droite de l'ouvrier, à 5 ou 6 pouces de son
extrémité, par deux menus bâtons, dont les bouts saillans servent à faire rouler ladite ensuple,
lorsque l'ouvrier tire sa tirée. Il est bon de dire que lorsque l'on fait quelque ouvrage extrêmement
lourd, ces deux bâtons croisés se trouvent répetés à l'autre bout de l'ensuple ; ce qui fait que
l'ouvrier, par cette double force réunie, vient plus aisément à bout de tirer sa tirée. Cette ensuple a
encore à son bout, à main gauche, une roue dentelée : il y a un trou quarré pratiqué dans le centre
de cette roue, et qui sert à la tenir fixée sur la piece, aussi quarrée, de l'ensuple, qui lui sert d'axe.
Cette roue ne doit pas être fixée à demeure dans ce tenon, attendu que si l'on vouloit que l'ensuple
enroulât en-dessous, au lieu d'enrouler dessus, il n'y auroit qu'à retourner cette roue, dont les
dents, se trouvant en sens contraire, arrêteront l'ensuple du côté que l'on jugera nécessaire. Cette
roue est rendue stable, et fixe l'ensuple, au moyen d'une petite piece de bois, appellée chien,
attachée sur la barre de long, du côté de la roue que l'on décrit, dont la machoire engrenant dans
les dents de la roue, du sens opposé à son tirage, l'empêche de dérouler. L'usage de cet ensuple
est de recevoir l'ouvrage fait, à mesure que l'ouvrier tire ce que l'on appelle tirée. Voyez TIRE.
ENSUPLE, (Rubanier) est une piece de bois faite au tour : les bouts qui la terminent sont menus,
pour entrer dans les échancrures des potenceaux : les moulures servent, par leur éminence, à
retenir les cordes des contre-poids, et les empêcher de glisser. Il y a une entaille pratiquée dans le
corps de l'ensuple, pour recevoir le vergeon, passé lui-même dans les soies de la piece. Lorsque
ce vergeon est placé dans cette entaille, on glisse sur lui deux ficelles
nommées brasselets, qui sont entortillées et noüées sur l'ensuple : ces ficelles venant sur ce
vergeon, le retiennent et l'empêchent de sortir de sa place ; conséquemment les soies de la chaîne
se déroulent de dessus les ensuples, jusqu'à ce que le vergeon ainsi arrêté par les ficelles ci-dessus
dites, qui servent à le retenir, l'ensuple ne pourra plus dérouler : pour lorson se sert de la corde à
encorder, qu'il faut voir à son lieu. L'usage des ensuples est de porter tout ce qu'on appelle
chaîne.
ENSUPLE, (Drapier) est une partie de la machine à friser, sur laquelle tourne l'étoffe en sortant
de dessous les tables. Elle est garnie de cardes de fer, pour empêcher l'étoffe de se chiffonner
sous les tables, et soûtenue sur un chassis sur le devant, dans deux petits collets à chaque
montant. L'ensuple se termine à droite par un hérisson, qui reçoit son mouvement d'une petite
lanterne placée vis-à-vis. Voyez HERISSON, et les figures, Planches de la Draperie.
ENSUPLE, espece de gros et long cylindre ou rouleau de bois, placé en large sur le derriere du
métier de ceux qui travaillent de la navette, tels que sont les Tisserands, Tisseurs ou Tissiers, etc.
On l'appelle aussi rouleau. Voyez BASSE-LISSE.
ENSUPLE, piece du métier des Tisserands ; c'est un gros cylindre ou rouleau de bois long, placé
en large sur le derriere du métier, sur lequel les fils qui composent la chaine d'une toile sont
roulés, et d'où on les déroule à mesure que la toile se fabrique. Cette ensuple est percée, par les
deux bouts, de plusieurs trous, dans lesquels on introduit un bâton, appellé le bachelier, pour
l'arrêter et l'empêcher de se dérouler.
ENVERGER, dans les Manufactures de soie ; c'est faire croiser les fils de soie sur ses doigts, de
maniere que l'un ne puisse pas passer devant l'autre, pour les disposer ensuite sur des chevilles.
On enverge aussi les semples, le rame, le corps, etc. et le terme enverger n'a pas une acception
autre, que quand il s'agit des fils de soie.
ENVERGEURE, terme de la Fabrique des étoffes de soie. Les envergeures sont de petits bouts
de ficelle très-fine et très-douce, qui servent à enverger les chaînes avant de les lever de dessus
l'ourdissoir. Le même mot se dit aussi des ficelles de soie ou de fil qu'on passe dans les deux
séparations des fils de soie, etc. quand on les a envergés.
EPINGLETTE, Petite broche de fer, passant dans le talon des aiguilles et fixée à l'étui
(mécanique Jacquard)
EPLUCHOIR, Sorte de poinçon métallique permettant de manipuler les fils de chaîne ou de
trame dans la façure sans les écorcher. L'épluchoir prend place sur le montant vertical droit du
battant (pour les droitiers) afin d'être toujours à portée de main.
ESCALETTE ou ECHELETTE, s. f. (Manuf. en soie) c'est un parallelepipede de bois bien
équarri, où l'on a pratiqué cinquante coches, et chaque coche capable de renfermer huit cordes de
semple ; il est de la largeur juste de la feuille du dessein, qui contient cinquante dixaines pour les
métiers ordinaires de quatre cent cordes. L'escalette sert pour la lecture du dessein. Voyez
l'escalette dans nos Planches de soyerie.
ESPOLIN ou ESPOULIN, s. m. terme d'Ourdissage. C'est une petite navette qui contient la
dorure et la soie propre à brocher. Il y a des espolins à deux tuyaux : ces deux tuyaux portent la
dorure.
ESQUISSE, Représentation d'un dessin, sur papier non réglé, indiquant la dimension réelle ou
proportionnelle que le dessin devra avoir après le tissage
ESTASES, s. f. partie du métier d'étoffe de soie. Les estases sont deux pieces de bois de même
longueur et grosseur ; elles ont ordinairement trois aunes 1/4 de long sur 6 à 7 pouces en quarré ;
elles servent à fixer les quatre piés du métier.
ESTASES, Longerons du métier à bras lyonnais
ESTISSEUSES, s. f. (Manuf. en soie) petites tringles de fer qui retiennent les roquetins et les
canons dans les cantres.
ECORCHURE, (Manuf. en soie) on appelle ainsi l'endroit d'un fil d'organsin, où il manque un
brin. On dit changer une écorchure, pour tordre pardevant un bout de la jointe au fil écorché entre
le corps et le remisse ; d'où il arrive que le fil se trouve passé par-tout où il doit l'être. On change
aussi des écorchures sur la longueur.
EMBANQUER, v. act. ou neut. (Manufact. en soie) c'est passer les canons d'organsin à la cantre,
pour se disposer à ourdir. Voyez CANONS, ORGANSIN et CANTRE.
ENTACAGE, s. m. (Manuf. en velours) c'est un assemblage de différentes baguettes, qui se
place en une chanée ou logement pratiqué à l'ensuple de devant des métiers à velours. Cette
ensuple étoit, avant l'invention de cette machine ingénieuse, garnie de petites pointes qui
passoient à-travers le velours, et qui le tenoient appliqué sur l'ensuple. On étoit obligé d'employer
ces pointes aux velours, parce que si l'on eût enroulé cette étoffe sur elle-même, comme les
autres, son poil se seroit écrasé, n'auroit pû se redresser, et l'étoffe eût été gâtée ; mais d'un autre
côté les pointes l'érailloient, la cribloient de petits trous, et nuisoient beaucoup à sa qualité. Ce fut
ce qui détermina un ouvrier à chercher un remede à ces inconvéniens ; et il trouva l'entacage, qui
consiste à faire faire plusieurs tours au velours, sur les baguettes auxquelles son envers est
toûjours appliqué, et contre lesquelles il est si fortement retenu par le seul frottement, qu'on
déchireroit plûtôt l'étoffe que de l'en séparer. Entre ces baguettes il y en a à la vérité une de fer
assez large, et dont la surface est toute hachée, afin d'augmenter le frottement par ces inégalités.
On trouvera à l'article VELOURS une description plus détaillée de cette invention, et l'on en
verra la figure et la coupe dans nos Planches de soierie. En attendant nous proposons à ceux qui
voudront sentir tout le mérite de cette invention, de résoudre ce problème de Méchanique :
Substituer aux pointes de l'ensuple, une machine telle que l'étoffe soit tenue fortement et
également tendue sur toute sa largeur, sans la percer de trous ni écraser son poil
ESCALETTE ou ECHELETTE, s. f. (Manuf. en soie) c'est un parallelepipede de bois bien
équarri, où l'on a pratiqué cinquante coches, et chaque coche capable de renfermer huit cordes de
semple ; il est de la largeur juste de la feuille du dessein, qui contient cinquante dixaines pour les
métiers ordinaires de quatre cent cordes. L'escalette sert pour la lecture du dessein.
ESTISSEUSES, s. f. (Manuf. en soie) petites tringles de fer qui retiennent les roquetins et les
canons dans les cantres.
ETOFFE, (Manufact. en soie) Toutes les étoffes de la manufacture en soie sont distinguées en
étoffes façonnées et en étoffes unies. On appelle étoffes façonnées, celles qui ont une figure dans
le fond, soit dessein à fleur, soit carrelé, etc. Voyez ces articles. On appelle étoffes unies, celles
qui n'ont aucune figure dans le fond. Toutes les étoffes en général, soit façonnées, soit unies, sous
quelque dénomination, genre ou espece qu'elles puissent être, ne sont travaillées que de deux
façons différentes ; savoir en satin ou en taffetas. On appelle étoffes travaillées en satin, celles
dont la marche ne fait lever que la huitieme ou la cinquieme partie de la chaîne, pour faire le
corps de l'étoffe. Voyez SATIN. On appelle étoffes travaillées en taffetas, celles dont la marche
fait lever la moitié de la chaîne, et alternativement l'autre moitié, pour faire également le corps de
l'étoffe. Voyez
TAFFETAS.
Il y a encore une espece d'étoffe appellée serge ; mais comme ce n'est qu'un diminutif du satin, et
que d'ailleurs cette étoffe n'est faite que pour doublure d'habit, elle ne doit point être comprise
sous la dénomination générale. Voyez SERGE. Toutes les étoffes travaillées en satin, soit à huit
lisses, pour lever la huitieme partie ; soit à cinq lisses, pour lever la cinquieme, doivent être
composées depuis 75 portées (la portée de 80 fils) jusqu'à 100 portées ; mais les plus ordinaires,
de 90. Toutes les étoffes travaillées en taffetas, doivent être composées depuis 40 portées simples
ou doubles, jusqu'à 160, et à proportion de leur largeur. Il y a des moeres qui ont jusqu'à 90
portées doubles ; ce qui vaut autant, pour la quantité des fils, que si elles avoient 180 portées. Les
étoffes ordinaires sont de 40 à 45 portées doubles ; ce qui vaut autant que 80 et 90 simples. Outre
les chaînes qui font le corps des étoffes façonnées, on y ajoûte encore d'autres petites chaînes
appellées poils. Ces poils sont destinés à lier la dorure dans les étoffes riches ; à faire la figure
dans d'autres étoffes, telles que les carrelés, cannelés, persiennes, doubles-fonds, ras de Sicile, etc.
et dans les velours unis ou ciselés, à faire le velours. Voyez ces articles. Il y a beaucoup d'étoffes
façonnées qui n'ont point de poil, tant de celles qui sont brochées en soie, que de celles qui sont
brochées en dorure et en soie ; ce qui dépend de la richesse de l'étoffe, ou de la volonté du
fabriquant. Cependant il est de regle, lorsqu'une étoffe passe deux onces et demie, trois onces de
dorure, de lui donner un poil, tant pour lier la dorure, que pour servir à l'accompagner. On appelle
accompagner la dorure, passer une navette garnie de deux ou trois brins de belle trame de la
couleur de la dorure même, sous les lacs où cette dorure doit être placée ; savoir d'une couleur
aurore pour l'or, et d'une couleur blanche pour l'argent. Toutes les étoffes, tant façonnées qu'unies,
soit satins, soit taffetas ; soit qu'elles ayent un poil, ou qu'elles n'en ayent point, doivent avoir une
façon de faire lever les lisses, à laquelle on donne le nom d'armure. On pourroit cependant
excepter les taffetas sans poil de cette regle, parce que la façon de faire lever les lisses dans ce
genre d'étoffe, est uniforme et égale dans toutes, de même que dans les satins ; et à proprement
parler ce n'est que le poil qui embarrasse pour l'armure, les mouvemens de la chaîne dans l'une ou
l'autre étoffe, étant simples et aisés. Voyez MANUFACTURE et ARMURE. ETUI, Boitier
renfermant les élastique (mécanique Jacquard)
F
FABRIQUANT, s. m. (Commerce) On appelle ainsi celui qui travaille ou qui fait travailler pour
son compte des ouvrages d'ourdissage de toute espece, en soie, en laine, en fil, en coton, etc. Il est
rare qu'on applique à d'autres arts le terme de fabriquant. Je crois celui de fabrique un peu plus
étendu.
FACURE, Partie tissée de l'étoffe sur le métier comprise entre le début d'enroulement du tissu
sur le rouleau avant et la dernière duite tissée.
FAGOTINES, s. f. (Commerce de soie) ce sont des petites parties de soie faites par des
particuliers. Ces soies ne sont point destinées pour des filages suivis ; elles sont très-inégales,
parce qu'elles ont été travaillées par différentes personnes ; quoique ces personnes se soient
assujetties scrupuleusement aux statuts des réglemens, il est impossible d'en former un ballot qui
ne soit pas très-défectueux. Voyez l'article SOIE. Nous n'avons en France presque que des
fagotines. Il y a trop peu d'organsin de tirage pour suffire à la quantité d'ouvrage qu'on fabrique
FAUSSE-LISSE, Sorte de peigne, mais constitué en fil de lin, servant à séparer les fils qui
appartiennent à une même dent, ou bien encore au dégagement des tenues.
FER DE VELOURS, Fine baguette de laiton que l'on utilise dans le tissage des velours aux fers.
Les fers ronds permettent de faire le velours frisé et les fers rainurés guident l'outil tranchant
(rabot) qui sectionne les fils du velours coupé. Les fers sont tissés comme des trames.
FER DE VELOURS A CANNELURE, (Instrument du métier de l'étoffe de soie.) Le fer de
velours est une petite broche de cuivre qui est applatie plus d'un côté que d'un autre, et qui a sur
un des dos une petite cannelure dans laquelle la taillerole entre pour couper le poil.
FERS DE VELOURS FRISE : les fers de velours frisé sont parfaitement ronds, et sont de fer,
au lieu que les autres sont de léton, et non de cuivre, et d'ailleurs n'ont point de cannelure.
FER DE PELUCHE : les fers de peluche ont une cannelure, comme les fers à velours, mais sont
de beaucoup plus hauts : il y a des fers de peluche qui sont de bois, quoiqu'ils soient nommés
fers.
FIL DE TOUR, Fil de chaîne qui, par une combinaison particulière, exécute lors du tissage, un
croisement alternatif à la droite et à la gauche d'un fil fixe (gaze anglaise)
FIL DROIT, Fil immobile contourné par le fil de tour dans la gaze anglaise
FILATRICES, s. f. (Soirie) femmes occupées dans les manufactures en soie, à la tirer de dessus
les cocons. Voyez l'article SOIE.
FILATRICES, (Commerce de soie) c'est une étoffe tramée de fil en fond satin.
FILATURE, s. f. (Manufact. de soie) c'est ainsi qu'on appelle les lieux où le tirage du cocon est
suivi du moulinage de la soie, tant en premier qu'en second apprêt ; de sorte qu'au sortir de la
filature, la soie soit préparée en organsin parfaite, et prête à être mise en teinture.
FILÉ, adj. pris subst. (Ruban) c'est du fil d'or ou d'argent filé sur soie, lorsqu'il est fin ; et sur fil,
lorsqu'il est faux. Le filé ne sert qu'à tramer, et ne s'employe que rarement dans la chaîne. Il y en a
de différentes grosseurs, distribuées sous différens numeros, depuis le 2 S jusqu'au 7 S. Voyez à
l'article OR, la maniere de filer l'or.
FILIERE, terme de Tireur d'Or, morceau de fer ou d'acier, percé de plusieurs trous inégaux, par
où l'on tire et fait passer l'or, l'argent, le fer, et le cuivre, pour le réduire en fils aussi déliés que
l'on veut. Ces trous, qui vont toûjours en diminuant, se nomment pertuis ; leur entrée est appellée
embouchure, et la sortie oeil ; et selon leurs différens usages on nomme ces morceaux ou plaques
de fer, calibre, ou filiere, ou ras, ou prégaton, ou fer-à-tirer. On fait passer le lingot par environ
quarante pertuis de la filiere, jusqu'à ce qu'on l'ait réduit à la grosseur d'une plume à écrire ; après
quoi on le rapporte chez le tireur-d'or pour le dégrossir, par le moyen d'un banc scellé en plâtre
qui est en maniere d'orgue, que deux hommes font tourner : là on le réduit à la grosseur d'un
ferret de lacet, en le faisant passer par vingt pertuis, ou environ, de la filiere, qu'on appelle ras.
Cela fait, et le fil d'or ayant été tiré sur un banc, appellé banc à tirer, on le fait passer par environ
vingt pertuis de la filiere appellée prégaton, jusqu'à ce qu'il soit en état d'être passé avec la petite
filiere appellée fer à tirer. On ouvre alors un pertuis appellé neuf ou fer à tirer, et on y passe le fil
d'or ; puis on retrécit ce même pertuis avec un petit marteau, sur un ras d'acier ; et ensuite non
seulement on le polit avec de petits poinçons d'acier fort fins, mais on le rabat et repolit de la
même sorte, jusqu'à ce que le fil d'or ne soit pas plus gros qu'un cheveu, en sorte qu'on puisse le
filer sur de la soie. Lorsqu'il est en cet état, on l'écache entre deux rouleaux d'un petit moulin. Ils
sont d'acier fort polis, et fort serrés sur leur épaisseur qui est d'un bon pouce, et ils en ont trois de
diametre. On met le fil d'or entre deux, et l'on en tourne un avec la manivelle. Ce rouleau fait
tourner l'autre ; et c'est ainsi que le fil s'écache : après quoi il est en état d'être filé sur la soie, pour
les différens ouvrages où l'on a dessein de l'employer. Voyez DUCTILITE. Chambers.
FLORENTINE, s. f. (Manufact. en soie) étoffe de soie fabriquée d'abord à Florence ; c'est une
espece de satin façonné, blanc ou de couleur.
FLOTTE, dans les Manufactures de soie, est synonyme à écheveau.
FONCER LA SOIE, terme de Gazier ; c'est baisser la soie après qu'elle a été levée pour y lancer
la navette ; on se sert pour cela d'un instrument appellé le pas dur, et du bâton rond. Voyez
GAZE.
FOND D'OR ou FOND D'ARGENT : étoffe de soie en or ou argent. Cette étoffe est un drap
dont le fond est toûjours tout or ou tout argent : on en fait aussi à ramages en argent sur l'or, et à
ramages en or sur les fonds d'argent avec des nuances mêlées : il s'en fabrique aussi dont les
desseins sont destinés à être tout or ou tout argent sans mélange d'or avec l'argent. Cette étoffe se
fait avec deux chaînes ; l'une pour le corps de l'étoffe qui se travaille en gros-de-Tours : l'autre,
qu'on appelle poil, et qui sert à passer une soie avec laquelle on accompagne les dorures : ensuite,
en faisant valoir ce même poil, on broche les dorures et les nuances, au moyen de l'armure qu'on
a disposé selon qu'il convient pour le dessein. Cette étoffe à Lyon est toûjours de onze vingt
quatriemes d'aune. Voyez ETOFFE DE SOIE. Nous avons dit que les fonds d'or se travailloient
communément en gros-de-Tours ; mais il s'en fait plus souvent en fond de satin. Cet ouvrage
demande un grand détail tant pour l'armure que pour le reste. Voyez ce détail à l'article
BROCARD.
FORCES, (Gazier) ce sont de petits ciseaux à ressort d'environ un demi-pié de longueur : on s'en
sert pour découvrir le brocher des gazes à fleur. Voyez GAZE. Celles des manufactures en soie
sont de la même espece.
FRAPPER, (Manuf. en soie) On dit qu'une étoffe est frappée, lorsqu'elle est bien travaillée, et
qu'elle n'est ourdie ni trop serré ni trop lâche.
FIL DE LACS, (Manuf. en soie) fil à trois bouts et fort, servant à arrêter par un entrelacement
successif et déterminé, toutes les cordes que la liseuse a retenues avec l'embarbe, en lisant ou
projettant le dessein sur le semple. Je dis en projettant ; car tout l'art des étoffes figurées n'est
qu'une projection de dessus le papier reglé, où le dessein a été tracé sur le semple, et de dessus le
semple sur la chaîne dont la trame ou l'ourdissage arrête différens points diversement colorés et
diversement distribués, qui exécutent le dessein ; artifice qui, s'il avoit été imaginé par un seul
homme, montreroit autant de sagacité et d'étendue qu'il étoit possible d'en avoir ; mais c'est
l'invention de plusieurs hommes qui l'ont perfectionné successivement.
FOULE, Ouverture produite par l'écartement des nappes de chaîne et par où l'on introduit la
navette
FOURCHETTE, Outil pour redresser les crochets qui viennent à se courber à l'intérieur de la
mécanique Jacquard
FRAPPE, Action du peigne qui tasse la trame
FRAPPER, (Manuf. en soie) On dit qu'une étoffe est frappée, lorsqu'elle est bien travaillée, et
qu'elle n'est ourdie ni trop serré ni trop lâche.
FUSEAU, Le fuseau est une tige de métal qui leste l'arcade et sa maille par le bas
G
GALET, Poulie sans rainure, placée dans l'enfourchement de la vis de presse (mécanique
Jacquard)
GAREUR, C'est le mécanicien qui règle et répare les métiers à tisser
GAVASSINES, s. f. pl. partie du métier d'étoffe de soie. La gavassine est une ficelle de
moyenne grosseur, d'une aune de long, à laquelle on fait une boucle dans le milieu, pour le
passage d'une corde de bonne grosseur, qu'on appelle gavassiniere. La gavassine a deux bouts,
entre lesquels on place une petite corde qui fait partie de la gavassiniere, et qui sert à faciliter la
tireuse dans le choix du lac.
GAVASSINIERE, s. f. partie du métier d'étoffe de soie ; c'est ainsi qu'on appelle l'assemblage
d'une grosse corde et d'une petite qui descendent à côté du semple, auxquelles on enfile les
gavassines. La gavassiniere est attachée à l'arbaleste.
GANSE, (Manufact. en soie) petite poignée de gavassines auxquelles les lacs sont arrêtés, et que
la tireuse attache avec une corde. Faire les ganses, c'est arrêter la même poignée de gavassines,
afin que tous les lacs ne tombent pas sur la main de la tireuse.
GUERIDON, (Manuf. en soie) machine qui a la forme de ce meuble, mais dont le plateau est
divisé en petites cases, où l'on place les espolins qu'on est obligé d'ôter de dessus l'étoffe quand
on ne s'en sert pas.
GUINDRE, s. m. (Manufactures en soie) petites tournettes de roseau sur lesquelles on met les
écheveaux de soie à devider ; elles ont ordinairement quatorze à quinze pouces de diamêtre sur
dix pouces de hauteur.
GUIMPERIE, Profession qui consistait à enrouler la dorure autour d'une âme (fil) de soie, pour
être utilisé dans le tissage des fils d'or ou d'argent.
GROS-DE-TOURS, et GROS-DE-NAPLES, s. m. (Manufacture en soie) étoffe de soie, dont la
chaîne et la trame sont plus fortes qu'au taffetas. La différence du gros-de-Tours et du gros-deNaples consiste en ce que la trame et la chaîne de celui-ci sont encore plus fortes qu'au gros-deTours, ce qui lui donne un grain plus saillant. Il y en a d'unis, de rayés, de façonnés, de brochés
en soie, et en dorure. Ceux-ci ne different du taffetas, qu'en ce qu'au lieu de deux coups de
navette qu'on passe au taffetas entre les lacs brochés, on n'en passe qu'un ici ; mais en revanche la
trame en doit être d'autant plus grosse, n'y ayant qu'une duie ou un croisé entre les brochés, au
lieu qu'il y en a deux au taffetas. Le liage doit aussi différer. Il le faut prendre sur chaque lisse,
c'est-à-dire de 4 le 5, afin qu'à chaque coup de navette, on puisse faire baisser la lisse sur laquelle
se trouvent les fils qui doivent lier. Ainsi dans l'ordre du remettage, la premiere lisse fournira le
fil de la premiere lisse de liage ; la seconde, celui de la seconde de liage, et ainsi des deux autres.
Si l'on veut commencer à lier par la premiere lisse, pour éviter la contrariété, on fera lever la
seconde et la quatrieme au premier coup ; au second coup, où la seconde lisse de liage doit
baisser, on fera lever la premiere et la troisieme ; au troisieme coup, où la troisieme lisse de liage
doit baisser, on fera lever la seconde et la quatrieme ; et au quatrieme et dernier coup du course,
où la quatrieme lisse de liage doit baisser, on fera lever la premiere et la troisieme lisse. Il ne faut
pas oublier que dans les taffetas et gros-de-Tours façonnés ou à la tire, les fils sont doubles à
chaque maille, et passés comme dans les satins brochés ; mais comme ces étoffes levent la chaîne
moitié par moitié, et qu'il y auroit à craindre que les fils de dessous ne suivissent ceux de dessus,
ou qui levent, on a soin de mettre à ces étoffes autant de lisses, pour rabattre, que de lisses pour
lever, c'est-à-dire quatre de chaque façon ; de maniere que quand la premiere lisse et la troisieme
levent, on a soin de faire baisser la seconde et la quatrieme : ce qui fait que l'ouverture est nette et
que l'étoffe vient parfaite. Pareillement quand on fait lever la seconde et la quatrieme, on fait
baisser la premiere et la troisieme.
Voici l'armure du gros-de-Tours broché à l'ordinaire.
On fait aussi des gros-de-Tours dans lesquels on ne fait point baisser de lisses de rabat au coup de
fond : parce qu'on tire un lac qui fait une figure ordinairement delicate, et qui ne paroîtroit pas, si
on faisoit rabattre la moitié ; elle ne formeroit pour lors que le gros-de-Tours ordinaire, comme si
on ne tiroit point du-tout : au lieu que le rabat ne baissant point, cette figure embellit le fond. Il
faut pour ce genre d'étoffe une soie très-belle, afin que les fils qui ne levent point, ne suivent pas
en partie ceux qui levent. C'est la même démonstration pour le taffetas façonné que pour le grosde-Tours, avec cette différence qu'au taffetas façonné, au lieu de commencer le liage par la
quatrieme lisse, il faudroit le commencer par la premiere, afin d'éviter la contrariété des
mouvemens dont a parlé ci-dessus, et contre laquelle on ne peut trop se mettre en garde.
H
HARNAIS, Ensemble des cordes ou arcades soulevant les fils de chaîne sur les métiers de
façonnés.
HAUSSES, (terme de manufacture en soie) il y en a de deux sortes ; la hausse de carette, et la
hausse de cassin. Voyez CARETTE et CASSIN. La premiere se dit de petits coins qui servent à
élever la carette à mesure que le rouleau de l'étoffe grossit, afin que les lisses soient toûjours à
fleur de la chaîne. La seconde se dit des traverses de bois qu'on met au brancard du cassin pour
l'élever quand les semples sont trop longs. Voyez LISSES, SEMPLES et SOIE.
I
IMPANISSURE, Souillure, tâche sur le tissu ou le fil.
J
JOINTE, s. f. (Manufacture en soie) c'est une partie d'organsin devidée sur des rochets pour
nouer les fils qui cassent. La jointe est de la couleur de la chaîne ou du poil.
JOINTE, Nom des roquets et du fil de soie qu'il porte disposés çà et là à portée de main pour
réparer des fils de chaîne cassés ou écorchés.
JUMELLES, Parties montantes de la mécanique Jacquard
JUMELLES, Traverses supérieure et inférieure d’un peigne à tisser
L
LAC, (Soirie) partie du métier d'étoffe de soie. Le lac est fait d'un gros fil qui forme d'un seul
bout plusieurs boucles entrelacées dans les cordes du semple, voyez SEMPLE et SOIE, et qui
tiennent à la gavassine, voyez GAVASSINE. La poignée de boucles s'appelle le lac. Quand la
tireuse, voyez TIREUSE, amene le lac à elle, elle amene aussi toutes les cordes de semple qu'elle
doit tenir ; ces cordes sont comprises dans le lac. Voilà le lac ordinaire. Le lac à l'angloise est un
entrelacement de fil qui prend toutes les cordes du semple les unes après les autres, pour aider à
la séparation des prises quand on fait les lacs ordinaires. Le fil de lac à trois bouts, est fort ; il
arrête par l'entrelacement suivi les cordes que la liseuse a retenues avec l'embarbe, voyez LIRE et
nos Pl. de Soierie.
LAME, (Boutonnier) c'est de l'or ou de l'argent, trait fin ou faux, qu'on a battu et applati entre
deux rouleaux d'acier poli, pour le mettre en état d'être facilement tortillé ou filé sur un brin de
soie ou de fil. Quoique l'or et l'argent en lame soit presque toujours destiné à être filé sur la soie
ou le fil, on ne laisse pas que d'en employer sans être filé dans la fabrique de quelques étoffes et
rubans, et même dans les broderies, dentelles, galons et autres ouvrages semblables pour les
rendre plus riches et plus brillans.
LAMES, (Soieries) partie du battant. Ce sont, dans le métier à fabriquer des étoffes, des planches
de noyer de cinq à six pouces de large, d'un pouce d'épaisseur, pour soutenir et porter le dessus du
battant au moyen d'une mortaise juste et bien chevillée, pratiquée de chaque côté. Le dessus du
battant ou la poignée a également une mortaise de chaque côté, dans laquelle elle entre librement
pour laisser la facilité de la lever et baisser, quand on veut sortir le peigne. Voyez BATTANT. Il
y a aussi une partie qu'on appelle porte-lame. Voyez METIER EN SOIE, à l'article SOIERIE.
LAME, chez les Tisserands et autres ouvriers qui travaillent avec la navette, signifie la partie de
leur métier, qui est faite de plusieurs petites ficelles attachées par les deux bouts à de longues
tringles de bois, appellées liais. Chacune de ces ficelles, appellées lisses, a dans son milieu une
petite boucle de la même corde, ou un petit anneau de fer, d'os etc, à-travers desquels sont passés
les fils de la chaîne de la toile que l'on veut travailler. Les lames, qui sont suspendues en l'air par
des cordes passées dans des poulies au haut du métier des deux côtés, servent par le moyen des
marches qui sont en bas, à faire hausser et baisser alternativement les fils de la chaîne, entre
lesquels on glisse la navette, pour porter successivement le fil de la trame d'un côté à l'autre du
métier.
LAMETTES, s. f. (Soierie) ce sont, dans le métier de l'ouvrage en étoffes de soie, de petites
lames de bois, d'une ligne d'épaisseur, servant à soutenir les carreaux des lisses qui passent entre
les carquerons ou calquerons, et qui s'usent moins que la corde.
LANTERNE, Pièce en fer au moyen de laquelle le cylindre opère son mouvement de rotation
LAT, C'est la navette et sa duite lorsqu'elle est utilisée. Par exemple un tissu 3 lats demande
l'utilisation de 3 navettes.
LEVER LE SEMPLE, (Manufacture en soie) c'est remonter les lacs et les gavassines d'un
semple pour travailler l'étoffe.
LIAGE, fil de, (Manufacture en soie) il se dit du fil qui lie la dorure ou la soie.
LIAGE, lisse de, c'est celle qui fait baisser les fils qui lient la dorure et la soie.
LISAGE, Le lisage consiste à lire la carte du dessin et perforer les cartons Jacquard
LISÉRÉ, s. m. (Brodeur) c'est le travail qui s'exécute sur une étoffe, en suivant le contour des
fleurs et du dessein avec un fil ou un cordonnet d'or, d'argent ou de soie.
LISSES, Pour beaucoup de tisserands, les lisses sont les tiges métalliques comportant en leur
centre un maillon, et placées sur les cadres. A Lyon, on les nomme mailles alors que l'on nomme
lisses les cadres lorsque les mailles sont en fil, toutes enfilées en haut et en bas sur des règles de
bois fines nommées lisserons.
LISSES, terme de Gazier, ce sont des perles d'émail percées par le milieu, et à-travers desquelles
passent les fils de la chaîne. Chaque métier a deux têtes de lisses, et chaque tête de lisses porte
mille perles, si la gaze doit avoir une demi-aune de largeur. Mais si elle doit être plus ou moins
large, il faut augmenter ou diminuer le nombre des perles à raison de 500 perles pour chaque
quart d'aune qu'on veut donner de plus ou de moins à la gaze. Voyez GAZE.
LISSES, tête de, (terme de Gazier) qui signifie le haut des lisses dont se servent ces artisans à
l'endroit où elles sont arrêtées sur les lisserons. Voyez LISSES et GAZE.
LISSES, (Rub.) instrument servant à passer les chaînes. (Voyez PASSER EN LISSES.) Elles
sont de fil bis de Flandres, voici leur fabrique ; on tend d'abord une menue ficelle fixée en L, ou
à-l'entour de la chevillette qui en est proche ; l'autre bout portant seulement et librement sur
l'autre bout de la piece D, est tenu tendu par le poids de la pierre M ; c'est cette ficelle qui formera
la tête de la lisse ; le bout de fil de Flandres qui est contenu sur le rochet N, est attaché à cette
ficelle, au moyen de plusieurs noeuds ; en passant N dans les tours de ce fil, en I du côté A pour
revenir en B, ce fil ainsi arrêté est passé simple sur la traverse K par la main droite, et reçu par la
gauche en dessous le lissoir ; cette main le rend à la droite qui le passe à-l'entour de la ficelle L,
en commençant ce passage par-dessus, et faisant passer N à-travers une boucle formée par le
même fil, ce qui forme un noeud coulant qui s'approche du premier fait, et cela à chaque tour que
fera N ; les différens tours que l'on va continuer de même formeront la moitié de la lisse; il faut
observer que l'on met un petit bâton que l'on voit en G G, qui s'applique et est tenu contre cette
traverse dès le premier tour de fil que l'on fait sur lui ; des différens tours de fil que l'on va faire,
l'un passera sur ce bâton, et l'autre dessous, toujours alternativement, ce qui rendra ces tours
d'inégale longueur ; on fera voir pourquoi cette inégalité : ceci fait autant de fois que l'on veut et
que la lisse peut l'exiger, le bout de fil arrêté comme au commencement ; voilà la moitié de la
lisse faite, qui après cela est ôtée de dessus le lissoir pour y être remise d'abord, après avoir écarté
les traverses en distance convenable et double pour faire l'autre partie ; pour cela, la partie faite
remise sur la traverse en K K, où se place une autre personne, ordinairement un enfant qui est
assez capable pour cela ; cet enfant présente à l'ouvriere toujours placée en I I, chacun des tours
de la partie faite ; l'ouvriere reçoit ce tour ouvert avec les doigts de la main gauche, qui lui est
présenté par la droite de l'enfant, qui tient la totalité avec la gauche, observant de ne présenter que
celui qu'il faut, et suivant l'ordre dans lequel les tours ont été placés sur la ficelle ; l'ouvriere
passe le rochet N à-travers ce tour, comme on le voit en X Y, puis elle le tourne à-l'entour de la
ficelle L, comme quand elle a fait la premiere partie expliquée plus haut ; ces différens tours lui
sont aussi présentés l'un après l'autre par-dessous le lissoir pour continuer la même opération, qui
de la part de l'enfant se nomme tendre ; on entend par ce qui a été dit en haut, qu'il est tendu
tantôt un tour plus long, plus un peu plus court, parce qu'ils ont tous cette figure, et cela
alternativement, et c'est ce qui formera la diverse hauteur des bouclettes que l'on voit en H I,
l'usage en est expliqué à l'article PASSER EN LISSE ; il faut laisser la ficelle sur laquelle la
lisse est montée, excéder par chacune des quatre extrémités de la longueur de 8 ou 10 pouces, ce
qui servira à l'enlisseronner. Voyez LISSERONS. A l'égard des lisses à maillons qui sont
fabriquées de la même maniere, excepté qu'elles sont de menues ficelles au lieu de fil, voici ce
qu'il y a de particulier : tous les maillons sont enfilés dans la ficelle par la partie A, et toutes les
fois que l'ouvriere forme un tour, elle laisse un de ces maillons en-dessus ; et lorsqu'il s'agit de
former la seconde partie, à chaque tour qu'elle fait, il faut que le bout de cette ficelle ne soit pas
pour lors sur le rochet N, puisqu'il faut que le tout passe successivement par le trou B du maillon
pour être arrêté à chaque tour, comme il a été expliqué en parlant des lisses ; les hautes lisses qui
sont de ficelle, comme celles des lisses à maillon, n'ont d'autre différence de celles-là, qu'en ce
que la fonction des deux parties se fait également, c'est-à-dire, sur la même ligne ;
conséquemment les bouclettes se trouvent paralleles, comme on le voit dans la fig. A A, B B, à
l'endroit marqué C C, juste au milieu de la haute lisse, ici représentée (mais dont il faut réformer
le lisseron qui est trop grossier). Pour revenir à l'inégalité des différentes mailles de la lisse
expliquée plus haut, il faut entendre que les soies de la chaîne qui y seront passées, y sont placées
ainsi, en commençant par le premier brin ; ayant choisi les deux mailles qu'il faut, on passe le
brin de soie ou fil de chaîne dans ces deux mailles, d'abord sur la bouclette de l'une, puis sous
celle de l'autre ; de sorte que ces deux mailles font l'effet du maillon qui est de tenir la soie
contrainte de ne pas céder, soit en haussant, soit en baissant, que suivant le tirage operé par les
marches. Le contraire arrive dans les hautes lisses, auxquelles il faut des bouclettes sur le même
niveau : les rames qui y sont passées ne devant que hausser à mesure que la haute lisse qui les
contient levera, doivent y être toutes passées sur et jamais sous la bouclette, par conséquent il ne
faut qu'une maille pour une rame ; mais les soies de la chaîne devant hausser et baisser, doivent
nécessairement être passées chaque brin dans deux mailles de la lisse, pour être susceptibles de ce
double mouvement.
LISSES, (Manufact. en soie) ce sont des boucles de fil entrelacées, dans lesquelles on passe les
fils de la chaîne pour les faire lever ou baisser ; il y en a de diverses sortes. Les lisses à grand
colisse servent à passer les fils de poil dans les étoffes riches. Elles sont composées d'une maille
haute et d'une maille basse alternativement, de façon que le colisse a environ 3 pouces de
longueur. L'action de ces lisses est de faire baisser ou hausser le fil, selon que l'ouvriere l'exige.
Les lisses à petit-colisse, sont à petites boucles, arrêtées par un noeud ; elles ne servent qu'aux
étoffes unies. On donne le même nom à celles dont la maille est alternativement, l'une sur une
ligne plus basse que l'autre, afin que les fils disposés sur une hauteur inégale, ne se frottent pas,
comme il arriveroit s'ils étoient sur une même ligne. Les lisses de rabat, ce sont celles sous la
maille desquelles les fils sont passés pour les faire baisser. Les lisses de liage, ce sont celles sous
lesquelles les fils qui doivent lier la dorure dans les étoffes sans poil, sont passés pour les faire
baisser.
LONGUEUR, Partie de la chaîne sur le métier, située entre le rouleau arrière et le corps de
remisse.
LOQUETS, Crochets servant à faire opérer la rotation du cylindre
LUNETTE, Accessoire permettant de suspendre les cannes d'enverjure durant le remettage
LUSTRAGE, s. m. (Manuf. en soie) machine composée d'un chassis fort, à la traverse duquel et
d'un côté sont deux crochets fixes ; d'une écroue de deux pouces de diametre attachée à une
grande roue, dans laquelle entre une vis de pareille grosseur, dont la tête traverse une coulisse
mouvante, à laquelle sont fixés deux autres crochets vis-à-vis des deux autres, et de deux boulons
de fer polis et tournés qu'on place dans les deux crochets de chaque côté. Cet assemblage sert à
lustrer la soie, et sur-tout la grosse. Pour cet effet, on prend une quantité d'echevaux de soie
teinte, qu'on met autour des boulons entre les deux crochets ; on a l'attention de les bien égaliser.
Puis on tourne la roue qui, au moyen de l'écroue, tirant la coulisse et la vis, donne une si forte
extension à la soie, qu'elle en augmente le brillant. On laisse la soie tendue pendant un certain
tems, après quoi on la leve pour en mettre d'autre.
LUSTRINE, s. f. (Manufacture en soie) espece d'étoffe dont on connoîtra suffisamment la
qualité, d'après ce que nous en allons dire. On distingue plusieurs sortes de lustrine. Il y a la
lustrine à poil, la lustrine sans poil, la lustrine courante, et la lustrine rebordée ou liserée et
brochée. De la lustrine sans poil. Quoique cette étoffe ne soit guere de mode aujourd'hui,
cependant comme elle peut revenir, et qu'il s'en fabrique chez l'étranger, il ne sera pas inutile d'en
donner une idée ; elle se fabrique à douze lisses, huit de satin, quatre de liage, et quatre de
rabat. Voy. les articles LISSES et SATIN. On entend par le rabat quatre lisses dont les fils sont
passés sous la maille, comme au liage, avec cette différence, qu'à la premiere et à la seconde lisse,
les fils sont passés sous la premiere lisse de rabat, et qu'à la troisieme et quatrieme ils sont passés
sous la seconde lisse de rabat ; à la cinquieme et sixieme, sous la troisieme ; et à la septieme et
huitieme, sous la quatrieme ; de maniere que les quatre lisses contiennent tous les fils de huit
lisses de satin. Par cette distribution on se propose d'exécuter sur cette étoffe une figure qui imite
exactement le gros-de-Tours. Pour cet effet, la soie qui est tirée aux deux coups de navette de la
premiere et seconde marches, est abaissée moitié net par deux lisses de rabat qu'on a soin de faire
baisser sur chacun des deux coups qui sont passés sous la premiere et seconde marche, où il n'y a
plus de liage par rapport au rabat ; observant de faire baisser les mêmes lisses sous la premiere et
seconde marche, qui sont la premiere et la troisieme de rabat ; sous la troisieme et quatrieme
marche, la seconde et la quatrieme de rabat ; sous la cinquieme et sixieme, la premiere et la
troisieme ; enfin sous la septieme et la huitieme, la seconde et quatrieme, en se servant d'une
seule navette pour aller et venir chaque coup, et la trame de la couleur de la chaîne. De la lustrine
courante. Si la lustrine est courante, à une seule navette, il ne faut que huit marches : si c'est à
deux navettes qui fassent figures, comme aux satins en fin, il en faut douze ; et si elle est brochée
et à deux navettes, il en faut seize et pas plus. Armure d'une lustrine à une seule navette. Armure
d'une lustrine courante à deux navettes seulement, c'est-à-dire rebordée et liserée. On voit par
cette démonstration, que la premiere et seconde marche ne font baisser que deux lisses de rabat ;
la troisieme, une seulement de liage, pour arrêter la soie de couleur qui doit faire la figure ; la
sixieme, la seconde de liage ; la neuvieme, la troisieme de liage ; et la douzieme, la quatrieme de
liage. Il faut observer à l'égard du rabat, que si l'on faisoit baisser aux deux premiers coups de
navette la premiere et la seconde lisse de rabat, on feroit baisser quatre fils de suite, ce qui seroit
défectueux dans la figure lustrinée, par le vuide de ces quatre fils baissés ; au lieu qu'en faisant
baisser la premiere et la troisieme, il ne peut baisser que deux fils en une seule place, et deux
levés par la tire ; et qu'un fil double ou deux fils ensemble, comme les fils passés sous le rabat,
levant et baissant alternativement, forment le grain de gros-de-Tours. Armure d'une lustrine
rebordée ou lisérée et brochée. On donne le nom de liserée à une étoffe dont une navette fait une
figure dans le fond, avec la soie arrêtée par le liage, et lorsque cette figure est grande, et forme un
ornement ou feuillage ; mais lorsque la figure ne compose qu'une espece de trait qui environne
des figures plus grandes, ou une tige dont les feuilles sont différentes, alors on dit qu'elle est
rebordée. De la lustrine à poil. On en fabrique peu aujourd'hui ; c'est cependant la plus belle et la
plus délicate de toutes les étoffes riches. Elle est ordinairement composée de quatre-vingt-dix
portées de chaîne, et de quinze de poil, de la couleur de la dorure. Les poils dont on parlera dans
les étoffes riches, ne servent qu'à lier la dorure et l'accompagnage. On donne le nom
d'accompagnage à trois ou quatre brins de la plus belle trame, qui sont passés sous les mêmes
lacs de la dorure qui domine dans l'étoffe. Cet accompagnage est arrêté par deux lisses de poil qui
doivent baisser quand les lacs de dorure sont tirés. Des deux lisses qui baissent pour
l'accompagnage, on doit avoir soin de choisir celle qui doit lier la dorure quand le coup est passé,
et celle qui doit la lier le coup suivant : les lisses qui contiennent le poil dans les étoffes riches,
doivent être toutes à grand colisse, c'est-à-dire à mailles doubles, une pour faire lever le fil, et
l'autre pour le faire baisser. Le colisse aura deux pouces et demi de longueur et plus, afin que le
fil ne soit point arrêté par la tire. Enfin les lisses doivent être attachées de maniere à faire
successivement l'opération des lisses de fond et des lisses de rabat. Voyez ARMURE. La chaîne
satin, et quatre de rabat, et le poil sur quatre lisses à grand colisse qui servent de liage à la dorure
et à la soie. C'est pourquoi il doit être de la couleur de la dorure. L'armure de la lustrine pour la
chaîne, est semblable à celle de la lustrine sans poil, pour les huit lisses de satin ; à l'égard du
rabat, il ne baisse que sur le premier coup de lustrine ; le second coup de navette est la rebordure,
et le troisieme coup qui est celui d'accompagnage, leve une lisse de satin, qui est la deuxieme
pour le premier coup. Pour le poil, la premiere marche leve les trois lisses, et laisse celle qui doit
lier la dorure ; la seconde pour la rebordure, ne leve que deux lisses de poil, et baisse celle qui
doit lier la soie et la dorure, afin que ce coup soit lié. Elle laisse celle qui doit baisser le coup
suivant, à l'accompagnage, pour ne la pas contrarier, et ainsi des autres. Avant que de donner
l'armure, il faut se souvenir que l'on n'a marqué que les lisses de poil, pour lever et pour baisser,
leur fonction étant pour l'un et l'autre ; que, quoique les lisses de rabat soient marquées O,
cependant c'est pour baisser, leur fonction ne s'étendant pas à un autre jeu ; il en est de celles du
fond pour lever, comme de celles de rabat pour baisser ; que ceci doit s'entendre des lisses de
fond et de rabat, en quelqu'endroit qu'il en soit parlé ; et que toutes les autres lisses marquées O
doivent lever, et les autres marquées * doivent baisser, et que les branches ne levent ni ne
baissent dans le poil. Armure d'une lustrine à poil. On voit par cette démonstration, que la
premiere marche leve la premiere de satin, fait baisser la deuxieme et quatrieme de rabat ; fait
lever les trois premieres de poil, et laisse en l'air la quatrieme qui doit lier la rebordure, les soies
et la dorure. Que la seconde marche leve la premiere et la seconde de poil, fait baisser la
quatrieme pour lier la soie ; qu'elle passe et laisse en l'air la troisieme qui doit baisser au coup
d'accompagnage suivant. Que la troisieme leve selon l'ordre et l'armure du satin. Que la
quatrieme baisse la quatrieme et la troisieme de poil, et leve la premiere et la seconde. Que la
quatrieme leve la septieme de chaîne ou de satin, baisse la premiere et la troisieme de rabat, leve
la premiere, la seconde, et la quatrieme de poil, et laisse en l'air la troisieme qui doit lier.
Que la cinquieme leve la premiere et la quatrieme de poil, baisse la troisieme, et laisse en l'air la
deuxieme qui doit baisser au coup d'accompagnage suivant. Que la sixieme leve la deuxieme de
satin, baisse la deuxieme et la troisieme de poil pour accompagner, et leve la premiere et la
quatrieme. Que la septieme leve la cinquieme de satin, baisse la deuxieme et la quatrieme de
rabat, leve la premiere, la quatrieme et la troisieme de poil, et laisse en l'air la deuxieme qui doit
servir au liage. Que la huitieme leve la troisieme et la quatrieme, baisse la deuxieme qui doit lier,
et laisse en l'air la premiere qui doit accompagner au coup qui suit. Que la neuvieme leve la
huitieme de satin, baisse la premiere et la deuxieme de poil pour accompagner, leve la troisieme
et la quatrieme. Que la dixieme leve la troisieme de satin, baisse la premiere et la troisieme de
rabat, leve la deuxieme, la troisieme, et la quatrieme de poil, et laisse en l'air la premiere qui doit
lier au coup qui suit. Que la onzieme leve la deuxieme et la troisieme de poil, baisse la premiere,
et laisse en l'air la quatrieme qui doit accompagner au coup suivant. Que la douzieme enfin leve
la premiere de satin, la deuxieme et la troisieme de poil, et baisse la premiere et la quatrieme pour
accompagner. Tous les trois coups de navette passés, on baisse une marche de liage, pour
brocher. On voit que la lisse qui baisse à chaque coup, est la même qui étoit en l'air au coup de
lustrine, et qui baisse seule au coup de rebordure. On met ordinairement un quinze de peigne aux
lustrines, ce qui fait douze fils par deux ; et quand on met un dix-huit de peigne, il faut un poil de
dix-huit portées, ce qui fait dix fils par deux, et tout les cinq fils de chaîne un fil de poil. La
lustrine a un beau satin, un beau gros-de-Tours figuré, et une belle dorure par l'accompagnage.
Il est évident par cette armure que le mouvement du poil à l'accompagnage, est précisément celui
du raz-de-saint-Maur, ou du raz-de-saint-Cyr ; et comme tous les accompagnages sont les mêmes
dans les étoffes riches, excepté celles qui sont liées par la corde ou la découpure, dont
l'accompagnage doit toujours être armé en taffetas ou gros-de-Tours ; nous nous servirons du
terme de raz-de-saint-Maur, pour le mouvement des lisses, le même que celui de la serge, quand
elle n'a que quatre lisses.
M
MAILLE, Voir Lisse
MAILLON, Petit ovale de verre ou métal ayant au moins 3 trous.
MAILLON, instrument du métier d'étoffe de soie. Le maillon est un anneau de verre de la
longueur d'un pouce environ ; il a trois trous, un à chaque bout, qui sont ronds, et dans lesquels
passent d'un côté la maille de corps pour suspendre le maillon, et à l'autre un fil un peu gros pour
tenir l'aiguille de plomb qui tient le tout en raison. Ces deux trous sont séparés par un autre de la
longueur d'un demi-pouce environ, au-travers duquel l'on passe un nombre de fils de la chaîne
proportionné au genre d'étoffe.
MAIN DE SOIE, (Soierie) ce sont quatre pantimes tordues ensemble. Voyez l'article
PANTIME.
MANCHON, Ensemble des cartons laçés de la mécanique Jacquard
MANUFACTURE, s. f. lieu où plusieurs ouvriers s'occupent d'une même sorte d'ouvrage.
MANUFACTURE, REUNIE, DISPERSEE. Tout le monde convient de la nécessité et de
l'utilité des manufactures, et il n'a point été fait d'ouvrage ni de mémoire sur le commerce général
du royaume, et sur celui qui est particulier à chaque province, sans que cette matiere ait été
traitée; elle l'a été même si souvent et si amplement, qu'ainsi que les objets qui sont à la portée de
tout le monde, cet article est toujours celui que l'on passe ou qu'on lit avec dégoût dans tous les
écrits où il en est parlé. Il ne faut pas croire cependant que cette matiere soit épuisée, comme elle
pourroit l'être, si elle n'avoit été traitée que par des gens qui auroient joint l'expérience à la
théorie; mais les fabriquans écrivent peu, et ceux qui ne le sont pas n'ont ordinairement que des
idées très-superficielles sur ce qui ne s'apprend que par l'expérience. Par le mot manufacture, on
entend communément un nombre considérable d'ouvriers, réunis dans le même lieu pour faire
une sorte d'ouvrage sous les yeux d'un entrepreneur ; il est vrai que comme il y en a plusieurs de
cette espece, et que de grands atteliers sur-tout frappent la vûe et excitent la curiosité, il est
naturel qu'on ait ainsi réduit cette idée ; ce nom doit cependant être donné encore à une autre
espece de fabrique ; celle qui n'étant pas réunie dans une seule enceinte ou même dans une seule
ville, est composée de tous ceux qui s'y emploient, et y concourent en leur particulier, sans y
chercher d'autre intérêt que celui que chacun de ces particuliers en retire pour soi-même. De-là on
peut distinguer deux sortes de manufactures, les unes réunies, et les autres dispersées. Celles du
premier genre sont établies de toute nécessité pour les ouvrages qui ne peuvent s'exécuter que par
un grand nombre de mains rassemblées, qui exigent, soit pour le premier établissement, soit pour
la suite des opérations qui s'y font, des avances considérables, dans lesquelles les ouvrages
reçoivent successivement différentes préparations, et telles qu'il est nécessaire qu'elles se suivent
promtement ; et enfin celles qui par leur nature sont assujetties à être placées dans un certain
terrein. Telles sont les forges, les fenderies, les trifileries, les verreries, les manufactures de
porcelaine, de tapisseries et autres pareilles. Il faut pour que celles de cette espece soient utiles
aux entrepreneurs. 1°. Que les objets dont elles s'occupent ne soient point exposés au caprice de
la mode, ou qu'ils ne le soient du moins que pour des varietés dans les especes du même genre.
2°. Que le profit soit assez fixe et assez considérable pour compenser tous les inconvéniens
auxquels elles sont exposées nécessairement, et dont il sera parlé ci-après. 3°. Qu'elles soient
autant qu'il est possible établies dans les lieux mêmes, où se recueillent et se préparent les
matieres premieres, où les ouvriers dont elles ont besoin puissent facilement se trouver, et où
l'importation de ces premieres matieres et l'exportation des ouvrages, puissent se faire facilement
et à peu de frais. Enfin, il faut qu'elles soient protégées par le gouvernement. Cette protection doit
avoir pour objet de faciliter la fabrication des ouvrages, en modérant les droits sur les matieres
premieres qui s'y consomment, et en accordant quelques privileges et quelques exemptions aux
ouvriers les plus nécessaires, et dont l'occupation exige des connoissances et des talens ; mais
aussi en les réduisant aux ouvriers de cette espece, une plus grande extension seroit inutile à la
manufacture, et onéreuse au reste du public. Il ne seroit pas juste dans une manufacture de
porcelaines, par exemple, d'accorder les mêmes distinctions à celui qui jette le bois dans le
fourneau, qu'à celui qui peint et qui modele ; et l'on dira ici par occasion, que si les exemptions
sont utiles pour exciter l'émulation et faire sortir les talens, elles deviennent, si elles sont mal
appliquées, très-nuisibles au reste de la société, en ce que retombant sur elles, elles dégoutent des
autres professions, non moins utiles que celles qu'on veut favoriser. J'observerai encore ici ce que
j'ai vû souvent arriver, que le dernier projet étant toujours celui dont on se veut faire honneur, on
y sacrifie presque toujours les plus anciens : de-là le peuple, et notamment les laboureurs qui sont
les premiers et les plus utiles manufacturiers de l'état, ont toujours été immolés aux autres ordres ;
et par la raison seule qu'ils étoient les plus anciens, ont été toujours les moins protégés. Un autre
moyen de protéger les manufactures, est de diminuer les droits de sortie pour l'étranger, et ceux
de traite et de détail dans l'intérieur de l'état. C'est ici l'occasion de dire que la premiere, la plus
générale et la plus importante maxime qu'il y ait à suivre sur l'établissement des manufactures, est
de n'en permettre aucune (hors le cas d'absolue nécessité) dont l'objet soit d'employer les
principales matieres premieres venant de l'étranger, si surtout on peut suppléer par celles du pays,
même en qualité inférieure. L'autre espece de manufacture est de celles qu'on peut appeller
dispersées, et telles doivent être toutes celles dont les objets ne sont pas assujettis aux nécessités
indiquées dans l'article ci-dessus ; ainsi tous les ouvrages qui peuvent s'exécuter par chacun dans
sa maison, dont chaque ouvrier peut se procurer par lui-même ou par autres, les matieres
premieres qu'il peut fabriquer dans l'intérieur de sa famille, avec le secours de ses enfans, de ses
domestiques, ou de ces compagnons, peut et doit faire l'objet de ces fabriques dispersées. Telles
sont les fabriques de draps, de serges, de toiles, de velours, petites étoffes de laine et de soie ou
autres pareilles. Une comparaison exacte des avantages et des inconvéniens de celles des deux
especes le feront sentir facilement. Une manufacture réunie ne peut être établie et se soutenir
qu'avec de très-grands frais de bâtimens, d'entretien de ces bâtimens, de directeurs, de contremaitres, de teneurs de livres, de caissiers, de préposés, valets et autres gens pareils, et enfin
qu'avec de grands approvisionnemens : il est nécessaire que tous ces frais se répartissent sur les
ouvrages qui s'y fabriquent, les marchandises qui en sortent ne peuvent cependant avoir que le
prix que le public est accoutumé d'en donner, et qu'en exigent les petits fabriquans. De-là il arrive
presque toujours que les grands établissemens de cette espece sont ruineux à ceux qui les
entreprennent les premiers, et ne deviennent utiles qu'à ceux qui profitant à bon marché de la
déroute des premiers, et réformant les abus, s'y conduisent avec simplicité et économie ; plusieurs
exemples qu'on pourroit citer ne prouvent que trop cette vérité. Les fabriques dispersées ne sont
point exposées à ces inconvéniens. Un tisserand en draps, par exemple, ou emploie la laine qu'il a
recoltée, ou en achete à un prix médiocre, et quand il en trouve l'occasion, a un métier dans sa
maison où il fait son drap, tout aussi-bien que dans un attelier bâti à grands frais ; il est à luimême, son directeur, son contre-maître, son teneur de livres, son caissier, etc. se fait aider par sa
femme et ses enfans, ou par un ou plusieurs compagnons avec lesquels il vit ; il peut par
conséquent vendre son drap à beaucoup meilleur compte que l'entrepreneur d'une manufacture.
Outre les frais que celui-ci est obligé de faire, auxquels le petit fabriquant n'est pas exposé, il a
encore le désavantage qu'il est beaucoup plus volé ; avec tous les commis du monde, il ne peut
veiller assez à de grandes distributions, de grandes et fréquentes pesées, et à de petits larcins
multipliés, comme le petit fabriquant qui a tout sous la vûe et sous la main, et est maître de son
tems. A la grande manufacture tout se fait au coup de cloche, les ouvriers sont plus contraints et
plus gourmandés. Les commis accoutumés avec eux à un air de supériorité et de commandement,
qui véritablement est nécessaire avec la multitude, les traitent durement et avec mépris ; de-là il
arrive que ces ouvriers ou sont plus chers, ou ne font que passer dans la manufacture et jusqu'à ce
qu'ils ayent trouvé à se placer ailleurs. Chez le petit fabriquant, le compagnon est le camarade du
maître, vit avec lui, comme avec son égal ; a place au feu et à la chandelle, a plus de liberté, et
préfere enfin de travailler chez lui. Cela se voit tous les jours dans les lieux, où il y a des
manufactures réunies et des fabriquans particuliers. Les manufactures n'y ont d'ouvriers, que
ceux qui ne peuvent pas se placer chez les petits fabriquans, ou des coureurs qui s'engagent et
quittent journellement, et le reste du tems battent la campagne, tant qu'ils ont de quoi dépenser.
L'entrepreneur est obligé de les prendre comme il les trouve, il faut que sa besogne se fasse ; le
petit fabriquant qui est maître de son tems, et qui n'a point de frais extraordinaires à payer
pendant que son métier est vacant, choisit et attend l'occasion avec bien moins de désavantage.
Le premier perd son tems et ses frais ; et s'il a des fournitures à faire dans un tems marqué, et qu'il
n'y satisfasse pas, son crédit se perd ; le petit fabriquant ne perd que son tems tout au plus.
L'entrepreneur de manufacture est contraint de vendre, pour subvenir à la dépense journaliere de
son entreprise. Le petit fabriquant n'est pas dans le même besoin ; comme il lui faut peu, il attend
sa vente en vivant sur ses épargnes, ou en empruntant de petites sommes. Lorsque l'entrepreneur
fait les achats des matieres premieres, tout le pays en est informé, et se tient ferme sur le prix.
Comme il ne peut guère acheter par petites parties, il achete presque toujours de la seconde main.
Le petit fabriquant achete une livre à la fois, prend son tems, va sans bruit et sans appareil
audevant de la marchandise, et n'attend pas qu'on la lui apporte : la choisit avec plus d'attention,
la marchande mieux, et la conserve avec plus de soin. Il en est de même de la vente ; le gros
fabriquant est obligé presque toujours d'avoir des entrepôts dans les lieux où il débite, et surtout
dans les grandes villes où il a de plus des droits à payer. Le petit fabriquant vend sa marchandise
dans le lieu même, ou la porte au marché et à la foire, et choisit pour son débit les endroits où il a
le moins à payer et à dépenser. nTous les avantages ci-dessus mentionnés ont un rapport plus
direct à l'utilité personnelle, soit du manufacturier, soit du petit fabriquant, qu'au bien général de
l'état : mais si l'on considere ce bien général, il n'y a presque plus de comparaison à faire entre ces
deux sortes de fabrique. Il est certain, et il est convenu aussi par tous ceux qui ont pensé et écrit
sur les avantages du commerce, que le premier et le plus général est d'employer, le plus que faire
se peut, le tems et les mains des sujets ; que plus le goût du travail et de l'industrie est répandu,
moins est cher le prix de la main-d’œuvre ; que plus ce prix est à bon marché, plus le débit de la
marchandise est avantageux, en ce qu'elle fait subsister un plus grand nombre de gens ; et en ce
que le commerce de l'état pouvant fournir à l'étranger les marchandises à un prix plus bas, à
qualité égale, la nation acquiert la préférence sur celles où la main-d’œuvre est plus dispendieuse.
Or la manufacture dispersée a cet avantage sur celle qui est réunie. Un laboureur, un journalier de
campagne, ou autre homme de cette espece, a dans le cours de l'année un assez grand nombre de
jours et d'heures où il ne peut s'occuper de la culture de la terre, ou de son travail ordinaire. Si cet
homme a chez lui un métier à drap, à toile, ou à petites étoffes, il y emploie un tems qui
autrement seroit perdu pour lui et pour l'état. Comme ce travail n'est pas sa principale occupation,
il ne le regarde pas comme l'objet d'un profit aussi fort que celui qui en fait son unique ressource.
Ce travail même lui est une espece de délassement des travaux plus rudes de la culture de la terre;
et, par ce moyen, il est en état et en habitude de se contenter d'un moindre profit. Ces petits
profits multipliés sont des biens très-réels. Ils aident à la subsistance de ceux qui se les procurent;
ils soutiennent la main d'œuvre à un bas prix : or, outre l'avantage qui résulte pour le commerce
général de ce bas prix, il en résulte un autre très-important pour la culture même des terres. Si la
main-d'œuvre des manufactures dispersées étoit à un tel point que l'ouvrier y trouvât une utilité
supérieure à celle de labourer la terre, il abandonneroit bien vîte cette culture. Il est vrai que par
une révolution nécessaire, les denrées servant à la nourriture venant à augmenter en proportion de
l'augmentation de la main-d'oeuvre, il seroit bien obligé ensuite de reprendre son premier métier,
comme le plus sûr : mais il n'y seroit plus fait, et le goût de la culture se seroit perdu. Pour que
tout aille bien, il faut que la culture de la terre soit l'occupation du plus grand nombre ; et que
cependant une grande partie du moins de ceux qui s'y emploient s'occupent aussi de quelque
métier, et dans le tems sur-tout où ils ne peuvent travailler à la campagne. Or ces tems perdus
pour l'agriculture sont très-fréquens. Il n'y a pas aussi de pays plus aisés que ceux où ce goût de
travail est établi ; et il n'est point d'objection qui tienne contre l'expérience. C'est sur ce principe
de l'expérience que sont fondées toutes les réflexions qui composent cet article. Celui qui l'a
rédigé a vû sous ses yeux les petites fabriques faire tomber les grandes, sans autre manoeuvre que
celle de vendre à meilleur marché. Il a vû aussi de grands établissemens prêts à tomber, par la
seule raison qu'ils étoient grands. Les débitans les voyant chargés de marchandises faites, et dans
la nécessité pressante de vendre pour subvenir ou à leurs engagemens, ou à leur dépense
courante, se donnoient le mot pour ne pas se presser d'acheter ; et obligeoient l'entrepreneur à
rabattre de son prix, et souvent à perte. Il est vrai qu'il a vû aussi, et il doit le dire à l'honneur du
ministere, le gouvernement venir au secours de ces manufactures, et les aider à soutenir leur
crédit et leur établissement. On objectera sans doute à ces réflexions l'exemple de quelques
manufactures réunies, qui nonseulement se sont soutenues, mais ont fait honneur à la nation chez
laquelle elles étoient établies, quoique leur objet fût de faire des ouvrages qui auroient pû
également être faits en maison particuliere. On citera, par exemple, la manufacture de draps fins
d'Abbeville ; mais cette objection a été prévenue. On convient que quand il s'agira de faire des
draps de la perfection de ceux de Vanrobais, il peut devenir utile, ou même nécessaire, de faire
des établissemens pareils à celui où ils se fabriquent ; mais comme dans ce cas il n'est point de
fabriquant qui soit assez riche pour faire un pareil établissement, il est nécessaire que le
gouvernement y concoure, et par des avances, et par les faveurs dont il a été parlé ci-dessus ;
mais, dans ce cas-même, il est nécessaire aussi que les ouvrages qui s'y font soient d'une telle
nécessité, ou d'un débit si assuré, et que le prix en soit porté à tel point qu'il puisse dédommager
l'entrepreneur de tous les désavantages qui naissent naturellement de l'étendue de son
établissement ; et que la main-d’œuvre en soit payée assez haut par l'étranger, pour compenser
l'inconvénient de tirer d'ailleurs les matieres premieres qui s'y consomment. Or il n'est pas sûr que
dans ce cas-même les sommes qui ont été dépensées à former une pareille fabrique, si elles
eussent été répandues dans le peuple pour en former de petites, n'y eussent pas été aussi
profitables. Si on n'avoit jamais connu les draps de Vanrobais, on se seroit accoutumé à en porter
de qualités inférieures, et ces qualités auroient pû être exécutées dans des fabriques moins
dispendieuses et plus multipliées.
MARCHE, La marche est la pédale en bois permettant d'actionner la mécanique Jacquard (donc
la lève des fils et l'ouverture de la foule), ainsi que l'avancée du régulateurs et autres accessoires
éventuels.
MARCHEUR, Accessoire facultatif commandé par la marche (pédale) et permettant de
repousser le battant vers l'arrière. Il est utilisé comme aide dans le cas d'un battant trés lourd ou
pour permettre une meilleure régularité dans le mouvement du battant pour des unis délicats
comme le taffetas.
MARCHURE, Voir foule, pas
MARLIE ou MARLI, s. m. (Art d'ourdiss. et soirie) le marli quoique fabriqué sur un métier, tel
que ceux qui servent à faire l'étoffe unie, néanmoins est un ouvrage de mode ou d'ajustement, qui
dérive de la gaze unie. On distingue deux sortes de marlis ; savoir, le marli simple et le marli
double, auquel on donne le nom de marli d'Angleterre. Le marli simple est monté comme la gaze,
et se travaille de même, avec cette différence néanmoins qu'on laisse plus ou moins de dents
vuides au peigne, pour qu'il soit à jour. Le marli le plus grossier est composé de 16 fils chaque
pouce ; ce qui fait 352 fils qui ne sont point passés dans les perles, et pareille quantité qui y sont
passés deux fois, en supposant l'ouvrage en demi-aune de large. Le marli fin est composé de 20
fils par pouce ; ce qui fait 440 fils passés en perle, et pareille quantité qui ne le sont pas. Une
chaîne ourdie pour un marli fin, doit contenir 880 fils seulement roulés sur une même ensuple ; et
le marli le plus grossier, 704 de même. Chaque dent du peigne contient un fil passé en perle, et
un fil qui ne l'est pas, quant à celles qui sont remplies, parce qu'on laisse des dents vuides pour
qu'il soit à jour. Suivant cette disposition, le marli grossier contient 9 points de ligne de distance
d'un fil à l'autre, et le marli fin, 7 points à peu près. Lorsque l'ouvrier travaille le marli, il passe
deux coups de navette qui se joignent, et laisse une distance d'une ligne et demie pour les deux
autres coups qui suivent de même, et successivement continue l'ouvrage de deux coups et en deux
coups ; de façon qu'il représente un quarré long ainsi qu'il est représenté par la figure du marli
grossier. Le marli plus fin est de 13 points environ, ce qui revient à-peu-près à une hauteur qui
forme le double de la largeur. Il semble que l'ouvrage auroit plus de grace, si le quarré étoit
parfait, mais aussi il reviendroit plus cher parce qu'il prendroit plus de trame. La soie destinée
pour cet usage n'est point montée, c'est-à-dire qu'elle est grese, ou telle qu'elle sort du cocon. Elle
est teinte en crud pour les marlis de couleur ; et pour ceux qui sont en blanc, on n'emploie que de
la soie grese, qui est naturellement blanche. On ne pourroit travailler ni le marli, ni la gaze, si la
soie étoit cuite ou préparée comme celle qui est employée dans les étoffes de soie. Le marli
croisé, ou façon d'Angleterre, est bien différent du marli simple. Il est composé d'une chaine qui
contient la même quantité de fils du marli grossier ; c'est-à-dire 704 environ, qui sont passés sur
quatre lisses, comme le taffetas, dont deux fils par dents de celles qui sont remplies, et à même
distance de neuf points de ligne au moins chaque dent. Cette chaine doit être tendue pendant le
cours de la fabrication de l'ouvrage, autant que sa qualité peut le permettre ; elle est roulée sur
une ensuple. Indépendamment de cette chaîne ; il faut un poil contenant la moitié de la quantité
des fils de la chaine, qui doit être roulé sur une ensuple séparée. Le poil contient 352 fils ; cette
quantité doit faire 704 perles, parce que les fils y sont passés deux fois. En les passant au peigne,
il faut une dent de deux fils de chaîne simplement, sans aucun fil de poil, de façon que le poil
ourdi ne compose que la moitié de la chaîne. La façon de passer les fils de poil dans les perles est
si singuliere, qu'il seroit très-difficile d'en donner une explication sans la démontrer. Le poil de
cet ouvrage doit être extraordinairement lâche, ou aussi peu tendu que le poil d'un velours, afin
que le fil puisse se prêter à tous les mouvemens qu'il est obligé de faire pour former la croisure ;
de sorte que le poids qui le tient tendu, et qui est très-léger, doit être passé de façon qu'il puisse
monter à fur et mesure qu'il s'emploie. Il faut quatre lisses à perle pour passer le poil ; savoir deux
demi-lisses et deux lisses entieres: ces quatre lisses doivent être attachées ou suspendues devant
le peigne, sans quoi la croisure ne pourroit pas se faire dans l'ouvrage, parce qu'elle seroit
contrariée par les dents de ce peigne. Ces quatre lisses, qui sont posées sur des lisserons
extraordinairement minces, sont arrêtées par une baguette de fer de la longueur de la poignée du
battant dans un espace de six lignes, ou un demi-pouce environ. Cette précaution est nécessaire,
afin que quand l'ouvrier a passé son coup de navette, et qu'il tire le battant à soi pour faire joindre
la trame, les lisses à perle qui dévancent le peigne ne soient pas arrêtées à l'ouvrage, et puissent
avancer et reculer de la même façon, et faire le même mouvement du peigne. Tous les fils de poil
doivent être passés dessous les fils de la chaîne, afin que les derniers puissent lever
alternativement pour arrêter la trame, sans contrarier le poil par la croisure ordinaire du taffetas
pendant le cours de la fabrication. Chaque lisse doit contenir 176 perles, tant celles qui sont
entieres, que celles qui ne le sont pas ; de façon que les quatre lisses doivent avoir la quantité de
704 perles ; ce qui fait le double des fils de poil, parce que chaque fil doit être passé
alternativement dans la perle d'une demi-lisse, et dans celle d'une lisse entiere. Les quatre lisses à
perle doivent être attachées de maniere qu'elles puissent lever comme celles d'un satin. Chacune
des lisses entieres doit être placée de façon que la perle se trouve entre les deux fils de la chaîne,
tant de ceux qui n'ont point de fil de poil dans le milieu, que de ceux qui en ont. Des deux fils de
poil qui sont dans une même dent entre les deux fils de chaîne, le premier à gauche doit être placé
dans la perle de la lisse entiere qui est entre les deux fils de la dent qui n'a que deux fils de chaîne
à gauche, et de-là être repassé dans la perle de la demi-lisse qui doit répondre aux deux fils de la
dent où sont les fils de poil. Le second fil de poil de la même dent doit être passé dans la perle de
la demi-lisse qui répond aux deux fils qui n'ont point de poil à droite, et de-là être repassé dans la
perle de la seconde lisse entiere à gauche. Chacun des fils de poil qui est passé dans la perle d'une
demi-lisse, doit passer sous le fil de la lisse entiere, tant à droite qu'à gauche, et embrasser sa
maille ; c'est ce qui fait la croisure. Le marli figuré ou croisé se travaille avec deux marches, sur
chacune desquelles on passe un coup de navette qui est la même, en observant de ne faire joindre
chaque coup de trame qu'autant qu'on veut donner de hauteur au carreau. La premiere marche fait
lever la premiere et la troisieme lisse de chaîne, et la deuxieme et troisieme lisse du poil. La
seconde marche fait lever la deuxieme et quatrieme de chaîne, et la premiere et quatrieme de poil,
ainsi en continuant par la premiere et deuxieme marche jusqu'au plein et la hauteur du carré,
quand le marli est à grands carreaux. On met une troisieme marche pour faire du plein, quand le
marli est à grands carreaux ; pour lors on passe une navette garnie d'une trame cuite de cinq à six
brins, six coups de suite ; savoir, le premier sur la premiere marche, le second sur la troisieme, le
deuxieme sur la troisieme marche, le troisieme coup sur la premiere, le quatrieme sur la
troisieme, le cinquieme coup sur la premiere, et le sixieme enfin sur la troisieme.
Cette troisieme marche fait lever les deux lisses entieres du poil, et deux lisses de la chaîne ;
différentes des deux que fait lever la premiere marche. C'est par inadvertance qu'on a inséré qu'on
laissoit des dents vuides au peigne pour que le marli fût à jour. Il est vrai que la chose pourroit
être possible si le peigne étoit fin, et qu'on n'en eût pas d'autre ; mais si on le faisoit faire exprès,
on le demanderoit avec le nombre de dents convenable, et suivant la quantité de fils dont la
chaîne est composée en observant que cette quantité de dents fût égale à celle de la moitié des
fils de la chaîne : comme par exemple, sur une chaîne de 704 fils, le peigne, ne doit contenir que
352 dents, ainsi des autres.
MASSE, Traverse inférieure du battant
MATRICE, Ensemble de 2 plaques d'acier d'un cm d'épaisseur, comportant un nombre de trous
égal à celui d'une mécanique Jacquard. L'une des plaques est fixée sur un socle de bois, tandis
que l'autre est amovible. On place un carton Jacquard vierge entre les deux plaques et l'on fait les
trous dans le carton à l'aide d'un emporte-pièce de même diamètre que les trous.
MATTEAU DE SOIE, terme de Marchand de soie ; le matteau de soie est composé de quatre,
cinq, six à huit échevaux ; on les tord et on les plie de façon qu'ils ne se dérangent point.
MECANIQUE JACQUARD, Inventée en 1804 par Joseph Marie Jacquard la mécanique
Jacquard est un appareil de lève des fils en bois comportant 104 ou 208 crochets pour l'armuré ou
plusieurs milliers pour le façonné et utilisant des cartons perforés. Par extension, toutes les
familles de mécaniques métalliques reprenant ce principe, telles les mécaniques Verdol, Vincenzi
et autres (la Vincenzi n'a pas une bonne réputation). Seul le canut, tisseur à bras fait une véritable
distinction entre ces machines réalisant la même fonction selon le même principe.
MEDEE, Espace de la chaîne compris entre le peigne et le corps de remisse.
MISE, Portion de chaîne
MISE EN BROCHE, Synonyme de Piquage en peigne
MISE EN CARTE, Opération qui consiste à reporter sur un papier quadrillé le dessin d'un tissu.
MISE EN CORDE, Disposition organisée pour servir de prolongement à une chaîne lorsqu'elle
arrive à sa fin
MONTAGE, Tout ce qui est relatif à l'organisation d'un métier
MOULINAGE s. m. (Soierie) c'est l'action de mouliner la soie. Voyez l'article SOIE.
MOULINIER, s. m. (Soierie) ouvrier qui s'occupe du moulinage des soies. Voyez l'article SOIE
MOUVEMENT A LA LEVE, une partie des fils de chaîne est soulevée, l’autre ne bouge pas.
MOUVEMENT A LA LEVE ET BAISSE, une partie des fils de chaîne est soulevée, l’autre est
abaissée.
MOUVEMENT EN RABAT ( ou à la baisse), une partie des fils de chaîne est abaissée, l’autre
ne bouge pas.
MUSETTE, Demi-portée ou 40 fils de chaîne pour la soierie
N
NAVETTE, s. f. terme de manufacture. Ce mot signifie une espece d'outil dont les Tisseurs,
Tissutiers ou Tisserands se servent pour former, avec un fil qu'elle renferme, de laine, de soie, de
chanvre, ou d'autre matiere, la trame de leurs étoffes, toiles, rubans, etc. ce qui se fait en jettant
alternativement la navette de droite à gauche, et de gauche transversalement entre les fils de la
chaîne qui sont placés en longueur sur le métier. Au milieu de la navette est une espece de creux
que l'on nomme la boîte ou la poche, quelquefois la chambre de la navette, dans lequel est
renfermé l'espoulle ou espolin qui est une partie du fil destiné pour la trame, lequel est devidé sur
un tuyau ou canon de roseau, qui est une espece de petite bobine sans bords, que quelques-uns
appellent buhot, et d'autres canette. Il y a des manufacturiers que l'on nomme ouvriers de la
grande navette, et d'autres, ouvriers de la petite navette. Les premiers sont les marchands maîtres
ouvriers en draps d'or, d'argent, de soie, et autres étoffes mêlangées, et les derniers, sont les
maîtres-Tissutiers-Rubaniers. Voyez TISSUTIER-RUBANIER. Voyez aussi à l'article
DRAPIER ou MANUFACTURIER EN LAINE, l'usage et la description de la navette
angloise.
NAVETTE PLATE, de buis comme la navette, mais de forme différente. Celle-ci est presque
ovale, percée comme celle-là d'outre en outre. L'ouverture en est plus petite que dans la navette
ordinaire, puisque le canon est aussi plus petit : elle en differe encore en ce que le côté par lequel
sort la trame, est garni d'une armure de fer dans toute sa longueur, et dont voici la nécessité.
Comme la plate navette fait l'office du battant en frappant continuellement contre la trame, elle
l'useroit trop vîte, outre qu'elle n'auroit pas même assez de coup, si elle n'étoit rendue plus
pesante par cette armure ; cependant, aux ouvrages extrêmement légers, et auxquels il suffit que
la trame soit seulement arrangée, on s'en sert sans être armée ; son usage est le même que celui de
la navette, et a le frapper de plus.
NOUAGE, Opération qui consiste à nouer, un par un, tous les fils d'une chaîne qui termine, à
ceux de la chaîne qui lui succède.
NOUVEAUTE, terme de modes ; ce qui est nouveau, ce qui n'a point encore paru. On appelle
ainsi au palais toutes ces nouvelles modes d'écharpes, de coiffures, de rubans, etc. que les
marchands y inventent et y étalent chaque jour, pour y satisfaire et y tenter le luxe et le goût
changeant et inquiet de l'un et l'autre sexe. Les Marchands d'étoffes d'or, d'argent et de soie,
donnent aussi le nom de nouveautés aux taffetas et autres légères étoffes qu'ils font faire tous les
ans pour les habits d'été des dames, et qui ordinairement ne plaisent guère au-delà des trois mois
qu'on donne à cette saison.
O
OREILLONS, Supports du rouleau arrière, fixés sur les deux pieds arrière du métier et
généralement réglables en hauteur par tige filetée.
ORILLONS, s. m. pl. (Soierie) machines mouvantes au moyen d'une coulisse, qui sert à élever
ou baisser la banquette ; on appelle ces orillons, orillons de dessus ; les orillons de derriere sont
des especes de tasseaux creusés, qui supportent les ensuples de chaîne et de poil.
OURDISSAGE, Opération qui consiste à former des nappes de fils d'un nombre et d'une largeur
donnée sur un ourdissoir, à partir de bobines. La chaîne une fois ourdie est pliée, c'est à dire
enroulée sur un rouleau (ensouple) puis fourni au canut.
OURDISSAGE DES SOIES, pour faire les chaînes des étoffes : il entre dans l'ourdissage deux
machines principales ; l'une est la cantre, et l'autre l'ourdissoir. La cantre est composée de trois
bandes de bois, larges d'environ 3 pouces, sur 1 pouce d'épaisseur, ajustées sur quatre piliers, et
asservies sur deux traverses égales, pour en faire une espece de table à jouer, d'environ 2 piés de
haut et 6 piés de long ; ces barres sont éloignées les unes des autres d'un pié. Chacune de ces
bandes de bois sont percées de côté, directement les unes devant les autres, dans la distance de 2
pouces d'éloignement : il y a 20 trous sur toute la longueur. On passe au-travers de chacun de ces
trous une broche de fer chargée de deux roquets garnis de soie, l'un d'un côté de la barre du
milieu, et l'autre de l'autre ; au-dessus de chacune des barres des roquets qui se trouvent dans les
deux côtés de la cantre, est élevé sur deux montans de bois une barre qui les traverse dans la
longueur ; l'une a 1 pié d'hauteur, et l'autre a 1 pié. A chacune de ces bandes sont attachées par
des ficelles, autant de petits anneaux de verre, qui correspondent directement à chacun des
roquets. On prend à chaque roquet le bout de la soie qui y est dévidée, et le passant par l'anneau
qui y correspond on les assemble, en les nouant ensemble par le bout pour n'en faire qu'un seul
corps des 40 bouts. L'ourdissoir est une grande cage, d'environ 6 piés de haut, de forme
cylindrique de 3, autant de circonférence environ, tournant dans une grenouille, sur un pivot qui
est attaché au pilier du centre de la cage, au haut du pilier de la cage est une broche de fer, autour
de laquelle tourne une corde. Cette cage est enfermée dans quatre piliers, fixés par deux
morceaux de bois mis en croix au-dessus et au-dessous de la cage ; la croix du dessous porte la
grenouille au point de sa réunion dans laquelle tourne le pivot qui porte toute la cage. La broche
de fer passe au travers du centre de la croix d'en-haut ; à cette broche de fer est attachée une
grosse corde à boyau tournée autour, laquelle en se développant par les tours de la cage, va se
rendre à un anneau de bois suspendu directement au haut de l'un des piliers qui enferme la cage,
et va chercher un morceau de bois quarré qui monte et descend le long de ce même pilier, appelé
plot, à fur et mesure que la cage déploie ou reploie la corde ; à ce plot sont attachées deux
broches de fer très-polies, d'environ 9 à 10 pouces de long, servant à diriger la soie qui se
distribue à mesure que la cage tourne en montant ou descendant. Au milieu de ce plot est une
poulie en bois, fixée par une cheville de verre. Au bas du pilier gauche de la fermeture de la cage
sont attachés deux morceaux de bois, d'environ 2 piés, à un pié et demi de distance, liés à leur
extrémité par un autre morceau de bois qui les assujettit : le morceau de bois supérieur est percé
d'un trou, au travers duquel passe l'axe d'une roue qui appuie sur le morceau de bois d'en bas, au
haut duquel axe est une manivelle qui sert à faire tourner la roue, autour de laquelle est une corde
de laine, qui embrassant toute la cage, sert à la faire tourner en tous sens par le moyen de la
manivelle. Il y a de plus au haut de la cage, une des traverses qui est amovible, au milieu de
laquelle, à l'extérieur, est placée une cheville ; la traverse de côté en tournant est encore amovible,
et porte aussi deux chevilles. Dans la partie inférieure de la cage il y a de même une autre
traverse qui est encore amovible, qui porte aussi deux chevilles : cette traverse peut se transporter
plus haut ou plus bas, suivant le desir de l'ourdisseuse. Ces chevilles servent comme nous l'allons
dire, à recevoir les commencemens et fins de la piece, et à en fixer les envergeures. L'ourdisseuse
ayant les bouts de soie ensemble à la sortie de la cantre, arrête le noeud sur la premiere cheville ;
et de-là, après avoir envergé sa brassée de soie, la met sur les deux chevilles qui suivent la
précédente, et tournant ensuite la manivelle de la petite roue qui fait mouvoir la cage, elle
distribue la brassée de soie sur l'ourdissoir, à proportion de l'aunage qu'elle veut faire ; ce qui se
connoît par le nombre de tours de l'ourdissoir : et quand elle est arrivée au point où elle le veut,
elle met une nouvelle traverse portant deux chevilles, autour desquelles elle tourne deux fois sa
brassée, et en faisant mouvoir la cage en sens contraire, elle remonte sa brassée jusqu'aux deux
chevilles d'en-haut, où elle renverge de nouveau fil par fil, et ensuite descend et remonte jusqu'à
ce qu'elle ait fait le nombre de portées qu'il lui faut pour composer la chaîne, ce qui est arbitraire,
et elle en arrête la fin par un noeud, comme elle a fait lorsqu'elle a arrêté le commencement sur la
premiere cheville. La chaîne étant entierement distribuée sur l'ourdissoir, l'ourdisseuse arrête
l'envergeure par une ficelle qu'elle passe aux soies divisées par les deux chevilles du haut de
l'ourdissoir. On commence à lever la chaîne de dessus l'ourdissoir par la partie qui en doit faire la
fin, qui se trouve arrêtée à la cheville d'en-bas, et prenant la poignée de soie qui s'y trouve, on en
fait une boucle en forme de chaîne, et continuant ainsi de boucle en boucle jusqu'au haut de
l'envergeure : quand on y est arrivé, on l'arrête et elle se trouve en état d'être mise sur l'ensuple.
OURDISSOIR, Appareil servant à pratiquer l'ourdissage. Différents types d'ourdissoirs furent
utilisés au fil du temps : manuel ou mécanique, vertical ou horizontal il s'agit toujours d'un
tambour sur lequel on prépare la chaîne avant le pliage (disposition sur le rouleau arrière du
métier).
OURDISSOIR, s. m. terme de Tisserand, etc. espece de machine dont les Tisseurs, Tisserands et
Tissutiers se servent pour ourdir les chaînes de leurs étoffes, toiles, futaines, basins, etc. Il y a des
ourdissoirs que l'on appelle tours, qui sont en façon de dévidoir, ou petits moulins tournans
debout sur un pivot ; d'autres sont stables et sans mouvement, composés de deux pieces de bois
placées debout, un peu en talus contre la muraille, à certaine distance l'une de l'autre, auxquelles
sont attachées plusieurs chevilles du haut en bas.
(D. J.)
OURDISSOIR, chez les faiseurs de gaze ; c'est une espece de moulin de 6 piés de haut. Ce
moulin est composé d'un chassis à quatre piliers, et autant de traverses en haut et en bas, et d'un
axe posé perpendiculairement au milieu de ce chassis. Cet axe a 6 grandes aîles autour desquelles
on ourdit la soie destinée à faire la chaîne de la gaze. Voyez GAZE.
OURDISSOIR ROND ou moulin, (Soierie) c'est la machine propre à ourdir tout ce qui compose
les chaînes : on en trouvera la description à l'article OURDISSAGE qui précede.
OURDISSOIR LONG, qui n'est guere d'usage que pour les Frangers ; c'est un chassis de bois,
composé de deux montans de 6 piés de haut, et de deux traverses de pareille longueur,
emmortaisées les unes dans les autres, que l'on applique d'à-plomb contre un mur ; les deux
montans sont garnis de quantité de chevilles boutonnées, faites au tour, et placées d'espace en
espace à distance égale et parallele, pour porter les soies que l'on ourdit. Sur la barre de traverse
d'en-haut, à la distance de 18 pouces, il y a deux pareilles chevilles pour l'encroix. Voici à-présent
la façon d'ourdir. La soie qui est destinée pour composer les têtes des franges, est contenue sur
des rochets ou bobines, lesquels rochets sont portés dans les différentes broches de la coulette ou
rateau ; l'ourdisseur attache les bouts desdites soies à la premiere cheville du côté de l'encroix,
puis il conduit lesdites soies jusque sur les chevilles de l'encroix qui sont tout proche, où étant, il
encroise ; c'est-à-dire qu'il passe un brin de ses soies sur une cheville, puis sous l'autre, et ainsi
tant qu'il y en a, mais toujours en sens contraire. Après cette opération, il continue à conduire les
soies sur chacune des chevilles, et cela autant que l'on veut donner de longueur à la piece de
chaîne, puisque chaque longueur entre les chevilles est d'une aune et demie. Ainsi si l'on veut
avoir une piece de 36 aunes de long, il faudra occuper 12 chevilles à droite et 13 à gauche ;
puisque l'on doit concevoir aisément que chaque allée et revenue de l'ourdisseur composera 3
aunes : il faut une cheville de plus d'un côté pour venir terminer du côté de l'encroix, toujours
dans la supposition de 36 aunes ; au lieu que si l'on terminoit de l'autre côté, on auroit une
longueur qui ne seroit que de moitié. Etant donc parvenu à cette 13e cheville, qui fait la
terminaison des 36 aunes, on remonte par le même chemin pour arriver jusqu'à l'encroix, où étant
on encroise encore comme on a fait la premiere fois, et cela autant de fois qu'il est nécessaire,
suivant la consistance que l'on veut donner à la chaîne : desorte qu'il faut toujours venir terminer
à l'encroix. Supposant donc que je veuille donner 40 brins à une tête de frange, et que l'on
ourdisse à 2 rochets, il faudra donc 10 descentes et 10 remontées pour composer lesdits 40 brins.
Les soies ainsi ourdies, et à la derniere remontée, coupées et fixées à la cheville où l'on a
commencé, il faut passer un fil dans l'extrémité de l'encroix, c'est-à-dire qu'il faut qu'un bout du
fil passe d'un côté et d'autre, et cela pour conserver l'en-croix ; sans cette précaution, tous les
brins se confondroient et ne formeroient qu'une confusion indébrouillable. Ce fil ainsi passé, et
noué par les deux bouts, on prend le bout de la piece que l'on releve de dessus l'ourdissoir en la
mettant sur une ensuple, qui servira à mettre sur le métier pour l'employer. Toutes ces machines
ont pour but de fixer la longueur des chaînes, et d'encroiser les brins de fil dont on les compose. Il
seroit à souhaiter que quelque habile Méchanicien songeât à donner à cette invention l'unique
perfection qui lui manque ; ce seroit de former la mesure et l'encroix de la chaîne, en tournant
toujours dans le même sens ; ce que je ne crois aucunement difficile : on a bien imaginé ce
moyen dans le mouton à enfoncer les pieux.
ORGANSIN, s. m. (Soierie) sorte de soie qui s'emploie dans les étoffes de soie. L'organsin est
une soie montée ou tordue à deux, trois, à quatre brins ; on l'appelle organsin pour la distinguer
d'avec la trame, en ce qu'elle sert communément pour la chaîne des étoffes ; et que pour cet effet
on la perfectionne davantage et on lui donne plus de filage et du tord, afin qu'elle ait plus de
corps, la chaîne étant ce qui souffre le plus dans la fabrication de l'étoffe. Voyez à l'article SOIE
le moulinage de la soie. L'organsin destiné à la fabrication de l'étoffe unie, doit être sans
contredit le plus fin que l'on puisse préparer dans cette qualité de soie ; le fabriquant connoît à
l'oeil celui qui est propre à la fabrication de l'étoffe façonnée, tant dans celle qui est riche que
dans celle qui ne l'est pas, parce que dans l'autre on n'achete que le goût, qui se trouve
ordinairement dans la perfection du dessin, parce que l'un ne peut pas être sans l'autre. L'étoffe de
goût ne se paye point relativement à la quantité ou qualité de la soie, mais autant qu'elle plaît. Il
n'en est pas de même de l'étoffe unie, dans laquelle la matiere doit être ménagée attendu la
modicité de son prix : la matiere premiere dont elle est composée étant celle de l'organsin, il faut
savoir le choisir afin de distinguer la légereté qui convient au genre d'étoffe que le fabriquant se
propose de faire exécuter ; et pour qu'il ne se trompe pas dans son calcul il en fait un essai, lequel
en déterminant la qualité de la matiere détermine également le prix, attendu que plus un organsin
est sin plus il est cher. La qualité des organsins fins est depuis 18 deniers jusqu'à 48. On ne
compte pas au-dessus, les organsins même de 18 deniers ne servent que pour les étamines ou
camelots mi-soie qui se fabriquent à Amiens ou à Rheims, leur trop grande finesse leur
empêchant de résister au travail d'une étoffe unie, c'est pourquoi les fabriquans qui les emploient
dans les étamines ou les camelots, les font monter au moulin avec un fil de laine pour qu'ils aient
plus de consistance. Les organsins de 24 deniers, 28, etc. jusqu'à 48 deniers, sont à proprement
parler ceux qui sont destinés pour l'étoffe unie ; il s'agit de distinguer le poids pour ne point
tomber dans l'erreur. Chaque ballot d'organsin de tirage (on donnera l'explication d'organsin de
tirage dans le moulinage des soies) doit être d'une qualité uniforme quant au poids. Le fabriquant
qui a besoin d'un organsin de 24 deniers, par exemple, prend dans un ballot un matteau au hasard
pour en faire l'essai, il choisit dans le matteau une flotte ou écheveau qu'il fait dévider ; cette
opération faite il fait ourdir une longueur de soixante aunes par vingt fils seulement ; cette partie
étant ourdie il la leve de l'ourdissoir et la pese au trébuchet ; si elle pese 3 deniers ou un gros,
pour-lors l'organsin est de 24 deniers ; si elle pese 4 deniers, il est de 32 ; si elle pese 6 deniers ou
deux gros, l'organsin est de 48 deniers. Il résulte de cette opération que l'essai forme
ordinairement par son poids la huitieme partie de la qualité de l'organsin, et cela parce que les
pieces ou chaînes des étoffes unies tirant ordinairement 120 aunes, à l'ourdissage chaque portée
dont la chaîne est composée doit peser huit fois le poids de son essai, puisque la portée est de 80
fils, ce qui fait le quart quant à l'essai, et la longueur de 120 aunes, ce qui fait un second quart de
diminution sur la longueur, conséquemment une huitieme partie sur le tout.
ORGANSIN DE SAINTE-LUCIE, (Soierie) c'est l'organsin que les marchands françois tirent
de Messine en Sicile. Cet organsin est fort estimé, et quantité de fabriques de France ne peuvent
s'en passer, particulierement à Paris, celles des ferrandines, des moëres unies, et des grisettes. On
en fait aussi les chaînes des ras de S. Maur qui se fabriquent en cette capitale.
P
PANAIRE, s. m. (Soierie) instrument du métier d'étoffe de soie. C'est une peau de bazanne qui
couvre l'envers de l'étoffe. Le panaire sert à garantir l'étoffe à mesure qu'on la roule sur l'ensuple
de devant le métier ; il est de veau sans couleur, plié en double ; on l'attache à chaque bout avec
une ficelle, à l'un desquels pend un contrepoids afin que l'ouvrier puisse le lever quand il veut.
PANAIRE, Morceau de peau servant à protéger l'étoffe durant le tissage au niveau du rouleau
avant, là où le ventre du canut peut entrer en contact avec la pièce de tissu.
PANTINE, s. f. (Soie et Laine) c'est un assemblage plus ou moins considérable d'échevaux, à
proportion de leur grosseur. De pantine on a fait pantener. Pantener, c'est attacher des bouts de
fil aux pantines, pour empêcher qu'elles ne se mêlent.
PANTIME, Réunion de plusieurs flottes de soie
PAS, Voir marchure
PAS FAILLI, Défaut de tissage qui se présente dans toute la largeur du tissu lorsque par
exemple un cadre ou lisse n’a pas levé ou a levé de travers.
PASSETTE, s. f. (Ouvriers en soie) c'est un très-long fil de laiton tourné en spirale, qui forme
par ce moyen une continuité d'anneaux de trois à quatre lignes de diametre ; chaque tour de la
spirale n'est éloigné de son plus proche que de demi-ligne seulement, et quelquefois moins. Cette
spirale est fixée sur un menu morceau de bois rond et un peu applati de son côté, par un fil
contrelacé dans chacun des anneaux, et qui tourne à l'entour de la passette ; les bouts de ce
morceau de bois doivent excéder d'un pouce de chaque côté ; ils doivent aussi être fendus
perpendiculairement dans toute leur épaisseur, pour recevoir de chaque bout une menue ficelle
qui sert à la suspendre à volonté, soit en l'attachant aux traverses du mêtier, ou aux potenceaux ;
son usage est de tenir les soies de la chaîne écartées à mesure qu'elles se déroulent de dessus les
ensuples de derriere, pour éviter qu'elles ne se confondent toutes ensemble ; ce qui se fait de cette
façon. On met plusieurs brins de soie de la chaîne, mais en petite quantité, dans chaque intervalle
que laisse entr'eux les anneaux de la passette ; ce qui se continue ainsi jusqu'au bout ; pour cela
on tient la passette un peu plus exhaussée que le propre niveau de la chaîne, en la faisant glisser
en-haut le long des deux ficelles qui la suspendent ; ce qui étant fait, on passe une aiguille de
même fil de léton, mais droite dans les anneaux de la passette, en observant que ladite aiguille
passe pardessus, et non par-dessous les soies que la passette contient ; le bout de cette même
aiguille est bouclé par l'un de ses bouts, pour empêcher qu'elle ne puisse traverser la passette
d'outre en outre. Ensuite on descend cette passette au niveau à-peu-près des ensuples de derriere ;
elle sert par ce moyen à disposer les soies ainsi écartées à se présenter aux lisses ou lissettes, et
cela sans confusion ; il y a quelquefois quatre ou plus de passettes ensemble, mais diversement
disposées, suivant la quantité des différens corps de chaîne nécessaires à l'ouvrage. Voyez les Pl.
du Passementier.
PASSETTE à passer en peigne, (Ouvriers en soie) est une petite plaque de cuivre, ou même de
fer-blanc très-mince, arrondie et échancrée par les bouts ; l'arrondissement y est nécessaire pour
que les angles de cette passette ne soient point en risque de casser, d'écorcher les dents du peigne
à-travers lequel il faut qu'elle passe ; la petite échancrure y est encore plus nécessaire, puisque
c'est ce qui constitue l'unique usage de ce petit outil. Voici cet usage : lorsque l'ouvrier veut
passer en peigne les soies de la chaîne, qu'il a auparavant passées en lisses ou en lissettes, et dont
il a laissé passer un bout capable d'excéder le battant qui porte le peigne, il est question de les
passer en peigne ; ce qu'il fait de cette maniere. Après avoir décidé de la largeur de son ouvrage
par la quantité de dents qu'il doit occuper, une autre personne qui lui aide, et qui peut être assise
sur le siége, dans la posture à-peu-près de celle qui devroit travailler, introduit la passette dans la
premiere dent du peigne que l'ouvrage doit contenir ; l'ouvrier qui passe, et qui est debout devant
le côté droit du métier, insere dans cette échancrure de la passette, la quantité nécessaire de brins
de soie de la chaîne, et cela par-derriere le battant qui est le devant des lisses ; son aide tire à soi
la passette, et ce qu'elle contient avec la main droite, les soies qui sont assez longues pour
excéder le battant, sont reçues par la main gauche qui les tient en reserve, jusqu'à ce que le tout
soit ainsi passé. La passette après ce premier passage est mise dans la dent d'à côté de celle-ci, en
tirant toujours du côté droit, et ainsi alternativement jusqu'à la fin de cette opération. Cette
passette n'est destinée qu'à ce seul et unique usage.
PEDONNE, s. f. (Manufact. en soie) petit bouton d'ivoire ou de buis attaché au bout du fer rond
du velours frisé, et qui dans le velours coupé, se met alternativement au bout de chaque virgule de
laiton. Voyez nos Planches de soierie.
PEIGNE, Pièce du métier : réunion de fines lames métalliques disposées comme les dents d'un
peigne et encochées dans un bâti. Entre ces dents passent les fils de la chaîne. Le peigne sert à
maintenir la chaîne dans la largeur du tissu et à les tenir parallèles et à égale distance les uns des
autres. Il sert également, lors du coup du battant qui le supporte, à tasser la trame contre la façure
du tissu.
PEIGNE, instrument du métier d'étoffes de soie. Le peigne est un petit cadre de deux pouces et
demi de hauteur sur la longueur dont on veut la largeur de l'étoffe, il est garni de petite dents qui
sont faites en acier bien poli, ou de la pellicule du roseau ; les baguettes qui forment le cadre dans
la hauteur du peigne, sont liées avec un fil pour tenir les dents en raison. Le travail des peignes
pour la manufacture d'étoffes d'or, d'argent et de soie. La façon dont les peignes sont faits étant
suffisamment démontrée dans l'article de Passementerie, voyez les Planches, on ne donnera
l'explication que de ceux qui sont faits avec du fil de fer, lesquels sont appellés communément
peignes d'acier. Pour fabriquer les peignes de cette espece, on choisit du fil de fer proportionné à
la largeur de la dent qui convient, et à son épaisseur, le nombre des dents de peigne pour les
étoffes étant depuis douze et demi jusqu'à trente de compte, ce qui signifie depuis 500 dents
jusqu'à 1200 dans une même largeur de 20 pouces environ. Il est évident que plus un peigne est
fourni des dents, plus elles doivent être minces et étroites, conséquemment que le fil de fer doit
être proportionné. On passe ce fil de fer sous la meule, c'est-à-dire, entre deux rouleaux d'acier
semblables à ceux qui servent à battre ou écacher l'or et l'argent. Quand le fil de fer est applati
jusqu'au point convenable, on le passe dans une filiere de mesure pour la dent qu'on desire, qui ne
lui laisse que sa largeur et son épaisseur, après quoi on coupe le fil de fer de la longueur de 9
pouces ou de trois dents ; on met ces parties dans un sac de peau avec de l'émeri et de l'huile
d'olive, ensuite on le roule sur une grande table où elles se polissent. L'opération finie, on coupe
ces parties à trois pouces de longueur, et on monte le peigne de la même façon que ceux dont les
dents sont de roseau. Mais comme les peignes de cette espece seroient éternels, pour ainsi dire,
s'ils ne manquoient pas par le lien, qui n'est qu'une quantité de fils poissés, plus ou moins grosse,
selon la largeur ou le resserrement qu'il faut donner à la dent ; les Anglois ont trouvé le secret de
les faire aussi justes sans se servir de liens ni de jumelles, qui sont deux baguettes entre lesquelles
les dents sont arrêtées avec le fil. Cette façon de monter les peignes est d'autant plus singuliere,
qu'ils en ont encore plus d'égalité, le défaut ordinaire des peignes d'acier étant de n'avoir pas les
dents rangées aussi également que l'etoffe l'exigeroit, soit par le défaut de l'inégalité du fil, soit
par celui qui le fait, qui ne frappe pas avec la même justesse. Quand les Anglois veulent monter
un peigne de quelque compte qu'on le desire, ils ont soin d'avoir autant de dents de refente que de
dents ordinaires pour le peigne, toutes du même calibre ; on donne le nom de dents de refente à
celles qui n'ont que deux pouces de longueur, et celui de dents ordinaires, à celles qui en ont
trois, parce que les deux jumelles en retiennent ordinairement un demi-pouce de chaque côté. Sur
une bande de fer polie de deux pouces moins deux ou trois lignes de large, et de longueur de deux
piés plus ou moins, ils commencent à poser de champ une dent ordinaire et une dent de refente, et
continuent alternativement jusqu'à ce que le nombre de dents que le peigne doit avoir soit
complet, ayant soin de laisser un demi-pouce de chaque côté entre les dents ordinaires pour celles
de refente. Le nombre de dents complet, on le resserre avec une vis, jusqu'au point de jaune
ordonné pour la largeur des étoffes, qui ordinairement est de 20 pouces pour celles qui sont des
plus riches et des plus en usage. Les dents étant bien arrêtées, ils bordent un côté avec de la terre
battue, de façon qu'ils puissent jetter une composition d'étain et de cuivre à un demi-pouce
d'élevation, et arrêter toutes les dents ordinaires qui se trouvent prises dans la matiere. Ce côté
fini, ils font la même opération de l'autre, après quoi ils lâchent la vis, qui donne la liberté aux
dents de refente de tomber et de laisser un vuide de la largeur de leur calibre, après quoi ils
polissent et unissent ou égalisent des deux côtés la composition, qui, par la façon dont on vient
d'expliquer, ne retient que les dents dont la longueur étoit supérieure à celles de refente. Il n'est
pas possible de faire des peignes plus justes, et s'il se trouvoit quelques défauts dans ceux-ci, ce
ne seroit que dans le cas où la dent de refente ne seroit pas de calibre, ce qui ne sauroit arriver.
Avant cette derniere façon de faire les peignes justes, il arriveroit que l'inégalité des dents
causeroit un défaut essentiel dans l'étoffe fabriquée, sur-tout dans l'unie ; en ce que l'étoffe
fabriquée rayoit dans sa longueur, ce qui ne se rencontroit pas dans le peigne de canne ou roseau
travaillé de même, attendu que dans ce dernier la flexibilité de la dent se trouve rangée par
l'extension du fil de la chaîne ; au lieu que la roideur de cette même dent dans le premier,
rangeant les fils avec la même inégalité qui lui est commune, il s'ensuit un défaut irréparable ; de
façon qu'il convient beaucoup mieux pour la perfection de l'étoffe, que la chaîne range la dent du
peigne, que si cette même dent range la chaîne.
PELUCHE, ou PLUCHE, s. f. (Fabrique) étoffe veloutée du côté de l'endroit, composée d'une
treme d'un simple fil de laine, et d'une double chaîne, dont l'une est de laine, de fil retors à deux
fils, et l'autre de fils de poil de chevre. La peluche se fabrique de même que les velours et les
pannes, sur un métier à trois marches. Deux des marches séparent et font baisser la chaîne de
laine, et la troisieme fait lever la chaîne de poil ; alors l'ouvrier lance ou jette la treme, et la fait
passer avec la navette entre les deux chaînes de poil et de laine, mettant ensuite une broche de
léton sous celle de poil sur laquelle il la coupe avec un instrument destiné à cet usage, que l'on
appelle communément couteau ; ce qu'il fait en conduisant le couteau sur la broche, qui est un
peu cavée dans toute sa longueur ; et c'est ce qui rend la surface de la pluche veloutée. Quelquesuns prétendent que l'invention de la pluche soit venue d'Angleterre ; d'autres veulent qu'elle ait
été tirée de Hollande, particulierement de Harlem. Quoiqu'il en soit, il est certain que ce n'est
guere que vers l'année 1690, qu'on a commencé d'en fabriquer en France. (D. J.)
PELUCHE, s. f. (Soierie) c'est une sorte d'étoffe toute de soie, dont le côté de l'endroit est
couvert d'un poil un peu long ; cette espece de peluche se manufacture sur un métier à trois
marches, ainsi que les autres peluches, les velours et les pannes. Sa chaîne et son poil doit être
d'organsin filé et tordu au moulin, sa treme de pure et fine soie, et la largeur d'onze vingtquatriemes d'aune. Il se fabrique encore une autre espece de peluche, toute de soie, qui a du poil
des deux côtés, dont l'un, qui est celui de l'endroit, est court et d'une couleur ; et l'autre, qui est du
côté de l'envers, est plus long et d'une autre couleur : cette derniere sorte de peluche est
extraordinaire, et de très-peu d'usage.
PENDAGE, Consiste à pendre sommairement les maillons aux arcades, par une boucle
provisoire nommée nœud de pendage.
PERLE, (Gazerie) on appelle perles, en termes de fabrique de gaze, de petits globes d'émail
percés par le milieu, avec une petite queue ouverte ; cette queue sert à les attacher aux lisses, et le
trou du milieu à y passer les soies de la chaîne ; de toutes les étoffes de soie il n'y a que la gaze
qui se fasse à la perle.
PIECE, Chaîne entière, tissée ou non
PINCES, instrumens du métier des étoffes de soie. Les pinces sont un petit outil de fer à deux
branches repliées l'une contre l'autre, bien limées, et qui se rencontrent juste lorsqu'on appuie les
doigts pour les serrer ; elles servent à nettoyer les étoffes à mesure qu'elles se fabriquent, ou
quand elles sont fabriquées. La pince est encore un outil propre à couper le poil du velours, à
mesure qu'il se fabrique.
PINCE, Lame tranchante faisant partie du rabot pour couper le velours. Par la suite, la pince,
était remplacée dans le rabot par un fragment de lame de rasoir (Gilette)
PINCETTES, Outil à deux branches faisant ressort (pinces). L'autre coté est une sorte de
poinçon (épluchoir). Utilisé pour détisser par exemple
PIQUAGE AU PEIGNE, Passage des fils de chaîne dans les dents du peigne.
PLANCHE A COLLETS, Planche percée supportant les crochets de la mécanique et dont les
trous servent au passage des collets
PIVOT, troisieme chaîne du droguet de soie ; le pivot est une chaîne perdue dans le droguet qui
s'emboit beaucoup plus que les autres chaînes.
PLATINE, Lingot de fer d'une épaisseur d'environ 1 cm et variable de dimension, percé à une
extrémité et utilisé comme poids pour tirer un élément vers le bas en le plombant. Par exemple
une platine est fixée en bas de chaque extrémité des cadres de mailles par l'intermédiaire d'une
petite cordelette.
PLOT, Pièce de l'ourdissoir vertical coulissant sur un montant vertical et guidant les fils dans
leur enroulement sur le tambour.
POIGNEE, Partie supérieure mobile du battant qui recouvre le peigne
POIL DE VELOURS ; on appelle poil de velours, la chaîne qui sert à faire la barbe du velours.
Voyez FABRIQUE DE VELOURS.
POIL des étoffes en soie et en dorure ; on appelle poil des étoffes de soie, la chaîne qui sert à
faire le figuré des étoffes où l'on en a besoin, ou celle qui sert à lier les dorures.
POINÇON, (Soierie) pointe de fer qui sert à piquer les ensuples, afin d'y mettre les pointes
d'aiguille
POINTICELLE, s. m. (Soierie) petite broche qui retient la cannette dans la navette ou l'espolin.
PONTEAU, s. m. terme d'une piece du métier d'étoffe de soie. Le ponteau n'est autre chose qu'un
bois rond, échancré, ou coché à chaque bout, qui sert à fixer et arrêter le bois du métier pour le
rendre solide : pour cet effet, on en met un certain nombre qui touchent d'un bout à l'estase du
métier, et de l'autre au plancher contre quelque solive, et on les fait entrer de force pour buter les
uns contre les autres.
PONTEAU d'appui , Les ponteaux, permettent de caler les métiers et rejoignent les estases,
traverses supérieures longitudinales et horizontales.
PONTELER, Fixer solidement un métier à tisser en le reliant les estases aux murs et/ou au
plafond par despontaux, poteaux de bois (plus ou moins 7 cm x 7 cm) afin de supprimer les
vibrations ou déplacements intempestifs. Certains tissus nécessitent l'utilisation d'un battant de 50
kg et plus et d'une frappe violente (coup de battant sur la façure).
PONTELER, v. act. (Soierie) poser les ponteaux, pour monter la charpente du métier.
PORTEE, s. f. (Manufacture de soierie) Ce mot signifie, comme dans la manufacture de
lainages, un certain nombre de fils de soies, qui font une portion de la chaîne d'une étoffe ; en
sorte que lorsque l'on dit qu'un taffetas de onze vingt-quatrièmes d'aune de largeur entre les
lisieres, aura vingt-quatre portées de vingt-quatre fils chacune, cela doit s'entendre que toute la
chaîne qui est employée à faire ce taffetas, doit être composée de dix-neuf cent vingt fils. En fait
de velours, les portées se distinguent en portées de poil, et en portées de chaîne. Un velours à
trois poils doit avoir soixante portées de chaîne, et chacune de ces portées doit être de quatrevingt fils. Les portées que doivent avoir toutes sortes de velours, taffetas, et tabis, suivant leurs
différentes largeurs, especes et qualités, sont réglées par les statuts des ouvriers en draps d'or,
d'argent et de soie, des villes de Paris, Lyon et Tours, faits en 1667 ; on y devroit changer bien
des choses.
PORTE-ROSTEINS, instrument du métier d'étoffe de soie. Les porte-rosteins sont des bois
ronds de la longueur d'un pié, d'un pouce de diametre ; on les cloue aux piés de métier de
derriere; ils entrent de pointe dans le rostein, sur lequel est la cordeline ; elle se dévide à mesure
que l'étoffe se fabrique, le rostein ayant la liberté de tourner sur le porte-rostein, et étant fixé
seulement par un contrepoids qui monte à mesure que le rostein tourne. Le rostein sert aussi pour
le cordon.
PRISONNIERES, s. m. pl. (Soierie) étoffes de soie très-minces qui imitent la gase.
PAPIER-REGLE, (Manufacture en soie) pour les desseins d'étoffes, de rubans et galons, c'est
du papier imprimé d'après une planche gravée, qui représente seulement un nombre infini de
lignes perpendiculaires, toutes coupées par des lignes horisontales sans nombre, ce qui forme une
très-grande quantité de quarrés parfaits ; voici comme la chose s'exécute. On prend une mesure
de cinq ou six lignes, plus ou moins, suivant la grosseur ou la finesse que l'on veut donner au
papier, par ces mesures répétées tant que la planche le peut permettre, tant perpendiculairement
qu'horisontalement, on tire des lignes qui donnent par conséquent cinq à six lignes en quarré ; ces
quarrés sont à leur tour traversés à égales distances par neuf autres lignes, mais beaucoup plus
déliées que les premieres, ce qui forme cent petits quarrés égaux dans chaque quarré qui est
marqué par une ligne plus forte, et c'est ce qu'on appelle papier de dix en dix, pour le distinguer
de celui qui sert aux Gaziers, et qui est appellé de huit en dix, parce que chaque quarré n'en
contient que quatre-vingt petits. On se sert de papier d'une extrême finesse pour les desseins que
j'ai appellé représentatifs, voyez PATRON, parce qu'il est plus aisé de donner le contour que l'on
souhaite sur ce papier fin, les angles qui terminent chaque quarré étant moins sensibles ; le papier
plus gros étant reservé pour les desseins ou patrons, que j'ai appellé au même article desseins
démonstratifs : voici la façon dont on se sert pour dessiner sur ce papier. On emplit d'encre tous
les petits quarrés qui exprimeront les figures du dessein, qui sont toujours quelques figures
d'ornemens, ou de fleurs, même de figures humaines ; les points qui restent blancs marquent les
découpés desdites figures, et expriment par conséquent le fond.
PEDONNE, s. f. (Manufact. en soie) petit bouton d'ivoire ou de buis attaché au bout du fer rond
du velours frisé, et qui dans le velours coupé, se met alternativement au bout de chaque virgule de
laiton. Voyez nos Planches de soierie.
PORTEE, s. f. (Manufacture de soierie) Ce mot signifie, comme dans la manufacture de
lainages, un certain nombre de fils de soies, qui font une portion de la chaîne d'une étoffe ;
ensorte que lorsque l'on dit qu'un taffetas de onze vingt-quatriemes d'aune de largeur entre les
lisieres, aura vingt-quatre portées de vingt-quatre fils chacune, cela doit s'entendre que toute la
chaîne qui est employée à faire ce taffetas, doit être composée de dix-neuf cent vingt fils. En fait
de velours, les portées se distinguent en portées de poil, et en portées de chaîne. Un velours à
trois poils doit avoir soixante portées de chaîne, et chacune de ces portées doit être de quatrevingt fils. Les portées que doivent avoir toutes sortes de velours, taffetas, et tabis, suivant leurs
différentes largeurs, especes et qualités, sont réglées par les statuts des ouvriers en draps d'or,
d'argent et de soie, des villes de Paris, Lyon et Tours, faits en 1667 ; on y devroit changer bien
des choses.
PRISE DE NAVETTE Accident de tissage lorsque le battant frappe le tissu alors que la navette
n’est pas encore ressortie de la nappe de fils.
Q
QUART DE POUCE, Petite loupe pliante en trois parties de laiton ou d'acier que l'on pose sur le
tissu pour voir le nombre de fils et de duites au cm. Appelé ausse compte-fils.
QUESTIN, on dit caissetin, parce qu'il ressemble à une petite caisse, partie du métier des étoffes
de soie. Le questin est un espece de coffre de 6 pouces en quarré sur deux piés de longueur, il est
attaché de longueur contre le pié de métier de devant ; il est garni de plusieurs rayons, il sert à
fermer les différentes dorures en espoleine, et les différentes qualités de soie en cannettes et en
espoleine qui servent à l'étoffe qui est sur le métier.
QUIAU, Tuyau de la canette. En principe le terme canette désigne un quiau ou tuyau rempli de
trame. Par extension on a malencontreusement pris l'habitude de nommer canette le tuyau, qu'il
soit plein... ou vide.
R
RABAT, (Manufacture en soie) lisse sous la maille de laquelle les fils de chaîne sont passés ; elle
sert à les faire baisser.
RABILLER ou RHABILLER, (Soierie) se dit d'une corde de semple, d'une corde de rame,
d'une arcade, etc. C'est substituer une corde neuve à celle qui s'est cassée.
RABOT, (Soierie) outil dont l'usage est de couper plus sûrement le poil du velours. Voyez
l'article VELOURS.
RAT (ou taquet), Petite pièce coulissante de bois dur placée dans la boite à navette et équipée
d'une pièce de cuir assurant la réception et le renvoi de la navette à l'aide de la corde de chasse.
RATEAU pour séparer les portées des chaînes des étoffes de soie. Le rateau est un outil qui sert
à plier les chaînes sur l'ensuple ; il est de la longueur de quatre piés ; il est garni de différentes
dents en yvoire éloignées de 3 lignes environ les unes des autres ; elles ont à chaque bout un
liteau d'un pouce environ de large, et demi-pouce d'épaisseur. Il y a un de ces liteaux qui se
déboite au moyen d'un vis qui est au milieu, pour qu'on puisse faire les portées aisément entre les
dents. Les dents des rateaux ont différens éloignemens, suivant la quantité de portées dont la
chaîne est composée, qui doit avoir toujours sa même largeur sur l'ensuple de derriere. Les
gaziers, drapiers et autres ouvriers ourdisseurs ont aussi leurs rateaux semblables à celui-ci.
RATIERE, Sorte de mécanique d'armure très inférieure utilisée pour les tissus armurés (non
façonnés)
REMONDER, EPLUCHER, terme de fabrique d'étoffes de soie. Le remondage consiste à
couper les bouts de soie qui sont aux chaînes lorsqu'elles sont sur les métiers, à mesure et avant la
fabrication ; on change aussi les bouts de soie qui se trouvent cotonneux, et si on ne faisoit cette
opération avec attention, il ne seroit pas possible de fabriquer l'étoffe dans sa perfection.
RÉCAMER, v. act. (Soierie) c'est enrichir un brocard d'or, d'argent ou de soie, en y ajoutant une
espece de broderie élevée, faite au milieu comme le reste de l'étoffe, mais après coup, et en
mettant de nouvelles chaînes et de nouvelles trêmes d'or, d'argent et de soie. Les brocards
récamés sont les plus riches et les plus chers ; cette maniere d'enrichir et de relever la beauté des
étoffes, aussi-bien que le mot qui l'exprime, viennent d'Italie. Les Italiens disent ricamare.
REDUCTION, Nombre de duites au cm ou au pouce
REGULATEUR, Ensemble d'engrenages mis en mouvement par la mécanique à chaque appui
sur la marche et permettant d'enrouler régulièrement le rouleau de tissu en tirant la chaîne en
avant. Le choix de la roue à rochets (nombre et taille des dents variables) se fait en fonction du
nombre de duites au cm du tissu à réaliser.
REMETTAGE, Opération qui consiste à faire passer chaque fil de chaîne dans les mailles du
remisse.
REMETTRE, Action d’effectuer le remettage
REMISSE, Ensemble des lisses ou cadres d'un métier. Terme complet : corps de remisse.
REMONDAGE, Cette opération consiste à réparer ou changer des portions de fil abimées dans
la longueur de la chaîne. Pour celà, le tisseur dispose toujours à portée de main au-dessus de la
chaîne, de roquets contenant du fil de soie prévu à l'usage de ces réparations. On a coutûme
d'appeler chacun de ces roquets une jointe.
REMONTER, (Soierie) c'est faire succéder de nouvelles soies pour continuer une piece, lorsque
celle sur laquelle on travaille est entierement employée et vient à manquer. Comme c'est une
opération fort longue que de monter un métier, il a fallu imaginer quelque moyen fort court pour
faire succéder des soies nouvelles à celles qui viennent à manquer ; et voici celui dont on use. On
a sur un instrument, appellé le billot, de la soie toute préparée : cette préparation consiste à être
encroisée de vingt fils en vingt fils par un bout, et de fil en fil par l'autre. La soie prend ces deux
en croix sur le moulin, et c'est le bout encroisé de fil en fil qui s'enveloppe le premier sur le billot;
celui par conséquent qui se présente et se développe le premier, est celui qui est encroisé de vingt
en vingt. Toute cette soie portée au sortir du moulin sur le billot est continue ; elle forme comme
un grand écheveau de 150 aunes de long, et de 800 doubles ou de 1600 fils. Il y a de ces
écheveaux qui ont 1800 fils ; ceux qui sont à l'usage des faiseurs de bluteaux fins ont même 2000
brins ; et comme on passe deux fils ou brins dans chaque dent du peigne, il y a des peignes à 8 et
900 dents ; et pour les faiseurs de bluteaux qui ne passent qu'un fil à chaque dent, il y a des
peignes à 2000 dents. Puisque le fil de soie est continu, qu'il forme un écheveau, il est évident
qu'il forme une boucle à chaque bout, et que la boucle du bout qui pend du billot est divisée en
quatre-vingt parties ou boucles partielles égales ; on appelle ces boucles partielles égales, des
portées. On a un instrument appellé rateau, on jette chaque portée sur une dent du rateau.
L'avantage de cette manoeuvre est d'étendre la soie, et de la disposer convenablement sur
l'ensuple. Pour cet effet, on a une petite baguette appellée composteur, qu'on passe dans toutes les
boucles partielles qui forment la grosse boucle qui pend du billot ; cette baguette a une ficelle,
appellée cristelle, attachée à une de ses extrêmités ; on passe cette ficelle à la place du petit
cordon qui tenoit les fils encroisés de vingt en vingt, et qui continue de faire cette fonction. On
passe ensuite le composteur avec sa ficelle dans la rainure de l'ensuple, on adapte une main ou
manivelle au tourillon de l'ensuple ; on tourne l'ensuple, et la soie distribuée en quatre-vingt
parties par chaque dent du rateau, ou plutôt en soixante-dix-huit, s'étend sur l'ensuple. Ils disent
soixante-dix-huit, parce qu'on fait les deux premieres portées doubles, afin que la soie étant plus
élevée sur l'ensuple par ses bords que par son milieu, elle ne s'éboule point. Après un assez grand
nombre de tours de l'ensuple pour que le billot soit dégarni, on arrive au bout de l'écheveau où les
fils sont encroisés de fil en fil, et tenus en cet état par un cordon. Voilà une opération préliminaire
à tout travail, et qu'il faut faire et recommencer toutes les fois qu'on veut commencer à travailler
une piece, ou qu'une piece finissant, on veut la continuer et substituer de la soie à celle qui
manque. Mais ce n'est pas tout dans ce dernier cas, il y a une seconde opération, qui s'appelle
tordre. Et voici comment elle se fait : on prend l'ensuple sur laquelle on a jetté la soie qui étoit
sur le billot, on la met dans les tourillons des allonges, voyez l'article ALLONGE, on attache à
chacun de ses bouts une corde qui passe sur elle, et qui se rend sur l'ensuple de devant. On a fait
des berlins ou portions de tous les bouts de soie, restes de la piece employée, qui pendent hors de
la lisse. Ces berlins sont encroisés d'un fil en un fil, on dispose les envergeures dans leurs
encroix, et l'on fixe ces envergeures fortement à l'aide des cordes qui sont tendues des extrêmités
d'une ensuple aux extrêmités de l'autre, en faisant faire un tour à chaque corde à l'extrêmité de
chaque envergeure. Puis on prend le bout de la nouvelle piece, on place des envergeures à son
encroix, et on l'amene jusqu'à ce qu'elle soit contiguë à l'extrêmité des berlins de la piece qui
finit; on fixe ces envergeures pareillement sur les cordes qui vont d'une ensuple à l'autre ; on pend
un poids à l'ensuple de derriere capable de l'empêcher de tourner, ensorte que la soie soit bien
tendue ; on divise la soie de la nouvelle piece en deux berlins ; on passe le noeud d'un berlin de la
piece nouvelle dans l'encroix du berlin de la piece qui finit, et on l'y fixe avec une corde. Puis,
avec la main gauche, on cherche à l'aide de l'encroix le premier fil du berlin de la piece expirante,
et avec la droite et à l'aide de l'encroix le premier fil de la piece nouvelle ; cela fait, on prend
celui-ci sur le pouce et l'autre sur l'index, on serre les deux doigts, la soie prete de la quantité du
diametre de l'index et du pouce ; alors en faisant glisser ces deux doigts l'un contre l'autre, ces
portions des deux fils se tordent ensemble et restent tors ; cet endroit de jonction est même
ordinairement si fort, que ce n'est presque jamais-là que les brins de soie cassent. Après qu'on a
tors les brins, on jette ou tord les deux brins avec le fil de soie du côté de l'ensuple de derriere.
Cela fait, on tord ensemble les deux seconds fils, et ainsi de suite fil à fil jusqu'à la fin d'une
piece. Cette opération est si promte, qu'un bon ouvrier tord dix-huit cent fils en deux heures ; afin
que les fils tors ne se séparent point, on se mouille les doigts avec de la salive, du plâtre, de l'eau
gommée, etc. mais cela est presque superflu. Cette maniere d'unir les soies est si ferme, que si un
ouvrier ne tord pas également, je veux dire que s'il prend avec ses doigts un peu plus de soie en
continuant de tordre qu'il n'en a pris au commencement, alors le poids qui tire l'ensuple montera,
et les premiers fils tors seront lâches ; ce poids est pourtant énorme. Cela fait, on a, comme on
voit, une piece nouvelle, jointe et continue avec les restes d'une autre, sans qu'on ait été obligé de
monter le métier. Mais il y a toujours une portion de soie qui ne peut être travaillée, celle qui est
comprise entre l'ouvrage disposé sur l'ensuple de devant, et l'endroit où l'on a tors. On tourne
donc l'ensuple de devant, la soie de la piece nouvelle suit les restes de l'ancienne, on amene les
portions torses jusque sur l'ensuple de devant au-delà du peigne, et l'on continue de travailler. Ce
qui occasionne cette perte de soie, c'est la grosseur ou inégalité des deux fils tors, contre laquelle
les dents du peigne agissant sépareroient les fils et gateroient tout.
RENVERGER, v. act. (Soierie) c'est enverger de nouveau. Voyez les articles ENVERGER et
ENVERGURE.
RESTAING, Les restaings sont de grosses bobines à grosses joues en forme de poulies sur
lesquels on enroule les fils de lisière (1/2 à 1 cm de large environ) comme des chaînes
indépendantes. Ces restaings ont leur propre système de freinage pour la tension (par cordelette et
poids). Les lisières aident à garder une largeur constante au tissu en empêchant de trop tirer sur
les trames (retrait).
RESTIER, Voir restaing
RETRAIT, Le retrait est la différence entre la largeur de la chaîne et la largeur du tissu fini, qui
est inférieure (voir embuvage). Le retrait s'exprime en pourcentage.
RIVE, (Soierie) bord de la chaîne tendue soit à droite, soit à gauche. On dit aussi rive de l'étoffe
ROCHET, s. m. (Manufact.) on appelle ainsi chez les marchands de soie, chez les
manufacturiers et ouvriers en étoffes d'or, d'argent et de soie, et chez les teinturiers en soie, laine
et fil, des bobines plus grosses et plus courtes que les bobines ordinaires. C'est sur ces rochets
que tous ces marchands et ouvriers devident leurs soies, ou pour les vendre, ou pour les
employer, ou pour leur donner quelque préparation de teinture. ROSTEIN, instrument du métier
des étoffes de soie. Le rostein est une grosse bobine percée de bout en bout, sur laquelle on
devide la grosse soie servant à former la lisiere de l'étoffe, que l'on appelle communément
cordelines et le cordon aussi. Voyez PORTE-ROSTEIN.
ROQUET, Bobine de bois sans joue sur laquelle on enroule la soie. On fait en principe le
canetage à partir de roquets et non de bobines.
ROQUETIN, s. m. (Soierie) espece de petite bobine de bois, au milieu de laquelle on a pratiqué
une moulure à deux bords pour recevoir ce qu'on y veut dévider. Il y en a une autre, où se pose la
corde du contrepoids qui sert à mouvoir le roquetin, à le retirer à mesure qu'il se dévide, et à tenir
tendu le fil qui porte dessus ; le roquetin ainsi que le rochet, est percé dans sa longueur, pour être
traversé d'une broche sur laquelle il tourne et qui le tienne suspendu.
ROS ou ROT, Synonyme de Peigne
ROULEAU, Cylindre de bois sur lequel on dispose la chaîne (rouleau arrière) ou sur lequel
s'enroule l'étoffe au fur et à mesure du tissage (rouleau avant ou rouleau magasin). Les tisserands
les nomment ensouple arrière et ensouple avant.
RYTHME D’UNE ARMURE, Enonciation des “pris” et des “laissés” successifs de chaque
duite.
S
SAMIS, s. m. (Soierie) étoffe très-riche, lamée ou tramée de lames d'or ; cette étoffe est de
manufacture vénitienne, mais peu connue présentement ; il s'en trouve pourtant encore à
Constantinople.
SATINADE, s. f. (Soierie) les satinades sont de petits satins très-foibles et très-légers, dont les
dames font des robes longues de printems et d'automne, ou des robes à se peigner. Ils sont
communément rayés. On nomme encore satinade une petite étoffe à-peu-près comme le satin de
Bruges, mais plus foible, dont on fait des meubles, particulierement des tapisseries de cabinet.
SAVOYARD, Contrepoids de rouleau magasin
SERVANTE, Accessoire utilisé au cours du remettage
SORAIRE, adj. (Soirie) il se dit de deux fils envergés qui se trouvent ensemble sur la même
verge ou canne, parce que l'intermédiaire qui les séparoit s'est cassé.
SOURBASSIS, s. f. (Soierie) ce sont les soies de Perse les plus fines, et de la meilleure qualité,
de toutes celles que l'on tire du Levant. Il y en a de blanches et de jaunes, mais toutes
ordinairement grêzes et en matasses. Leur pliage est en masse, et chaque balle contient cent vingt
masses. Le plus grand commerce s'en fait à Smyrne, où elles sont apportées de Perse par
caravanes. On en tire aussi d'Alep, et de quelques autres échelles du Levant. Il en vient encore
une assez grande quantité par le retour des vaisseaux, que les nations d'Europe envoyent dans le
golfe persique.
SOYETEUR, s. m. (Soierie) ouvrier qui travaille en étoffes de soie. Il n'y a guere qu'à Lille,
capitale de la Flandre françoise, où on leur donne ce nom, ailleurs on les appelle manufacturiers,
fabriquans ou ouvriers en soie.
SEMPLE, s. m. instrumens du métier d'étoffe de soie. Le semple est composé d'un nombre de
ficelles, proportionné au genre et à la réduction de l'étoffe que l'on veut fabriquer ; ces ficelles
tiennent chacune par un bout à un oeil de perdrix (Voyez OEIL DE PERDRIX), au-travers
duquel passe une corde de rame, (Voyez RAME) et sont attachées par le bas à un bâton, qu'on
appelle bâton de semple.
T
TABIS, s. m. (Soierie) espece de gros taffetas ondé, qui se fabrique comme le taffetas ordinaire,
hors qu'il est plus fort en chaîne et en treme ; on donne des ondes aux tabis, par le moyen de la
calandre, dont les rouleaux de fer, de cuivre, diversement gravés, et appuyant inégalement sur
l'étoffe, en rendent la superficie inégale, ensorte qu'elle refléchit diversement la lumiere quand
elle tombe dessus.
TAQUET, pièce qui projette la navette. Sur les métiers lyonnais à bras, on le nomme RAT
TAILLEROLLE, s. f. (Soierie) instrument pour couper le poil des velours, coupés et frisés. La
taillerolle n'est autre chose qu'un fer plat de 3 pouces de long et un pouce et demi de large, il a
une petite échancrure à un bout, laquelle forme une lancette qui entre dans la cannelure du fer et
qui sert à couper le poil du velours.
TAVELLE, Support métallique extensible des flottes de soie au dévidage.
TEMPIAT, (Soierie) instrument destiné à tenir l'étoffe en largeur ; il est garni de pointes qui
entrent dans la lisiere de l'étoffe ; il est composé de deux parties, dont l'une se meut dans l'autre
par le moyen d'une vis, qui sert à allonger ou à raccourcir son étendue.
TENUE, Lorsque deux fils de chaîne sont accrochés l'un à l'autre par un brin, un cheveu, ou toute
autre cause, il s'agit d'une tenue. Lorsque la tenue atteint les baguettes d'enverjure, si elle persiste,
l'un des fils va casser fatalement.
TEX (T), Nombre de grammes pour 1000 mètres de fil (voir denier)
TIRELLE, Partie du tissu formée par les premiers coups de navette pour lier la chaîne et la
trame. Cette partie inutilisable est indispensable pour permettre au tissu de prendre sa largeur, et
aux fils de chaîne de se régulariser en tension. On utilise tout d'abord à cet effet une trame très
grosse.
TISSU UNI ou armuré, Tissu utilisant jusqu'à 32 cadres et produisant un effet uni ou un petit
motif géométrique selon les possibilités de ces 32 cadres.
TISSU FACONNE, Utilise une commande (lève) indépendante de chaque fil de chaîne (à l'aide
d'une mécanique Jacquard) permettant la production de tout motif même extrêmement compliqué
et figuratif.
TORDEUSE, Ouvrière qui effectue le tordage des chaînes.
TORS ou TORON , Raccord de deux fils par tordage
TOUANSE, s. f. (Soierie) étoffe de soie qui vient de la Chine. C'est une espece de satin, plus fort
mais moins lustré que celui de France. Il y en a d'unis, d'autres à fleurs ou à figures, et d'autres
encore avec des oiseaux, des arbres et des nuages.
TRAPETTE, s. f. (Soierie) baguette de roseau, chargée aux extrêmités de deux aiguilles de
plomb, qui l'environnent en formant une espece de spirale, posée entre les lisses de fond et celles
de rabat. Son usage est de faire retomber les fils qui pourroient demeurer en l'air, après que les
navettes sont passées ; le passage des espolins en est facilité.
TISSERAND, s. m. terme générique, ce nom est commun à plusieurs ouvriers travaillans de la
navette, tels que sont ceux qui font les draps, les tiretaines, et quelqu'autres étoffes de laine, qui
sont appellés tisserans -drapans, tisseurs ou tissiers : ceux qui fabriquent les futaines se nomment
tisserands-futainiers ; et ceux qui manufacturent les basins sont appellés tisserands en basins.
Pour ce qui est des autres artisans qui se servent de la navette, soit pour fabriquer des étoffes d'or,
d'argent, de soie, et d'autres étoffes mêlangées pour faire des tissus et rubans ; ils ne sont point
nommés Tisserands : les premiers sont appellés marchands, maîtres, ouvriers en draps d'or,
d'argent, de soie, et autres étoffes mêlangées, ou simplement ouvriers de la grande navette ; et les
autres maîtres tissutiers-rubaniers ; ou bien ouvriers de la petite navette.
TISSERAND, s. m. (Lainage) ouvrier qui travaille de la navette dans les manufactures de
lainage, et qui fait sur le métier, de la toile, des draps, des ratines, des serges, et autres étoffes de
laine ; c'est-à-dire toutes ces étoffes telles qu'elles sont, avant d'avoir été au foulon et d'avoir reçu
aucun apprêt. Savary.
TISSERAND, s. m. (Toilerie) artisan dont la profession est de faire de la toile sur le métier avec
la navette : en quelques lieux on le nomme toilier, telier ou tissier. En Artois et en Picardie, son
nom est musquinier
TISSU, terme de Manufacture, qui se dit de toutes sortes d'étoffes, rubans et autres ouvrages
semblables, faits de fils entrelacés sur le métier avec la navette, dont les uns étendus en longueur
s'appellent la chaîne, et les autres en-travers sont nommés la trame de l'ouvrage. On fabrique les
tissus avec toutes les sortes de matieres qu'on peut filer, comme l'or, l'argent, la soie, la laine, le
fil, le coton, etc. Tissu se dit aussi de certaines bandes, composées de gros fils de chanvre que les
Cordiers ont seuls le droit de fabriquer, et qui servent aux Bourreliers à faire des sangles pour les
chevaux de bât et autres bêtes de somme. Voyez SANGLE.
TISSU, étoffe de soie, d'or et d'argent. Le tissu est un drap d'or ou d'argent qui se fait avec deux
chaînes ; l'une est pour faire le fond gros-de-tour, au moyen d'une navette de la couleur du fond
qui se passe au travers ; la seconde qu'on met blanc ou aurore qu'on nomme poil, sert pour passer
une soie blanche ou aurore pour accompagner la navette de fil d'or ou d'argent qu'on passe
ensuite. Cette étoffe est ordinairement tout or ou tout argent, glacé façonné. On fait aussi cette
étoffe tout en soie qu'on nomme tissu en soie, elle est toujours à Lyon de 11/24 d'aunes. Voyez
ÉTOFFE DE SOIE.
Tissu d'or. Le tissu d'or ou d'argent est une étoffe dont la dorure est passée à-travers avec une
navette, cette étoffe est également montée en gros-de-tours. La chaîne et le poil est du même
compte que celles des brocards, avec cette différence que dans ces tissus elle est presque toujours
de couleur, et c'est pour cela qu'il faut que cette étoffe soit accompagnée. L'endroit de cette étoffe
se fait ordinairement dessus ; parce qu'ayant peu de fonds, si on le faisoit dessous, la tire seroit
trop rude, ce qui fait que pour faire l'endroit dessus, on a soin de ne faire lire que le fond. Pour
faire cette étoffe parfaite, il faut que le poil ne paroisse ni à l'envers, ni à l'endroit. Le fond est
armé en taffetas ou gros-de-tours, et le poil de même pour le premier coup de navette qui doit être
toujours de la couleur de la chaîne, ainsi que dans tous les gros-de-tours. Le second coup de
navette est celui d'accompagnage, dont le poil est armé en raz de saint-maur. Le troisieme coup
qui est la navette d'or ou d'argent, fait lever une des lisses qui a levé au coup de fond et à
l'accompagnage, et baisser également une lisse qui a fait le même jeu. De façon que deux
marches suffisent pour le fond et huit pour le poil ; savoir quatre pour l'accompagnage, et quatre
pour lier la dorure. Et pour faire le course entier, il faut reprendre une seconde fois les deux
marches de fond. Si on vouloit faire cette étoffe d'un seul pié, il faudroit deux marches de fond de
plus, et larder les marches d'accompagnage et de dorure entre celles de fond, mais pour l'ordinaire
on fait cette étoffe des deux piés. Les tissus d'or dont la chaîne est aurore, n'ont pas besoin d'être
accompagnés de même que ceux d'argent ; pour lors, on supprime les marches d'accompagnage et
on ne laisse que les quatre qui lient la dorure ; ce qui fait en tout six marches.
Tissu damassé, ou toile d'or. Cette étoffe qui est nouvelle ne se fait ordinairement qu'avec de la
laine, qu'on passe à-travers, au-lieu de fil, comme aux autres étoffes ; elle est montée et ornée
comme les tissus sans accompagnage, c'est-à-dire la chaîne et le poil de la couleur de la dorure :
pour faire le damassé, il faut avoir un dessein tel qu'on veut qu'il soit représenté, et tirer ce lac au
coup de dorure ; le lac tiré, si l'endroit est dessus, on baisse au coup de lame trois lisses de rabat,
de maniere qu'il ne reste qu'un quart de la soie tirée qui couvre la laine ; ce qui forme une espèce
de fond sablé, au-travers duquel la dorure paroît si différente des endroits où elle est liée à
l'ordinaire, qu'il n'y a personne, sans être connoisseur, qui n'imagine que cette partie n'est pas
composée de la même dorure qui se montre ailleurs. Quand l'endroit de la toile se fait dessous, et
qu'elle est brochée, pour lors on fait lever trois lisses de chaîne, au-lieu des trois de rabat qu'on
fait baisser quand l'endroit est dessus ; après quoi on continue le travail comme aux autres
étoffes. Armure d'un tissu de couleur, l'endroit dessus ; on peut sur la même armure le fabriquer
aussi beau dessous que dessus, sans l'armer différemment.
Tissu broché. Il est composé et monté comme le tissu courant ; ce sont les mêmes mouvemens,
au-lieu de faire l'endroit dessus, on le fait dessous : la navette d'or ou d'argent passe à travers
comme dans les courans, et la lisse qui servoit à ces derniers à lier à l'envers, les lie dans celui-ci
à l'endroit : on ne fait point lever de lisse de liage au coup de navette d'or, comme lorsque
l'endroit est dessus : par conséquent il ne faut pas plus de marches, et dans le cas où l'on voudroit
que la partie de dorure qui est à l'envers de celle-ci se trouvât liée, pour lors il faudroit quatre
marches de liage de plus, parce que celle qui auroit servi à lier la dorure dessus et dessous, ne
pourroit servir à lier le broché qui ne l'est que dessous, et que la lisse levée empêcheroit de
passer.
TORDRE, maniere d'ajouter une piece de même contenance, au bout d'une autre piece qui finit :
voici comme cela se fait. L'ensouple étant à sa place sur les potenceaux, et chargée de son contrepoids dont la charge est à terre, au moyen de ce qu'on a lâché la contre-charge, le bout de la piece
qui finit reste dans l'inaction du côté des lisses, jusqu'à-ce que prenant l'un et l'autre bout de
chaque piece, et les nouant ensemble par un seul noeud, on laisse un peu de lâche pour l'opération
qui va suivre. Il faut prendre le brin de soie qui doit aller le premier, et qui est toujours du côté
gauche du métier, pour recevoir aussi toujours sur la droite, il faut le prendre, dis-je,
conjointement avec celui qui le doit accompagner, et qui se trouve, savoir celui de la piece
nouvelle, par le moyen de l'encroix, et celui de l'ancienne, par le moyen de la lisse. On glisse le
pouce et le doigt index de la main gauche par derriere le noeud commun, entre lui et le brin à
tordre ; de cette maniere le pouce se trouve du côté des lisses, et l'index du côté de la nouvelle
piece. Ces deux doigts se joignent auprès du noeud, et lorsqu'ils y sont arrivés, ils cassent chacun
leur bout de soie, le plus près de ce noeud qu'il est possible. Ce noeud est tenu en respect par la
main droite, pour donner plus de facilité à la rupture en question ; ces deux bouts se trouvant ainsi
arrêtés entre les deux mêmes doigts, et en les tenant bien ferme, on les tortille assez fortement,
puis on renverse l'extrêmité tortillée sur la partie du brin qui est vers les ensouples de derriere, où
étant on tortille à-present le tout ensemble, ce qui rend ce brin triple à cet endroit, qui par ce
moyen acquiert assez de solidité pour ne se plus désunir, et ainsi de chacun des autres. Voici la
raison pour laquelle il a été dit qu'il falloit renverser l'extrêmité tortillée vers les ensouples de
derriere ; si on faisoit le contraire, on doit prévoir que lorsqu'il faudroit que tous ces brins, ainsi
tords, passassent à-travers les lisses, ils présenteroient leurs extrêmités, qui se rebroussant,
rendroient ce passage impossible ; au-lieu que présentant le talon, le passage en devient facile,
puisqu'il suit naturellement. Après que tous les brins ont été ainsi tordus, il est sensible qu'ils ont
tous la même tension, puisque chaque tord vient à l'égalité de celui qui le précede. Cela fait, on
remet le contrepoids en charge ; et c'est alors que le tout est en état de travailler comme
auparavant. Il faut remarquer que l'endroit où s'est fait le tord dont on parle, est actuellement
entre les lisses et l'encroix de la nouvelle piece. On entend par cet encroix le fil passé dans la
chaîne, pour en conserver l'encroix, Voyez OURDIR. Quand il sera question que le tout passe à
travers les lisses, il faudra agir avec précaution lorsque l'on tirera la tirée, et prendre garde en
tirant doucement, si quelques-uns de ces brins ne se désunissent pas en se détortillant, et y
remédier sur le champ si cela arrivoit : même précaution à prendre lorsque le tout passera dans le
peigne. Il est des cas où l'on emploie cette partie de chaîne, ainsi torse ; pour lors c'est où
l'habileté de l'ouvrier se fait appercevoir, en sauvant l'inégalité et la saleté que ces soies ont
acquises en passant par ses doigts. Il est vrai que quelque précaution qu'il prenne, l'ouvrage est
toujours un peu difforme, et au moins terne à cet endroit ; ce que l'on éviteroit, si interrompant
l'ouvrage à l'endroit de la jonction, on laissoit un intervalle convenable avant de recommencer le
travail.
TRAFUSOIR, s. m. (Soierie) piece de bois tournée en rond, au haut de laquelle, et à environ
cinq piés, est posée d'équerre une cheville très-polie, sur laquelle on sépare les écheveaux de soie
pour les dévider. On donne le même nom à une autre piece de bois, large dans sa hauteur qui n'est
que de trois piés et demi, ou environ ; celle-ci est garnie de trois ou quatre longues chevilles de
bois, bien polies, pour mettre la soie en main.
TRAFUSOIR, Instrument pour mettre en ordre une flotte de soie. En haut d'un pilier de bois,
une longue cheville de bois dur transversale recoit la flotte. On passe les deux avant-bras dans la
flotte et on frappe la flotte des avant-bras tout en la faisant tourner sur le trafusoir, afin de la
déméler ou de la mettre en ordre avant de la dévider.
TRAME, C'est le fil délivré par la navette et qui court dans le tissu d'une lisière à l'autre en
s'entrecroisant avec les fils de chaîne.
TRAME, s. m. (Manufact.) ou TREME, ce terme signifie les fils que les Tisseurs, Tisserans et
Tissutiers, font passer transversalement avec une espece d'outil appellé navette, entre les fils de la
chaîne, pour former sur le métier des étoffes, des toiles, des bazins, des futaines, des rubans, etc.
Les trames sont de différentes matieres, suivant les marchandises que l'on veut fabriquer. Dans
les taffetas, la trame et la chaîne sont toutes de soie ; dans les moires, la trame est quelquefois de
laine, et la chaîne de soie ; dans les serges, la trame est de laine aussi-bien que la chaîne ; les
tiretaines ont la chaîne de fil, et la trame de laine. Le mot trame semble venir de transmeare,
parce que la trame est poussée au-travers des fils de la corde, étendus en longueur sur le métier.
TUYAU, (Soierie) ce sont des roseaux pour les étoffes unies, et de petits canaux de buis pour les
étoffes façonnées. C'est là-dessus qu'on met la dorure ou la soie à employer dans l'étoffe.
TIRE, petite tire, (Soierie) la petite tire a été imaginée pour avancer davantage l'étoffe : on ne
s'en sert ordinairement que pour les droguets destinés à habiller les hommes, et les desseins pour
cette méchanique ne peuvent pas être longs ; huit ou dix dixaines sont suffisantes pour ce genre
de travail. Il est vrai qu'on en a fait qui alloient jusqu'à vingt dixaines ; mais dans ce cas les
semples étoient aussi aisés que le bouton, qui est le nom donné à la façon de travailler. Le rame,
les arcades, et le corps, sont attachés pour la petite tire, comme dans les autres métiers. La
différence qu'il y a, c'est que le nombre n'en est pas si considérable, et qu'on ne passe pas
cinquante cordes ; il s'en est fait cependant qui alloient à deux cent cordes ; mais dans ce cas le
semple est aussi bon ; ce qui fait qu'il faut autant d'arcades qu'on veut mettre des mailles de
corps; à deux mailles pour une arcade, la déduction en est considérable, puisqu'elle a été portée
jusqu'à 3200 mailles, mais les plus ordinaires sont de 1600 et 2400. On comprend de-là, par ce
qui a été dit des satins réduits, combien cette étoffe est délicate et belle quand elle est travaillée
comme il faut. On lit les desseins pour la petite tire sur un chassis, au haut duquel, et dans une
petite tringle de bois ou de fer, on enfile autant de bouts de ficelle un peu ronde, qu'il y a de
cordes au rame, ou de cordes indiquées au dessein. Chacune de ces ficelles doit avoir près d'un
pié de longueur : on enverge les ficelles de façon qu'une boucle sur la tringle, ne se trouve pas
avant l'autre, mais de suite et conforme à l'envergeure : on attache au bout de chaque ficelle
autant de cordes fines, comme celles de semple, et bouclées comme les arcades, qu'il y a de
cordes à tirer à chaque lac : on lit le dessein à l'ordinaire, et on prend autant de cordes fines entre
ses doigts qu'il y a de cordes à tirer sur la ligne transversale ou horisontale du dessein ; cette ligne
finie, on noue ensemble toutes les cordes qui ont été prises, et on en commence une autre, en
continuant jusqu'à ce que le dessein soit lû. La différence de la petite tire d'avec la grande, est que
dans cette derniere le lac seul arrête, au moyen de l'embarbe, toutes les cordes de semple que la
tireuse doit tirer, sans que pour cela il soit besoin de plus de cordes de semple ; au-lieu que dans
la petite tire il n'y a point de lac, mais autant de cordes de semple, telles que nous les avons
indiquées, qu'il y a de cordes à tirer au dessein. Lorsque le dessein est lû on le détache du chassis,
les cordes étant toujours enfilées dans la tringle : on passe si on veut une envergeure en place des
deux baguettes qui tenoient les ficelles rondes envergées : on détache les parties de cordes
attachées à la ficelle ronde, et chacune de ces parties est attachée de suite à une corde double qui
est gancée : on donne le nom de collet ou tirant à cette corde double, à la corde de lame, ayant
soin de faire passer chacune des cordes gancées dans un petit trou qui est fait à une planche
percée, dont la quantité est égale à celle des cordes gancées, et distribuée de façon que chaque
trou soit placé perpendiculairement à la corde ou à la gance qui tient la corde de rame : on égalise
bien les cordes gancées, dont le noeud, avec la partie des cordes qui y sont attachées, est arrêté au
petit trou de la planche, et empêche la corde de rame de monter plus haut que la mesure que
l'attacheur aura fixée. Lorsque toutes ces cordes gancées sont arrêtées et ajustées, on prend
séparément et de suite, toutes les parties de cordes qui ont été nouées par le bas à mesure qu'on
lisoit le dessein, et on attache chaque partie à une corde un peu grosse et forte, laquelle étant
doublée et passée dans une grande planche, après l'avoir été précédemment dans un bouton fait
exprès, dont les deux extrêmités nouées ensemble la retiennent au bouton, et dans la boucle qui se
trouve par la doublure de la corde, dont la longueur est de 15 à 16 pouces plus ou moins : on y
passe la quantité de cordes qui ont été lues et choisies pour composer le lac, et on les arrête
fermes pour qu'elles soient fixées et ne glissent pas ; quelques ouvriers les entrelacent avec la
corde doublée de façon qu'elles ne peuvent pas glisser. Il faut observer que la grande planche
d'enbas doit avoir autant de trous que la planche du haut, qu'elle doit être infiniment plus grande,
et les trous de même, tant parce que la corde double est plus grosse que la corde gancée, que
parce qu'il faut que le bouton soit rangé et de suite, ayant soin quand on les attache, ou qu'on
attache les cordes doubles aux cordes fines de semple, de suivre le même ordre qui a été observé
en attachant les cordes gancées, et que ces dernieres soient relatives avec les grosses et rangées de
même. La différence de la grande et de la petite tire étant démontrée, quant au montage de
métier, il s'agit de faire voir quelle est son utilité. Pour travailler une étoffe à la grande tire, soit
courante soit brochée, il faut que la tireuse perde un tems pour choisir ou trier la gavassine qui
tient le lac ; il faut prendre ce lac dans les fils duquel, ou entrelacemens, sont contenues les
cordes qui doivent être tirées. Second tems. Il faut enfin prendre ces cordes et les tirer. Troisieme
tems, pour un lac seul, qui est peu de chose dans une étoffe brochée, parce que tandis que
l'ouvrier broche ou passe les espolins du lac tiré, la tireuse choisit sa gavassine et son lac, ce qui
empêche le retardement de l'ouvrage ; mais la chose devient différente dans une étoffe courante,
où il faut aller vîte et ne faire ni ne perdre de tems. On lit encore les desseins à la réduction, mais
cette méthode, outre qu'elle est un peu plus pénible, ne sert qu'à épargner les cordes des lacs, et
ne fait pas mieux ni plus mal. Le bouton supplée à ce défaut de deux façons : 1°. la tire va plus
vîte, et il n'y a aucun tems à faire. 2°. l'ouvrier placé sous la grande planche, tirant son premier
bouton de la main droite, choisit le second de la gauche, et sitôt qu'il laisse aller le premier, il tire
le second, ainsi des autres : ce qui fait qu'on peut avec le bouton, faire le double de l'ouvrage
qu'on feroit avec la semple ; l'usage des boutons n'étant destiné que pour les étoffes courantes.
V
VALET, Accessoire utilisé au cours du piquage en peigne
VALET, Arrêt à ressort servant à fixer la position du cylindre de la mécanique aussitôt qu'il a
opéré son quart de tour
VALET, (Soierie) espece de liteau, garni d'une cheville pour arrêter le battant en arriere quand
on broche, et faciliter le passage des espolins. Il y a encore le valet de l'arbalete du battant ; c'est
un morceau de bois servant à tordre la corde qui forme l'arbalete ; et le valet de derriere qui sert à
soutenir le poids, ou la bascule qui tient la chaîne tendue.
VAUTOIR, rateau répartissant les fils au moment du pliage de la chaîne.
VÉNITIENNE, s. f. (Soierie) étoffe d'abord fabriquée à Venise, et ensuite imitée en France. Il y
en a d'unies, de façonnées, avec de l'or et de l'argent, ou seulement avec de la soie ; c'est une
espece de gros-de-tours, dont la tissure est extrêmement fine
VERGE, instrument du métier des étoffes de soie ; la verge est une broche de bois, ronde et bien
unie, on s'en sert à divers usages pour le métier des étoffes de soie ; elles sont toutes de la
longueur de 2 piés et 1/2 environ.
VERGE, Voir Canne d'enverjure
VERGUIER, traverse inférieure ou supérieure, en bois, d’un cadre à lisses
VERGET, Tringlette en fer plat, supérieure ou inférieure, sur lesquelles sont enfilées les mailles
sur un cadre.